Wallonie : la DPR du MR

Michel Delwiche
Michel Delwiche Journaliste

Charles Michel et Willy Borsus présentent « Il est moins une! », un ouvrage sous-titré « Appel pour le redressement de la Wallonie ». Même si les auteurs s’en défendent, ce catalogue ressemble furieusement à un programme électoral, voire une ébauche de Déclaration de Politique régionale (DPR).

Si le MR devait, comme il le souhaite ardemment, participer à la coalition politique qui, après les élections de mai prochain, dirigera la Wallonie, sûr qu’on retrouvera dans la DPR, la Déclaration de Politique régionale destinée à baliser l’action du gouvernement, bien des accents issus de cet ouvrage d’un peu plus de 150 pages cosigné par Charles Michel, président du MR, et Willy Borsus, vice-président et chef de groupe au Parlement wallon. Un livre qui lance réellement la campagne électorale au niveau régional.

« Non, nous ne sommes pas en campagne électorale, répond Charles Michel, mais ne pouvez tout de même pas nous reprocher d’exprimer les grandes lignes de ce que nous pensons qu’il faut faire. Et non, ce document n’est pas un Plan Marshall 2022 bis. Le Plan Marshall, c’est une déclaration d’intention, une opération de communication. Même si nous pouvons être d’accord avec certains choix qu’il fait. Mais notre ouvrage, c’est avant tout un appel à l’engagement. Nous voulons aller de l’avant et dire que le redressement de la Wallonie, oui, c’est possible. »

30.000 emplois par an

Mais il faut se retrousser les manches, expliquent les deux auteurs, car le redressement wallon passera par la création d’emplois. Il faudrait en créer, net, quelque 30.000 par an (contre 11.500 aujourd’hui) pour lutter contre le chômage et faire face au boom démographique, dans un contexte financier et socio-économique qui n’est pas rose. Et des emplois privés, qui seuls concourent à la création de richesse. Pour y arriver, il faut remettre l’enseignement en phase avec l’économie, généraliser la formation en alternance, promouvoir « l’intelligence des mains », développer la formation continue, booster l’innovation pour créer les produits qui seront, demain, fabriqués chez nous. Il faut aussi simplifier la vie des entreprenants et stopper tout ce qui freine l’initiative. « La Wallonie n’a pas besoin de dirigisme, écrivent les auteurs. Elle n’a pas besoin de cette myriade de structures et d’outils que nous avons multipliés ces dernières années. » Des outils qui sont devenus des fins en soi, « se concurrencent, se neutralisent et finissent par incommoder, entraver, paralyser ce qu’ils sont censés aider ou favoriser ».

Une mesure de ce vaste catalogue est passée un peu inaperçue lors de la présentation du livre: l’élection directe du ministre-président, afin de rendre à l’électeur un rôle décisionnel actif. Question: lequel de vous deux serait appelé à ce poste en cas de victoire électorale? « Nous ne sommes pas en campagne, répète Charles Michel. La question de qui, ou avec qui se posera après le scrutin. Aujourd’hui, nous voulons bousculer le conservatisme. »

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