Changer d’opinion serait-il devenu sacrilège? © getty images

Pourquoi voulez-vous toujours avoir raison ? Eloge du doute

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Pourquoi est-on toujours si soucieux d’avoir raison? Pourquoi est-on si peu enclin à changer d’avis après un débat? Agrégé de philosophie, Gilles Vervisch explore ce large domaine de questionnement dans le savoureux Etes-vous sûr d’avoir raison? (1). Il examine d’abord d’où viennent nos certitudes et constate qu’elles sont rarement forgées au terme d’une étude du pour et du contre, de l’écoute de différents points de vue et de l’examen de preuves. Car, comme l’a théorisé l’effet Dunning-Kruger, du nom de deux psychologues, «plus on est ignorant [d’une question], plus on est sûr d’avoir raison». En effet, «quand on s’y connaît, ne serait-ce qu’un peu, dans un domaine, on mesure le puits sans fond de connaissances qu’il reste à acquérir».

(1) Etes-vous sûr d’avoir raison?, par Gilles Vervisch, Flammarion, 224 p.
(1) Etes-vous sûr d’avoir raison?, par Gilles Vervisch, Flammarion, 224 p. © National

Gilles Vervisch traite ensuite quelques thèmes polémiques d’actualité – de «#MeToo est-il allé trop loin?» à «Les vaccinés ne sont-ils que des moutons?» – pour démontrer que la réponse à une problématique n’est jamais blanche ou noire. Exemple avec le wokisme. A ceux qui le combattent, il rétorque: «C’est vrai que trois cents ans d’esclavage et cent ans de ségrégation, ça ne fait pas tant de mal que ça, et si l’on estime qu’aucun “tort” n’a été subi, on ne voit pas bien pourquoi il faudrait les réparer.» Et ceux qui, au contraire, l’érigent en religion, il les renvoie à la futilité de vouloir changer Blanche-Neige en une latino et les sept nains en créatures magiques, pour ne pas offenser les personnes de petite taille, alors qu’on ne s’émeut pas de continuer à raconter cette «putain d’histoire arriérée» sur «une jeune fille qui attend le prince charmant pour s’en sortir dans la vie».

Conclusion: «Personne n’est plus dangereux que celui qui est sûr d’avoir raison.» Donc, la pire punition pour un djihadiste n’est pas la prison ou la peine de mort, c’est de l’enfermer avec quelqu’un qui n’est pas d’accord avec lui.

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