Philippe et Mathilde au Congo

Visite d’état: Philippe et Mathilde accueillis avec les honneurs à Kinshasa

Le Vif

Le roi Philippe et la reine Mathilde ont été accueillis mardi après-midi avec tous les honneurs possibles à leur arrivée à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo (RDC). Un bataillon de soldats congolais, la fanfare militaire et bien sûr le président Félix Tshisekedi attendaient l’avion belge.

Philippe et Mathilde ont quitté mardi matin Bruxelles pour une visite d’État de cinq jours en RDC. Cette visite royale, la première depuis celle en 2010 d’Albert II, père de Philippe, a été deux fois reportée, en 2020 à cause de la pandémie de Covid-19 puis au début de cette année en raison de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine.

 

Après un vol de huit heures, le Roi et la Reine et la délégation gouvernementale ( le Premier ministre Alexander De Croo, la ministre de la Coopération au développement Meryame Kitir et le secrétaire d’Etat à la Politique scientifique Thomas Dermine) ont été accueillis à l’aéroport international de N’Djili, à la périphérie de la capitale, par le président congolais Félix Tshisekedi et sa femme Denise.

Philippe et Mathilde en RDC

Arrivé au pouvoir il y a quatre ans, il a contribué au dégel des relations entre la Belgique et son ancienne colonie. La relation fut en effet difficile entre les deux pays durant la fin de la présidence du prédécesseur de M. Tshisekedi, Joseph Kabila (2001-2018), critiqué y compris par Bruxelles pour s’être maintenu au pouvoir au-delà de son deuxième mandat, en violation de la Constitution. La coopération avait été un temps suspendue. Mardi soir, un banquet officiel réunira les délégations belge et congolaise.

Le discours attendu du roi Philippe aura lieu demain/mercredi. On s’attend à ce qu’il réitère l’expression de « regret » écrite dans la lettre envoyée en 2020 à l’occasion du soixantième anniversaire de l’indépendance du pays. Il y avait exprimé ses « plus profonds regrets » pour les « blessures » de la colonisation, une première historique. Philippe, qui règne depuis 2013, avait regretté les « actes de violence et de cruauté » commis à l’époque où son ancêtre Léopold II avait fait du Congo sa propriété personnelle (1885-1908), avant le demi-siècle de présence de l’Etat belge dans l’immense pays d’Afrique centrale. Demain, il pourrait aussi y avoir de vraies excuses concernant la période coloniale.

Philippe et Mathilde

Une forte portée symbolique

Cette visite revêt donc une forte portée symbolique. « Il y a eu des regrets, c’est le début d’un nouveau partenariat qui va aller en se consolidant », a estimé lundi soir à Kinshasa devant la presse le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, lors d’un point de presse consacré à cette visite. « Nous n’oublions pas le passé, nous regardons l’avenir », a-t-il ajouté, en se félicitant des « relations raffermies » avec la Belgique, alors qu’elle étaient « par le passé au bord de la rupture ».

« Construire un bon futur »

« Je pense que parfois, pour pouvoir construire un bon futur, il faut affronter le passé », a également déclaré à la RTBF Alexander De Croo, mardi matin avant son départ de Bruxelles pour Kinshasa, en évoquant lui aussi « la lettre tout à fait historique » du roi Philippe.  Aller en RDC et porter « un message en prolongement de cette lettre est un moment très, très important, (…) un moment historique », a-t-il ajouté.

Le passé colonial, avec entre autres la question de la restitution des oeuvres d’art à l’ancienne colonie, devrait de nouveau être évoqué durant ce voyage du roi qui, selon le palais royal belge, veut aussi donner un « nouveau souffle » au partenariat avec Kinshasa. Santé, éducation, formation, protection des forêts… Philippe et son épouse devraient avoir un aperçu des secteurs où s’exerce l’aide au développement. La Belgique est le quatrième bailleur de fonds de la RDC, après les Etats-Unis, le Royaume Uni et l’Allemagne.

Le voyage du roi comprendra trois étapes: Kinshasa d’abord, avec notamment une visite mercredi au musée national et un discours sur l’esplanade de l’Assemblée nationale; Lubumbashi dans le Sud-Est minier, avec une intervention vendredi devant les étudiants de l’université, et Bukavu, dans l’Est, région en proie depuis près de trois décennies aux violences de groupes armés.

Le roi doit visiter dimanche dans un quartier périphérique de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, la clinique du gynécologue Denis Mukwege, colauréat du prix Nobel de la paix en 2018 pour son action en faveur des femmes victimes de viols.

Ce déplacement du roi intervient en plein regain de tension entre la RDC et son voisin le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir une ancienne rébellion réapparue fin 2021 et que de violents combats ont opposée fin mai à l’armée congolaise dans la province voisine du Nord-Kivu. Kigali dément mais M. Tshisekedi a assuré dimanche n’avoir « aucun doute » sur ce soutien.

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