La Visita au KMSKA ne ressemblera pas à La Visita jouée, ici, à la Collezione Maramotti. © Arianna Arcara

La Visita: Peeping Tom vous emmène au musée

Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

La compagnie Peeping Tom pousse l’hyperréalisme à son paroxysme en s’installant dans un décor réel, le Musée des beaux-arts d’Anvers flambant neuf. Sa Visita, déambulation nocturne à travers les salles et les œuvres, floute toutes les frontières.

Peeping Tom, la compagnie bruxelloise pilotée par Gabriela Carrizo et Franck Chartier, a toujours eu une inclination marquée pour l’inquiétante étrangeté, un ancrage dans le réel qui bascule vers le fantastique, avec la complicité de danseurs aux prouesses physiques hors norme. Il y a un peu plus d’un an, la compagnie faisait l’expérience de sortir son univers des salles de spectacle pour le transposer dans un espace «réel», la Collezione Maramotti, musée d’art contemporain à Reggio Emilia, en Emilie-Romagne (Italie). Dans La Visita, des personnages issus du spectacle Moeder y évoluaient en interaction avec plusieurs œuvres, mais aussi avec le personnel d’entretien et de surveillance du musée, brouillant de manière fascinante les frontières entre le vrai et le faux, le vivant et l’inanimé, l’art et la vie. Cette Visita (1) se réactive prochainement à Anvers, au KMSKA, le Musée royal des beaux-arts enfin sorti de sa longue rénovation.

Faire entrer la danse dans un musée, c’est être confronté à des spectateurs-visiteurs installés à 360 degrés et en mouvement.

Recontextualisation

«En réalité, souligne Gabriela Carrizo, porteuse du projet, l’idée de La Visita est née il y a cinq ans déjà au musée d’ Anvers, qui nous a accueillis comme artistes en résidence. La Visita à Reggio Emilia est venue comme une étape, un essai de travail dans cette recherche hors de l’espace du théâtre. C’est à chaque fois une proposition différente, à partir du matériel qu’on amène de visite en visite et qui se recontextualise dans chaque lieu. Alors qu’ à Reggio, il s’agissait d’un espace blanc, très contemporain, très vide, au musée d’ Anvers, nous sommes confrontés à un espace très rempli – de peintures, de sculptures, de tables… – et déjà plein d’informations. Il y a tout un questionnement sur la manière dont le public circulera et dont les artistes se placeront.»

Car comme ont pu l’expérimenter Anne Teresa De Keersmaeker en se produisant au Wiels ou à la Tate Modern (avec Work/Travail/Arbeid) ou Tino Sehgal dans ses multiples performances, faire entrer la danse dans un musée, c’est être confronté à des spectateurs-visiteurs installés à 360 degrés et en mouvement. Une façon tout à fait différente de donner vie à des personnages, dans le contexte hors du commun d’un musée la nuit.

(1) La Visita, au KMSKA, à Anvers, du 29 novembre au 4 décembre. Peeping Tom est également en tournée avec Triptych, les 27 et 28 janvier à Central à La Louvière, du 29 mars au 1er avril au Vilar à Louvain-la-Neuve, le 26 avril au Concertgebouw à Bruges.

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