Gorik Van Oudheusden, alias Zwangere Guy, «gamin de MTV», écoute du rap depuis ses 11 ans. Une passion dont il a fait son métier. Même si, assure-t-il, «c'est dangereux de gagner sa vie dans la musique». © DR

Zwangere Guy

Zwangere Guy avait dévoré Gorik, un gars qui boit, se drogue, fout la merde (entretien)

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Il donne son interview juste en face de sa boutique, à L’Archiduc. L’un de ses bars préférés, qui était aussi celui de «tonton» (Arno). «Il est dans mon cœur.» La veille, sa nuit s’est prolongée tard à Watou, en Flandre-Occidentale, où il a chanté pour la première fois entouré de musiciens. Au réveil, il a avalé «deux tartines et un yaourt» et, sur la route vers Bruxelles, écouté Nas. Ce 23 novembre, en total look Arte, sneakers et bob d’hiver, Zwangere Guy n’est pas fatigué, ça se voit. Il est affamé – Dis, son manager, veille à le nourrir comme un père attentionné – et joyeux. Il rit, s’esclaffe souvent. On croise sans peine son regard brillant et curieux. «Je vis mon rêve, mais, au fond, rien n’a changé, j’ai toujours peur de perdre les gens que j’aime», confie-t-il au cours de l’interview, dans un mélange de néerlandais, de français, d’anglais. Il n’est pas vollenbak, pas déchaîné, provoc. «Je ne vais pas chier sur le système à chaque album.» Et puis, «la réponse est dans mes chansons».

Surgissant là où on ne l’attend pas, il a mis sa déprime en musique, durant la période où il était au plus mal: un album, Pourriture noble, composé avec le batteur jazz Lander Gyselinck, qui n’est plus tout à fait du rap ni vraiment du jazz. L’alcool, la came et une rupture, des ruptures amicales, aussi. «J’ai compris que j’étais une machine à m’autodétruire. Zwangere Guy avait dévoré Gorik, un gars qui boit trop, se drogue, fout la merde.» Il a arrêté l’alcool depuis plusieurs mois et l’amoureuse est revenue. «On sait maintenant comment je pense, alors, à présent, j’ai envie de créer.» Avec une modeste devise d’artisan: «Ne pas aller haut, mais aller loin.»

Avec Stikstof, son projet jazz, mené avec Paolo, un de ses meilleurs amis «sans qui je ne serais plus là».
Avec Stikstof, son projet jazz, mené avec Paolo, un de ses meilleurs amis «sans qui je ne serais plus là». © belga image

Deux heures d’entretien avec Zwangere Guy – et Gorik van Oudheusden, aussi, au fond –, c’est un tourbillon, une succession de sauts en longueur, de coq-à-l’âne. Derrière les rires, il y a sa franchise, sa sensibilité, sa gentillesse, de la rage parfois. Il joue le jeu sincèrement, au point d’être lessivé à l’arrivée. En se quittant, il nous prévient: «Je te le dis, hein, je ne vais pas lire l’interview. Rien à voir avec toi, mais, je m’en fiche, quoi.»

Huit albums en cinq ans, quelle hyperactivité!

Moi, je suis accro à ça. La musique, la scène, c’est ma passion, ma vie. Ce n’est pas un boulot qui me paie, c’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire et qui me permet de vivre. J’avais une idée très exacte de là où je voulais être: là où je suis aujourd’hui. Depuis 2019, je ne dois plus bosser sur le côté. J’avais 29 ans mais déjà quinze années de travail full time dans le bâtiment, dans les cuisines de l’Ancienne Belgique, dans les maisons de jeunes. Dans la musique, j’ai eu le même réflexe, je pensais que je devais bosser beaucoup, comme un cinglé. Je ne suis pas un fainéant et, donc, l’inspiration est venue, très souvent, à tout moment.

C’est facile de chier sur le système et de ne pas apporter de solutions. La musique est devenue ma solution, une de mes béquilles.

Vous ne seriez pas arrivé là si…

Dans la vie, il faut un nid douillet ou de très bons amis. Je n’avais pas le premier et si je n’avais pas eu les seconds, Jazz, Paolo, je ne serais plus là. Je suis entouré d’une très belle famille, pas de sang, mais une famille quand même, animée par le même rêve. Je suis un peu le premier qui réussit à réaliser ce rêve. C’était maintenant ou jamais. Quand je regarde mes héros, certains sont déjà morts: Prince, Michael (NDLR: Jackson), Tupac. La vie est si courte et je veux être un artiste, un vrai.

Ça veut dire quoi se revendiquer vrai artiste?

J’ai compris que pour être un vrai artiste, il fallait développer, explorer, tout son art, tout son corps. Essayer de chercher un équilibre entre la vraie vie et le monde intérieur, celui qui habite son esprit et son corps: ça ouvre à des possibilités infinies. De cette manière, l’artiste peut créer quelque chose qui lui apporte du bien, qui le soulage.

Auriez-vous aimé exercer un autre métier?

Oui, philosophe! Je crois qu’un jour, j’étudierai la philosophie. Vraiment. C’est difficile, très difficile, j’ai des difficultés de concentration et de lecture. Je vais devoir faire preuve de patience! (NDLR: il décroche son smartphone et refuse une demande de la télévision flamande).

Vous déclinez les interviews télévisées?

Je refuse de parler à la radio, à la télévision. Je déteste. Les médias flamands cherchent un Bruxellois qui raconte Bruxelles et pourquoi cette ville est cool. Mon job, ce n’est pas de devenir le symbole de ma ville. Ce n’est pas mon taf. Ce qu’elle est, ce qu’elle vit, se trouve dans mes chansons. Ils cherchent à faire de moi un bekende Vlaming – déjà, je ne suis pas un Flamand, je suis un Bruxellois –, une caricature de moi-même. Mais c’est en partie de ma faute. Je suis impulsif, marrant de temps en temps, grande gueule, mais il ne faut pas me prendre pour un imbécile. En réalité, j’ai peur de la télévision, d’y dire des conneries, de plonger dans le vieux Gorik qui pète un câble, insulte les gens.

Vous affirmez que les confinements vous ont permis d’entrer dans votre zone et de trouver ce que vous vouliez dire.

Non, je suis devenu alcoolo durant cette période. Je me suis rendu compte que, dans ma tête, il y avait pas mal de problèmes. C’est difficile de parler de cette période. Depuis huit mois et demi, je ne bois plus, je ne prends plus de drogues, je fais du sport, je vois un psy, je m’entoure de bons potes. Je suis trop rentré dans le délire de Zwangere Guy, dans un rôle. Zwangere Guy prenait trop de place. Mais Zwangere Guy, c’est aussi Gorik. Finalement, j’en ai tiré des leçons. J’ai compris qu’il ne sert à rien de boire, de se détruire, de se montrer négatif.

Le hip-hop, c’est raconter d’où on vient?

Le hip-hop, c’est toujours ça, c’est aussi y mettre ce qu’on pense. Un beat, pour moi, est un psy qui m’écoute et qui me permet de m’exprimer sans rien dire. Je suis toujours intrigué par ce sentiment que je ressens en studio. Un studio, c’est quatre murs, sans fenêtre sur le monde, sans tes potes, ta famille qui va te dire ce qu’il faut faire. Je peux entrer en moi et être moi-même. Il se crée une zone où je me sens chez moi, où les idées peuvent se développer. Avec Stikstof (NDLR: son projet jazz), nous avions la cave de Paolo, et je m’y sentais en sécurité.

Le rap est-il encore une musique, une culture de révoltés, alors qu’il a conquis toutes les strates de la société?

J’écoute des artistes comme Ronny Wawa, SCH, Damso… Ils viennent de loin, tous ont leur histoire. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de fils à papa parmi eux. Oui, ça naît d’une répression. Mais il est vrai qu’il existe tellement de subgenres à l’intérieur du hip-hop qu’on ne peut plus affirmer que tout ce qui sort vient d’une répression. Drake, par exemple, c’est devenu une espèce de pop, dans le sens de populaire. En revanche, ce n’est pas parce que le hip-hop est la musique la plus écoutée qu’il est devenu comme le rock. D’abord, ce qui a réellement changé, c’est qu’aujourd’hui, tout le monde peut enregistrer dans sa chambre. Ensuite, comme de plus en plus d’êtres humains habitent les villes et que le hip-hop reste une culture citadine, de street, de sape, de dance, il est plus écouté, donc… C’est devenu very hype. Autrefois, avec ma dégaine, on me regardait mal. Bien que dans les patelins flamands, on me dévisage encore…

Nas et son album God's Son ont «changé la vie» de Gorik. Un album dont les textes, qu'il connaît tous encore, lui ont «donné beaucoup de chaleur».
Nas et son album God’s Son ont «changé la vie» de Gorik. Un album dont les textes, qu’il connaît tous encore, lui ont «donné beaucoup de chaleur». © photo news

Vous êtes plus aimé, écouté, à Amsterdam qu’à Anvers ou à Gand?

Ce n’est plus le cas. Les «Flaps» sont prêts, ils ont capté, ils sont dans mon cœur. Aux Pays-Bas, la culture du hip-hop existe depuis longtemps. Chez eux, il n’y a qu’une langue, chez nous, trois. Et tout ce qui vient de Bruxelles, en Flandre, c’est mauvais ; ce qui vient de Flandre, à Bruxelles, on ne l’écoute pas ; et la Wallonie, personne ne sait ce qui s’y passe. On vit tous sur une île. Il faut déjà être très cultivé pour savoir ce qui vit sur les scènes de l’autre côté. Le réel problème reste la barrière de la langue.

C’est d’abord la musique qui vous inspire?

Tout part toujours d’une «prod», un beat(NDLR: un rythme). On oublie que le rappeur a besoin des beatmakers. Chez Stikstof, c’est Paolo qui fait tout. Puis j’ai une vraie pulsion. Ça dure une seconde. Je ne commence jamais à écrire avant. Le message des autres rappeurs m’inspire aussi. Mais je suis quelqu’un très à l’écoute de lui-même. A l’école, on m’a toujours dit que je n’étais pas très intelligent. Le système scolaire m’a fait croire que je n’étais pas assez bien pour faire des maths, de l’histoire et toutes ces merdes, mais une prod m’a déjà démontré le contraire. Quand je regarde ce que j’écris, ce que je veux devenir, comment je vois le monde, ce que je pense… Ouais, j’essaie de philosopher sur une prod. Là, je me rends compte que je ne suis pas si con. Ce système est pourri! Ça craint! Peut-être que s’il n’était pas si pourri, je ne serais pas devenu ce que je suis. Je devrais peut-être en être heureux. Il faut l’observer à partir de différents points de vue. C’est facile de chier sur le système et de ne pas apporter de solutions. La musique est devenue ma solution, une de mes béquilles. Donc, voilà, merci le système!

Sans ces merdes d’Insta, Facebook, de Spotify, sans tout ça, je ne peux pas faire mon boulot. C’est un cercle vicieux.

Votre dernier album, Pourriture noble, contient des chansons sur lesquelles vous ne rappez pas, mais sur lesquelles vous chantez.

Si je me vois comme un arbre, Pourriture noble serait une branche. J’avais déjà mes racines, la base, construites avec mes précédents albums. Pour moi, cet album, c’est une branche, une branche qui n’a pas reçu assez de soleil, mais qui se bat pour survivre. Car cette branche a montré que sans soleil, sans eau, sans attention, elle peut être très belle et fragile.

C’était risqué, cet album?

Je n’y ai pas trop pensé… Expérimenter, n’est-ce pas ce qui fait l’artiste, un chef coq? On n’est pas des docteurs, il n’y a pas de règles. Ce n’est pas une science. Dans ce monde, on est déjà bouffés par trop de règles, alors si je m’en ajoute, ma tête explose. Non, me dire de faire ça parce que c’est sûr, ça va marcher, c’est non. J’ai tout le temps pour créer une extension de Zwangere Guy. Je me considère comme un artiste, pas comme un musicien. J’aimerais réaliser des films, devenir peintre, construire des maisons, des lieux où les gens puissent retrouver leur être intérieur. Je rêve d’aider ma femme, Ella. Elle est psychologue et thérapeute pour enfants. Je rêve de lui construire un centre thérapeutique. C’est aussi une forme d’art.

Vous aviez aussi déclaré que vous vouliez devenir le directeur de l’AB.

Je le dis depuis que je suis gamin. J’ai travaillé de mes 15 ans à mes 29 ans dans le bâtiment. Après les journées de chantier, j’allais faire la vaisselle à l’AB. J’ai aussi bossé à la cuisine, au bar. C’est là que j’ai vu mon premier concert, Starflam, en 2003. J’avais 15 ans. Bref, l’AB, c’était La Mecque! Ouais, je voudrais l’être deux semaines, puis je me barre. Je me booke durant un an et je joue un an gratuitement à l’AB. Ce serait cool!

Pensez-vous que les musiciens sont les artistes les moins bien traités?

La vraie question est: es-tu dépendant ou indépendant du système? J’ai renoncé au statut d’artiste et, avec lui, aux allocations de chômage. Chier sur le système et en profiter, c’est trop facile! Mais non, allez, les personnes les plus mal traitées, ce sont les illégaux, les femmes victimes de la traite des êtres humains. Ouais, la réponse se trouve dans mes chansons. Ecoute.

La musique, c’est une thérapie?

Ce matin, je me suis levé à 7 h 15, j’ai mangé deux tartines, un yaourt et, sur la route, vers Bruxelles, j’ai écouté l’album qui a changé ma vie: God’s Son de Nas. A l’aller, j’avais écouté Bitches Brew de Miles Davis. Et je me suis dit que j’écoutais cette musique quand j’avais 14 ans. Tous ces textes, je les connais encore et ce qu’ils disent m’a donné beaucoup de chaleur, éduqué à ce qu’était la vie. Ils m’ont ouvert un autre monde. Et y avait pas d’Internet, hein, rien. Mais, dis-moi, les plus beaux moments de nos vies, il y a toujours de la musique, une chanson qui les accompagnent, non? J’ai tellement eu de moyens, de raisons de pleurer dessus.

© National

Quel a été votre premier contact avec la musique?

Dans la voiture de mes parents, sans doute. Dans ma famille, personne ne faisait de la musique ou est allé à l’académie. C’est comme ça quand on vient d’une famille d’ouvriers. Je n’utilise pas le terme «marginal», ça ne l’était pas et je suis heureux d’avoir ces racines-là. C’est ce qui a fait que j’ai commencé à écouter du rap à 11 ans et que je chéris ma liberté. Et puis, je suis un gamin de MTV. Je crois que j’avais 10 ans et la chaîne nous montrait ce qui se passait dans le monde, tous ces clips, tous ces rappeurs.

Comment a commencé votre attirance pour le hip-hop?

C’est mon oncle, le frère de ma mère. Nous n’avons que neuf ans de différence. J’avais 10 ou 11 ans, il me donnait des cassettes et des CD de Cypress Hill, Ice-T, Red Hot Chili Peppers, The Offspring, Rage Against the Machine… J’ai grandi à trois cents mètres du premier Mediamarkt de Belgique, à Ganshoren. A 14 ans, on y passait nos journées. Sur place, on pouvait écouter tout un album. Un pote travaillait là et il collait des stickers sur les CD qu’on voulait: 4,99 euros sur un CD de vingt balles. On allait aussi chez Music Mania, mais les bacs de CD étaient placés bien trop haut pour moi. Il fallait que mon pote, qui avait une tête de plus que moi, me les sorte. On cherchait des vraies mixtapes, assez deep: hip-hop français, Nas, Tupac… Puis mon pote a eu un ordinateur. On pouvait télécharger toute la musique qu’on voulait. Ben, ouais, un CD, c’était vingt balles. C’était tout un monde qui s’ouvrait. Cette culture m’intriguait tellement.

Un beat, pour moi, est un psy qui m’écoute et qui me permet de m’exprimer sans rien dire.

A quel moment prenez-vous la plume pour écrire vos textes?

A 21 ans. C’est très tard, je trouve. Mais j’ai quitté très tôt l’école car j’avais besoin d’argent. Je n’avais pas d’ordinateur, pas d’argent. A 16 ans, j’ai commencé à habiter seul. Je devais payer mon loyer, ma bouffe. Je travaillais six jours sur sept, de 7 heures à 18 heures et le samedi, de 7 heures à 15 heures. Le dimanche, j’allais chez les potes, je fumais des spliffs comme un vieux toxico et je vendais de la came. Il n’y avait pas d’espace pour la création. Je ne savais même pas que c’était possible. Ici, en Belgique, je n’avais pas d’exemple. J’écoutais du vieux jazz, du small town, du Stevie Wonder, Cypress Hill, pas mal de rap français. Ce n’est qu’à 21 ans que j’ai commencé à écouter du rap néerlandophone. C’est là que je me dis, oublie l’anglais, le français.

Avez-vous pensé chanter en français ou en anglais?

Oui, et après deux phrases, c’était fini! Le néerlandais est ma langue maternelle. Je crois que je ne serai jamais plus fort en français ou en anglais. Je fais de la musique pour moi, pas pour me faire comprendre en Angleterre ou aux Etats-Unis. Et j’y dirais quoi?

Bruxelles aurait pu vous dévorer, vous plonger dans la délinquance?

Cette ville est dangereuse, elle peut me manger. Mais je l’adore. C’est vrai, elle est difficile, difficile à aimer. Il n’y a pas de mer, presque pas de nature. Le plus grand parc est la propriété d’un imbécile, du roi, là… En vélo, t’es une merde. Le transport public est trop cher. Les dix-neuf communes qui font à leur tête. Puis, il y a trop de politiciens. Ça tourne carré. Et voilà, je chie sur le système…

Mais vous avez de la tendresse, un attachement profond à l’égard de Bruxelles.

Ouais, et je l’exprime à travers mes chansons. Mon père habitait Schaerbeek, mais, moi, j’ai vécu à Ganshoren, à Jette, à Molenbeek… Je suis de Ganshoren, Jette, Molenbeek, des Marolles et de Schaerbeek. Tout en même temps. Allez, je ne suis pas là pour vendre mon boulot. Je m’en fous. Pour moi, Bruxelles est comme une titulaire. Punt.

A votre âge, on pense à la transmission. On vous a déclaré leader de la nouvelle génération…

Le succès ne tombe pas du ciel. J’ai travaillé jour et nuit pendant treize ans. J’écris tous les jours, quand je suis sur le pot, sous la douche… Tout le temps, je suis occupé à créer, à tomber, à essayer de décrypter ce qu’il se passe et, par hasard, je suis un rappeur. Si j’étais né ailleurs, je ne serais pas rappeur, mais j’exercerais une autre forme d’art. Ce que je souhaite aux jeunes, c’est une ville propre, un air propre… C’est dangereux de gagner sa vie dans la musique. D’un coup, tout change. J’essaie de leur expliquer que ça n’arrive pas comme ça.

Etre au sommet, c’est ennuyeux, dites-vous.

Ouais. On ne me laisse pas tranquille, quoiqu’à BX, ça va. Tu vois, à cause d’Instagram, Facebook, de ce que je livre dans mes chansons, les gens pensent qu’ils connaissent Gorik. «Eh, Gorik, une photo. Gorik, eh Gorik»: ça c’est difficile. C’est le prix que tu paies. Avant, c’était un autographe, une signature. Aujourd’hui, c’est une photo qui est partagée. Mais sans ces merdes d’Insta, Facebook, Spotify, je ne peux pas faire mon boulot. C’est un cercle vicieux. Dans ce contexte, c’est difficile de n’être qu’un artiste.

Vos textes, c’est aussi de la politique?

Je ne me vois pas comme un politicien. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Mais oui, sans doute. J’hésite à aller dans des festivals dans les pays où les politiques sont d’extrême droite. Tu gagnes quoi à faire ça? Finalement, c’est ce qu’ils veulent, ces racistes, ces fascistes, que toi, des gens comme moi, ne viennent pas. Alors c’est le racisme, le fascisme qui gagnent. Et moi, j’ai un problème avec eux, avec les racistes, les fascistes. Je les déteste! (Silence). On arrête, dis, parce que je commence à avoir des difficultés à me concentrer… Je vais dire des conneries.

Bio express

1988 Naissance, à Uccle, le 10 mai.

1998 Découvre le rap, le hip-hop, grâce à son oncle maternel.

2002 Arrête l’école et devient apprenti en construction.

2010 Naissance de Stikstof, sa famille choisie, composée de Jazz (Jasper De Ridder) et d’Astrofisiks (Paolo Rietjens), assisté en live de DJ Vega.

2016 Premier album avec Stikstof, intitulé Stikstof, suivi, en 2021, de Familie boven alles, puis, en 2022, de Moeras.

2017 Premier album solo, Zwangerschapsverlof (congé de maternité) vol. 3.

2019 Deuxième album, Wie is Guy.

2019 Six mois plus tard, Brutaal.

2020 Troisième album, BrutXXL.

2022Pourriture noble, en collaboration avec le batteur jazz Lander Gyselinck.

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