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Le Fuse autorisé à rouvrir sous certaines conditions: « Nous craignons de devoir fermer »

Bruxelles Environnement a décidé de revoir les conditions imposées au Fuse, la boîte de nuit bruxelloise ayant proposé de déménager endéans les deux ans, a-t-il annoncé mercredi. Le Fuse est autorisé à rouvrir deux jours par semaine jusqu’à 7h du matin. Dans deux ans, les activités du club devront scrupuleusement respecter l’arrêté bruit .

D’ici là, des conditions sont imposées pour réduire les nuisances sonores et pour donner le temps au Fuse d’effectuer des travaux ou de déménager.

   Le Fuse, mythique boîte de nuit bruxelloise, avait décidé, il y a près de deux semaines de fermer ses portes après les plaintes d’un voisin jugeant l’établissement trop bruyant et une décision de l’Inspection de l’Environnement à la suite de celle-ci stipulant que le niveau sonore ne peut excéder 95dB et que le club doit fermer ses portes à 2h du matin. Quatre autres litiges avec d’autres riverains avaient précédemment pu être résolus à la suite d’une conciliation.

   Selon Bruxelles Environnement, les conditions imposées à la boîte de nuit bruxelloise ont été revues, « le Fuse ayant proposé de déménager endéans les deux ans ». « Dans deux ans, les activités du Fuse devront scrupuleusement respecter l’arrêté bruit. D’ici là, les conditions sont imposées pour réduire les nuisances sonores et pour donner le temps au Fuse d’effectuer des travaux ou de déménager, proposition que le Fuse a faite », a précisé mercredi l’opérateur bruxellois chargé de l’amélioration de la qualité de la vie au sein de la capitale et de faciliter la transition vers une société plus écologique.

   Les conditions imposées sont de plusieurs ordres. Ainsi les niveaux de bruit tolérés varieront en fonction des heures et de la fréquentation. La diffusion de son amplifié est désormais limitée au rez-de-chaussée et au 1er étage (pas au 2ème étage). L’établissement pourra ouvrir à certaines heures et à raison de deux jours par semaine avec un maximum de 90 événements par an, de 23h à 7h du matin.

   Ces conditions ont été fixées à la suite de plusieurs éléments évoqués par Bruxelles Environnement, dans un communiqué. Le Fuse compte donc déménager d’ici deux ans, les travaux acoustiques nécessaires pour respecter l’arrêté bruit ne sont, selon le Fuse, pas réalisables sans mettre en danger la stabilité du bâtiment et sa viabilité financière. Le Fuse considère que la première décision de Bruxelles Environnement implique une fermeture totale. Or le but poursuivi n’était pas que l’établissement ferme mais que les niveaux sonores subis par les riverains soient réduits, d’où les adaptations annoncées mercredi.

   Cette décision de Bruxelles Environnement intervient alors que des discussions sont entamées depuis 2014 avec le Fuse à la suite de dépassements réguliers des normes de bruit. « Or, l’ordonnance relative au son amplifié impose aux responsables d’établissements ouverts au public de prendre les mesures utiles pour que les bruits liés à l’exploitation ne troublent pas la tranquillité ou la santé des riverains », a encore justifié l’organisme public de l’Environnement.  Toujours selon celui-ci, un suivi régulier sera effectué. Le Fuse devra lui communiquer régulièrement les niveaux de bruit enregistrés à l’intérieur comme le prévoit l’arrêté « son amplifié ». « Par ailleurs, le Fuse a chargé un expert de faire des propositions pour le placement des enceintes afin de réduire les nuisances. Les conditions pourraient être adaptées selon les mesures prises ». « L’enjeu est de trouver un équilibre entre le dynamisme économique et culturel de la vie bruxelloise et le bien-être des habitants », a encore affirmé Bruxelles Environnement.

Le Fuse a réagi mercredi soir en indiquant que « ces conditions très restrictives ne correspondent pas à ce que nous avions proposé et à ce que nous pensions avoir été accepté au cours des discussions avec Bruxelles Environnement. » Le club souligne, notamment, que les décibels devront être inférieurs à 95 (un niveau déjà considéré comme insuffisant par le Fuse) durant les premières et dernières heures d’ouverture.  « Nous allons essayer de fonctionner avec ces niveaux mais nous craignons de devoir fermer car il ne sera pas possible de travailler (dans ces conditions, ndlr) », souligne encore la boîte de nuit.

« Il faut une politique de la vie nocturne à long terme »

La réouverture du Fuse sonne comme un avertissement. Il faut une politique de long terme pour le Fuse et l’ensemble de la vie nocturne bruxelloise, ont affirmé mercredi soir le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Philippe Close (PS) et le secrétaire d’État bruxellois à l’Urbanisme, Pascal Smet (one.brussels- Vooruit). « L’effervescence de la vie nocturne bruxelloise est essentielle à l’attrait de la vie dans notre ville. La brève (heureusement) fermeture du Fuse montre pourtant que l’importance de notre scène nocturne pour nombre de Bruxellois, pour notre image et notre tourisme, est encore trop peu ancrée aujourd’hui dans notre politique. L’intérêt général doit pouvoir coexister avec la défense et la protection de l’habitat », ont estimé les deux mandataires socialistes, dans un communiqué commun.

« La réouverture prochaine du Fuse est une bonne nouvelle et un avertissement. Il faut une politique de long terme pour le Fuse et l’ensemble de la vie nocturne… La réglementation doit être adaptée pour protéger les espaces culturels, tous les niveaux doivent activement prévoir des lieux adaptés pour que la vie nocturne ait aussi sa place dans le Bruxelles de demain. Bruxelles doit rester dynamique! Nous avons construit un Bruxelles où la jeunesse et la culture électronique faisait partie de l’ADN de notre ville, il est de notre devoir de poursuivre dans cette voie », ont-ils encore dit.

Une taskforce pour favoriser une relocalisation

Le ministre bruxellois de l’Environnement, Alain Maron (Ecolo) s’est réjoui, mercredi soir de l’annonce des mesures prises par Bruxelles Environnement augurant une réouverture du Fuse. Il a prédit des démarches en vue de solutions plus structurelles et annoncé qu’il proposera au gouvernement bruxellois de constituer rapidement une task force, conduite par le ministre-président Vervoort, pour soutenir la relocalisation du Fuse dans le centre de Bruxelles dans les deux ans.

« Je me réjouis que le dialogue entre toutes les parties ait permis que la fête puisse reprendre. Nous allons maintenant travailler à des solutions plus structurelles », a-t-il commenté via son porte-parole.  Rappelant que le bruit était la première cause de plaintes adressées à Bruxelles Environnement, il a répété qu’il s’agissait à ses yeux d’un réel problème de qualité de vie et de santé pour les habitants de la capitale.  A ses yeux, les autorités publiques d’une ville/région ont le rôle difficile d’établir des normes équilibrées, tenant compte des activités qui cohabitent dans une ville, puis de les faire respecter. Une vie festive et culturelle pour Bruxelles est aussi constitutive de la qualité de vie en ville.  Le ministre de l’Environnement a encore indiqué que la future taskforce aura pour objectif de « soutenir la recherche d’un lieu qui permette un fonctionnement optimal tout en minimisant les nuisances ». 

La composition proposée pour cette Taskforce serait la suivante: le ministre-président, la Ville de Bruxelles, le ministre de l’Environnement, la secrétaire d’Etat à la Transition Economique, Perspective Bruxelles, Urban, Bruxelles Environnement et, Visit Brussels. Alain Maron souhaite enfin que la Task Force s’inspire notamment des recommandations du Conseil de la Nuit.

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