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Wallonie : les Liégeois ont-ils tous les pouvoirs ?

Les Liégeois font peur aux autres Wallons. Culture, infrastructure, recherche : ils avancent. Sont-ils trop gourmands ? Notre enquête.

Quelle est la véritable capitale culturelle de la Wallonie ? Liège, évidemment. Avec son université complète, son opéra, son orchestre philharmonique, son théâtre magnifiquement installé dans l’ancien bâtiment de l’Emulation, son futur Centre international d’art et de culture du parc, la ville est bien la digne héritière des Princes-Evêques. Le souvenir de la cour ecclésiastique, artistique et intellectuelle, qui domina la vie locale durant 1 000 ans, est toujours bien vivace. Merci, le Saint-Empire romain germanique ! Pourtant, c’est Mons qui porte le titre de capitale culturelle, tout comme la ville hennuyère a raflé le siège de capitale européenne de la culture en 2015. Le lobbying du Premier ministre a porté ses fruits. Le centre sportif de haut niveau a pareillement filé sous le nez des Liégeois au profit de Louvain-la-Neuve, dans le Brabant wallon cher au ministre des Sports, André Antoine (CDH). « Mais vous aurez le tram », leur a-t-on retoqué ! Trop gourmands, les Liégeois ?

Lors de la création de la Région wallonne (1980), la Ville de Liège a hérité du titre de capitale économique de la Wallonie et, donc, du siège de ses institutions économiques : la Société wallonne d’investissement de Wallonie (SRIW) et la Sogepa (Société wallonne de gestion et de participations). Des organes pluralistes dirigés par des non-Liégeois. Aujourd’hui, le ministre wallon de l’Economie, Jean-Claude Marcourt (PS), est un Liégeois, et il brigue la ministre-présidence de la Wallonie après les élections de mai 2014. Willy Demeyer, bourgmestre de Liège, n’est pas moins déterminé quand il laisse entendre qu’il se verrait bien ministre fédéral. Autre poids lourd, le Liégeois Jean-Pascal Labille qui, en un rien de temps, a réussi à faire son trou à Bruxelles, éclipsant son prédécesseur aux Entreprises publiques, le Carolo Paul Magnette. Avec l’acquisition surprise des Editions de l’Avenir, Stéphane Moreau, patron de Tecteo-Voo, a donné du grain à moudre à tous ceux qui craignent de voir les Liégeois squatter les postes-clés.

La méfiance qui se manifeste de nouveau à l’égard de l’ancienne Principauté a des conséquences dommageables pour celle-ci. Même si le sujet a du mal à percoler vers le grand public, la « supracommunalité », autrement dit la création de « communautés urbaines », plus larges que les communes initiales, est l’une des clés de l’avenir wallon. Le ministre des Pouvoirs locaux, Paul Furlan (PS), y fait souvent allusion. Mais rien n’avance. « La supracommunalité ne verra jamais le jour, décode un homme politique liégeois. Les autres villes ont trop peur que Liège prenne le leadership en tant que métropole. » Liège est, en effet, la seule ville wallonne qui réunit presque tous les critères – dont l’existence d’un coeur historique qui rayonne au loin – lui permettant d’obtenir ce label européen de métropole, dont pourraient découler beaucoup d’aides financières. Ce n’est pas le seul avantage : pour accéder au statut de Région d’Europe aux normes européennes, la Wallonie doit disposer d’une métropole. Sinon Liège, quelle ville ?

Le dossier, dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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