Credit Suisse © Getty

Credit Suisse: l’action rebondit après l’aide la banque centrale

Les investisseurs ont fait remonter en flèche le cours de l’action Credit Suisse après la bouée de sauvetage de plus de 50 milliards de francs lancée par la banque centrale au géant bancaire pour rassurer les marchés mondiaux.

Jeudi, à l’ouverture de la séance, le titre Credit Suisse bondissait de plus de 30% dans un fort volume d’échanges. 

La veille, l’action avait essuyé la pire séance de son histoire après un mouvement de panique suite aux déclarations de son premier actionnaire, la Banque nationale saoudienne. L’action avait touché un plus bas historique à 1,55 CHF. 

Pour arrêter le mouvement de panique, Credit Suisse -qui fait partie du club très restreint des banques dont on juge qu’elles jouent un rôle tellement important qu’on ne peut pas leur laisser faire faillite – a annoncé en pleine nuit en Europe qu’elle allait faire appel à la banque centrale suisse pour emprunter jusqu’à 50 milliards de francs suisses (50,7 milliards d’euros) afin de « renforcer de manière préventive » ses liquidités.  Elle va également procéder à une série d’opérations de rachat de dette pour environ 3 milliards de francs suisses

Propos rassurants et tardifs

Plus tôt dans la soirée de mercredi et après une journée d’un étonnant silence, la Banque centrale suisse et le gendarme des marchés financiers suisses (Finma) ont assuré que les finances de la banque étaient solides et répondaient aux strictes critères de la réglementation bancaire. La banque centrale s’était alors dite prête à laisser Credit Suisse accéder à des liquidités « en cas de besoin ».

Les deux régulateurs ont aussi estimé « qu’il n’existe aucun risque de contagion directe entre les problèmes auxquels sont confrontés certains établissements bancaires aux États-Unis et le marché financier suisse ».

La banque centrale et la Finma ont souligné que les banques suisses sont soumises à des « exigences strictes en matière de fonds propres et de liquidités », estimant que Credit Suisse « satisfait » ces exigences.  Elles sont plus élevées pour des banques comme Credit Suisse dans la mesure où il s’agit d’une banque dite d’importance « systémique »

Petite phrase grands effets

Tout a commencé mercredi matin avec une déclaration du président de la banque saoudienne. La banque est le principal actionnaire de Credit Suisse, depuis qu’elle est venue à son secours en novembre, avec une participation juste en-dessous de 10%. Ammar al-Khudairy a déclaré que sa banque ne comptait « absolument pas » investir davantage dans le Credit Suisse, insistant que le frein était essentiellement réglementaire.

Un franchissement de seuil au-delà de 10% impliquerait d’obtenir l’aval de la Finma, l’autorité de surveillance des marchés en Suisse. 

Bien qu’il se soit dit très satisfait du projet de restructuration de Credit Suisse, ses propos ont déclenché un mouvement de panique sur le titre dans un marché très inquiet des risques de contagion après la faillite de la banque américaine SVB. 

L’action a perdu jusqu’à 30% de sa valeur durant la séance, touchant un nouveau point bas historique à 1,55 francs suisses, pour finalement clôturer en baisse de 24,24%. Il s’agit de la pire séance de son histoire, la chute étant encore plus marquée que durant les séances agitées de la crise financière de 2008. 

Au-delà des Alpes

La chute de l’action de Credit Suisse a déclenché mercredi des mouvements allant bien au-delà de la Bourse suisse. Le département au Trésor a dit surveiller la situation et être en contact avec ses homologues des autres pays.

« Après la volatilité extrême du cours de l’action hier, les autorités suisses ont offert leur soutien. C’est un signal fort et important », a réagi Andreas Venditti, analyste chez Vontobel dans un commentaire de marché.  « Nous espérons que ces mesures vont calmer les marchés et arrêter la spirale négative », a ajouté l’analyste. 

L’action a perdu plus de 87% de sa valeur depuis la faillite en mars 2021 de la société financière britannique Greensill qui avait marqué le début d’une série de scandales qui ont fragilisé la banque. 

Contenu partenaire