Le "Benelux est un exemple", se félicitait le Premier ministre Paul-Henri Spaak. © BELGAIMAGE

Le 1er janvier 1948, le Benelux devient laboratoire de l’Europe

Le commerce n’a pas pour seul but d’apporter la prospérité ; il sert aussi à prévenir les conflits. En octobre 1943, Belges, Néerlandais et Luxembourgeois signent une convention monétaire « Benelux » puis en 1944 une convention douanière. Cette dernière n’entre en vigueur que le 1er janvier 1948, après la seconde guerre mondiale.

La nouvelle ne fait pas la Une des journaux. C’est logique: l’entrée en vigueur d’un texte juridique n’a rien de très photogénique. On se doute aussi que la mise en application de ces conventions posera moult difficultés. Finalement, ce n’est qu’avec le temps que leur caractère historique apparaîtra. Leur dimension pionnière aussi: car en créant cette union douanière, les membres du Benelux anticipent ce qui se fera un jour à un niveau plus large. Et apparaissent comme un laboratoire de la construction européenne.

Il faut connaître l’histoire pour saisir la portée de l’événement, et se rappeler qu’avant d’être voisins, Néerlandais, Belges et Luxembourgeois furent d’abord rivaux. Ennemis même. En 1830, en faisant sécession, les Belges rendent leurs voisins du Nord fous de rage. Dans la foulée, ils votent un décret constitutionnel excluant, ad vitam æternam, tout membre de la famille d’Orange-Nassau de l’exercice du pouvoir. Le contentieux ne disparaît pas du jour au lendemain: dans l’entre-deux-guerres, Belges et Néerlandais se disputent encore des parcelles de territoire. Avec les Luxembourgeois, ce n’est pas mieux: en 1918, dans les négociations d’après-guerre qui se tiennent à Versailles, les Belges revendiquent rien moins que l’absorption de leur petit voisin!

Alors que la Seconde Guerre mondiale bat son plein, de nombreux dirigeants préparent l’avenir. Surtout sur le plan économique. C’est un classique de l’histoire des peuples: le commerce n’a pas pour seul but d’apporter la prospérité ; il sert aussi à prévenir les conflits. A Londres, c’est tout naturellement avec leurs principaux partenaires commerciaux que les Belges discutent. L’idée d’une coopération économique belgo-franco-néerlandaise est déjà sur la table. Mais le projet est trop ambitieux.

Plus modeste: en octobre 1943, Belges, Néerlandais et Luxembourgeois signent une convention monétaire « Benelux ». Un accord essentiellement technique, qui permet d’établir un taux de change fixe entre les monnaies. Ce petit pas en appelle d’autres. Le 5 septembre 1944, les représentants des mêmes Etats signent une convention d’union douanière, avec le rêve de former une véritable union économique. Mais si Bruxelles vient d’être libérée, la guerre n’est pas terminée. Tandis que la Belgique s’enfonce dans la bataille des Ardennes, les Allemands pillent les Pays-Bas jusqu’en mai 1945. Ratifiée à l’été 1947, la convention n’entre en vigueur que le 1er janvier 1948.

Le Premier ministre Paul-Henri Spaak se montre emballé: le « Benelux est un exemple, déclare-t-il à la presse. C’est, avec le plan Marshall, le seul effort de coopération économique constructive fait depuis la libération. » Dans les faits, le bilan est plus contrasté. Certes, l’unification des tarifs postaux et la suppression des droits de douane sont actés. Mais aux frontières, les voitures demeurent contrôlées, et de nombreux obstacles subsistent à la libre circulation des marchandises. A l’instar de l’Union européenne, c’est par petits pas que le Benelux se fera.

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