Wavre comme Ottignies - Louvain-la-Neuve concentrent des activités qui rayonnent en dehors de leurs territoires respectifs. © Hatim Kaghat

Wavre et Ottignies-Louvain-la-Neuve: deux pôles rivaux… qui se stimulent

Le Vif

Idéalement situées au centre du Brabant wallon et aux portes de Bruxelles, Ottignies – Louvain-la-Neuve et Wavre sont d’importants pôles d’attraction dans plusieurs domaines. Au point d’exacerber la concurrence entre elles ? Plutôt qu’une rivalité, une certaine émulation s’est installée entre ces communes aux profils différents, faisant émerger de nombreux nouveaux projets. Tour d’horizon.

L’une est chef-lieu du Brabant wallon, l’autre accueille la seule université de la province. Voisines l’une de l’autre, Wavre et Ottignies – Louvain-la-Neuve constituent un véritable atout à l’échelle provinciale, mais aussi régionale. Les deux entités sont idéalement situées près de plusieurs grands axes routiers (E411, N4, N25…) et accessibles en transports en commun. Elles concentrent aussi et surtout des activités qui rayonnent en dehors de leurs territoires respectifs.

Ottignies – Louvain-la-Neuve accueille notamment l’université catholique de Louvain, le centre commercial L’Esplanade, le musée Hergé, la clinique Saint-Pierre, une piste d’athlétisme indoor, un parc scientifique qui concentre plus de 250 entreprises et 6 000 emplois… Wavre possède elle aussi un parc d’activités particulièrement dynamique au nord de la ville, concentrant plus de 300 sociétés et 11 000 emplois. En tant que  » capitale « , la cité du Maca accueille les différentes institutions et administrations provinciales en plus de multiples écoles, grandes surfaces commerciales, etc.

A l’échelle de la province, Wavre et Ottignies – Louvain-la-Neuve se distinguent aussi par leur population. Elles figurent non seulement parmi les communes les plus peuplées avec respectivement plus de 34 300 et 31 300 habitants (source : Iweps, janvier 2018), mais elles affichent aussi des densités supérieures à la moyenne du Brabant wallon. Alors que cette dernière s’élève à 367,9 habitants/km2 (source : Iweps, janvier 2019), elle atteint 941,1 habitants/km2 à Ottignies – Louvain-la-Neuve et 816,9 à Wavre.

Au contraire de Wavre, louvain-la-neuve suit un schéma directeur depuis longtemps.

Voilà pour les points communs. Il y a aussi ce qui les oppose. Les deux entités voisines présentent des contextes et des caractéristiques bien différents, notamment en matière de développement.  » En se déplaçant sur la nationale 4, on s’aperçoit vite qu’on est face à deux visions différentes de l’aménagement du territoire pour maîtriser l’attractivité de nos communes « , souligne Cédric du Monceau, premier échevin en charge de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire à Ottignies – Louvain-la-Neuve.  » Le contraste est marqué entre Louvain-la-Neuve qui suit un schéma directeur depuis longtemps et Wavre qui n’en a toujours pas et possède par conséquent un aménagement plus anarchique.  »

Comme le reconnaît Françoise Pigeolet, bourgmestre de Wavre, c’est une absence de volonté politique de la part de ses prédécesseurs qui fait qu’aujourd’hui sa ville ne dispose toujours pas d’un plan global en matière d’aménagement du territoire. La situation est cependant en train de changer et différents outils se mettent en place depuis que Charles Michel, précédent bourgmestre, a commandé une étude stratégique auprès du Bureau Agora il y a quelques années.

Françoise Pigeolet.
Françoise Pigeolet.© Hatim Kaghat

Complémentarité ou concurrence ?

Outre la gestion de l’aménagement du territoire, ce sont aussi les enjeux qui différencient Wavre et Ottignies – Louvain-la-Neuve. Rien qu’au sein de cette dernière, on observe d’ailleurs d’importantes disparités entre Ottignies et Louvain-la-Neuve. Plus ancienne, la première est principalement confrontée à des problèmes de mobilité et de rénovation urbaine, ainsi qu’à la réaffectation de ses anciens sites industriels. Louvain-la-Neuve, quant à elle, a été bâtie dans les années 1970 et est encore en pleine expansion. Elle a l’avantage d’attirer des projets variés et emblématiques, mais en contrepartie doit parvenir à maîtriser la pression des promoteurs et ses prix immobiliers. Ces deux entités sont d’ailleurs si différentes que la question de les séparer en deux communes s’est déjà posée. Cédric du Monceau estime toutefois que la dichotomie a tendance à s’estomper et les deux pôles s’interpénètrent de plus en plus. Il constate aussi que l’émulation entre les deux permet notamment au commerce de se développer à Ottignies malgré la crise .

Cédric du Monceau.
Cédric du Monceau.© Hatim Kaghat

De l’avis d’observateurs comme le sociologue néolouvaniste Jean Remy, l’attractivité et le dynamisme de Louvain-la-Neuve ont aussi des répercussions sur Wavre qui  » réagit positivement au lieu de simplement constater le succès de sa voisine « . Pour ne pas dire envier. Françoise Pigeolet l’affirme : sa ville cherche à être complémentaire plutôt que concurrente avec Louvain-la-Neuve.  » Eu égard à la proximité de cette dernière, Wavre doit valoriser ses atouts et sa spécificité fondés sur le charme d’une ville historique traversée par un cours d’eau, avec un réseau de places et de ruelles hérité du passé, des commerces spécialisés et un marché dynamique « , conclut-elle.  » Nous avons lancé une étude pour l’embellissement du centre-ville qui poursuit exactement cet objectif. « 

Par Marie-Eve Rebts.

Les forces (politiques) en présence

Du vert à OLLN

La commune d’Ottignies – Louvain-la-Neuve est gouvernée depuis 2000 par un bourgmestre Ecolo. En prenant la tête de la commune cette année-là, Jean-Luc Roland est par ailleurs devenu le premier bourgmestre  » vert  » de Belgique. Il est resté en fonction dix-huit ans et a décidé de se retirer lors des dernières élections communales, cédant sa place à Julie Chantry qui a été plébiscitée par les électeurs pour lui succéder. La nouvelle bourgmestre Ecolo dirige Ottignies – Louvain-la-Neuve en coalition avec Avenir (tendance CDH) et le PS. Son équipe se compose de quelques nouveaux venus, mais aussi d’anciens échevins comme Cédric du Monceau ou David da Câmara Gomes.

Wavre toujours bleue

Wavre est dirigée par le MR depuis de nombreuses décennies et le retrait des listes de Charles Michel lors des élections 2018 n’a pas empêché les libéraux de conquérir une nouvelle fois le poste de bourgmestre. C’est en effet Françoise Pigeolet, bourgmestre faisant fonction entre 2007 et 2011 puis de 2014 à 2018 qui est à la tête de la ville. Elle a ouvert sa majorité au PS et le collège est à présent composé de quatre anciens et quatre nouveaux échevins – dont une seule socialiste, Kyriaki Michelis (culture, enseignement, égalité des chances).

Julie Chantry.
Julie Chantry.© Hatim Kaghat

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