Michel Delwiche

Wallonie Bruxelles : des haut-représentants très spéciaux

Michel Delwiche Journaliste

La procédure de désignation des « haut-représentants » de Wallonie Bruxelles International (WBI) se termine : un des postes n’a pas trouvé de candidat valable, et les deux autres ne vont pas à d’anciens ministres ou parlementaires (la rumeur avait couru), même si les candidats retenus sont proches du monde politique, et singulièrement du PS.

C’est (presque) la fin d’une forme de bras de fer qui a opposé le double ministre président de la Région wallonne et de la Communauté Wallonie-Bruxelles Rudy Demotte (PS) et le double patron de l’AWEX (Agence wallonne à l’Exportation) et de WBI (Wallonie Bruxelles International) Philippe Suinen. Au printemps 2012, Rudy Demotte avait annoncé la création de trois postes de haut-représentants de WBI à l’étranger qui auraient échappé à la procédure normale de nomination. Des nominations purement politiques donc, comme, à l’époque, celle de Pierre Hazette, ancien ministre MR, à Dakar (Sénégal) ou de Willian Ancion, ancien ministre CDH, à Paris.

Personne pour Bombay

Les trois postes concernent Bombay, en Inde, pour les relations avec les pays émergents; Genève, en Suisse, pour les questions des « droits fondamentaux » de la société de l’information et de l’économie numérique; et New-York, aux Etats-Unis, siège de l’ONU, pour les relations multilatérales. « Si on me demande de signer leur contrat, je ne le ferai pas », avait déclaré Philippe Suinen. Cela lui avait valu en retour la menace brandie par Demotte de lui retirer la délégation de signature. Depuis, les choses se sont apaisées. Rudy Demotte a lui-même proposé d’organiser une sélection plus objective, avec un appel public aux candidatures et une description très précise des postes à pourvoir. Avec aussi un jury, composé des représentants du ministre-président, des trois vice-présidents, de Philippe Suinen et de deux experts extérieurs. Même si le dernier mot devait revenir au gouvernement.

Les appels aux candidatures, publiés au cours de l’été, comportaient une description assez précise des tâches, des compétences requises, et de l’expérience exigée. Ce n’était pas de la petite bière. Pour preuve, aucune candidature valable n’a été retenue pour Bombay au terme de la sélection, fin octobre, tandis que les candidats qui devraient, selon L’Echo, être nommés aux deux autres postes ne sont pas des touristes. Roberto De Primis, 37 ans, qui a été le directeur de cabinet du président du parlement de la Communauté française Jean-François Istasse (PS), est un expert reconnu de la politique américaine et des relations Europe-USA: il ira à New-York. Henri Monceau, chef de cabinet « Technologies nouvelles » de Jean-Claude Marcourt (PS), et responsable de Creative Wallonia, ira à Genève. S’il est, lui aussi, étiqueté PS, cela n’a pas toujours été le cas: cet ancien président de la FEF (Fédération des Etudiants francophones) en 88-89, a en effet été chef de cabinet de la ministre fédérale de la Mobilité Isabelle Durant (Ecolo) de 99 à 2003. Il ira à Genève.

Ce sont des nominations politiques, sans doute, puisque le rôle du gouvernement est de décider, mais l’opiniâtreté d’un haut fonctionnaire, également catalogué PS, a permis de mettre en avant les compétences plutôt que les copinages. C’est un signal encourageant après toutes ces petites affaires et arrangements récents qui ont émaillé l’actualité et contribué à discréditer l’image du monde politique.

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