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Série (10/10) | D’où vient l’expression « avoir vu le loup »?

Stagiaire Le Vif

Les expressions et les métaphores animalières comme « avoir vu le loup » ont toujours existé dans la langue française. Leurs origines sont parfois troubles, mais elles ont souvent bien des choses à apprendre sur notre histoire.

Les expressions mettant en scène des animaux étoffent, depuis toujours, la langue française. D’abord car, depuis qu’il existe, l’humain vit au contact d’animaux. Ceux-ci lui ont donc servi de source d’inspiration pour illustrer ses propos, comme bien d’autres choses dans son entourage. Tantôt de manière évidente, tantôt de manière plus alambiquée, avec des expressions dont le cheminement a été long et valloné. Quid d’ « avoir vu le loup »?

Première signification : être aguerri, expérimenté

Seconde signification : avoir déjà pratiqué des rapports sexuels

L’origine de cette locution remonte au XVIème siècle. Elle signifiait « être aguerri, expérimenté » se rapportant à la chasse au loup, perçue comme dangereuse, exigeant de l’expérience et du courage. Une connotation sexuelle lui a été greffée au fil du temps, observée dès le début du XVIIIème siècle. Une évolution qui distingue cette locution des autres, puisqu’elle n’a été appliquée qu’aux femmes. Pour les hommes, sa signification originale a perduré.

Si, dans les deux significations, le loup a une posture de prédateur, le genre supposé de la personne concernée par la locution influe sur la façon dont elle vivra l’expérience (de « voir le loup »). Lorsqu’il était question des femmes et particulièrement des jeunes filles, le loup semble toujours avoir eu une symbolique virile et sexuelle, renforcée par la mise en rapport fréquente entre celui-ci et sa queue.

Les expressions animalières, de bons indicateurs de nos vices

Les expressions imagées, ou expressions idiomatiques, disent beaucoup de choses sur les comportements humains : l’évolution des mœurs, les influences des langues les unes sur les autres… Les rapports entre les humains et les animaux aussi, dans le cas des expressions animalières. C’est pourquoi il est parfois si difficile de déterminer l’origine d’une expression ou d’une locution avec certitude.

En conséquence, il est logique de retrouver dans ces expressions les biais sexistes qui ont perduré à travers l’histoire. Le cas des expressions animalières en est un exemple flagrant : celles renvoyant à un animal féminin ont beaucoup plus tendance à être sexualisantes et/ou péjoratives : la vache, la dinde, la morue, la poule, la biche, la chatte, la chienne, la tigresse, la levrette…

S’il y a évidemment des animaux masculins qui portent également une connotation négative (âne, chien, blaireau), nombreuses sont celles qui ont vocation à glorifier : le coq, le lion, le paon, le renard, le loup, le singe… Même le gardon. Ce n’était certainement pas son intention, mais l’écrivain Jean D’Ormesson a d’ailleurs écrit un poème qui s’avère être une réelle démonstration de cette différence de traitements.

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