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Violences sexuelles: un jeune homme écrit une lettre ouverte pour raconter le calvaire de sa mère

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

En 2016, Nathalie Huygens était victime d’un viol d’une brutalité inouïe. Dans une lettre ouverte, son fils Wout Van Steenwinkel décrit son calvaire.  » Aucun enfant ne mérite de voir souffrir son parent de la sorte ». La souffrance est telle que Nathalie a récemment demandé l’euthanasie.

Il y a cinq ans, Nathalie Huyghens, aujourd’hui âgée de 49 ans, était brutalement agressée par un homme alors qu’elle faisait son jogging. Tabassée et laissée pour morte, elle souffre toujours de séquelles aujourd’hui. Physiques, mais surtout mentales.

« Aucun enfant ne mérite de voir son parent souffrir de la sorte. J’ai la meilleure maman que je pourrais m’imaginer, et sans les faits de ce matin-là, sa joie de vivre ne se serait jamais éteinte aussi rapidement. Elle a peut-être survécu à cette matinée, mais une partie d’elle repose encore dans le champ où l’auteur de l’attaque l’a laissée sans vie. Le jour où ma mère abandonnera le combat est le jour où l’agresseur aura non seulement violé deux femmes (NDLR : le coupable a également violé et tabassé son ex-partenaire en 2017), mais aura aussi tué une femme très forte », écrit Wout Van Steenwinkel (je rajouterais juste son nom de famille pour ne pas faire trop familier).

Il y a trois ans, l’auteur des faits a été condamné à quinze ans de prison. Récemment, il a demandé au tribunal d’application des peines de lui accorder un congé pénitentiaire, ce qui signifie qu’en cas d’acceptation, il serait autorisé à sortir régulièrement pour se préparer à sa réinsertion dans la société. Cette annonce a incité Wout Van Steenwinkel à prendre sa plume pour dénoncer une remise en liberté trop rapide, selon lui.

Un meurtre mental

« Une victime de violence sexuelle est condamnée à la prison à vie au moment de l’acte. C’est, en quelque sorte, un meurtre mental de la personne que vous étiez autrefois. Ma mère a souvent admis qu’elle aurait préféré mourir ce matin-là. C’est difficile à avouer, mais parfois je pense que ça aurait été plus facile pour ma soeur et moi aussi. Nous pourrions alors au moins faire notre deuil », écrit le jeune homme.

« Ce n’est pas la même personne qui en ressort. Il y a quelqu’un avant et quelqu’un après », dit Nathalie Huygens. « Mais vous êtes dans le même corps, un corps qui a été complètement brisé (…) Il ne devait rien rester de moi », témoigne-t-elle sur la VRT. Malgré le soutien de son entourage et d’une aide psychologique (que pour l’instant elle doit payer de sa poche), elle a entamé la procédure d’une demande d’euthanasie.

« Une telle procédure d’euthanasie est (heureusement) un long processus et même alors, il n’est pas certain que sa demande soit acceptée. Ne sachant pas si ma mère sera encore en vie dans un an ou deux, je vis avec une nouvelle incertitude. Peut-être la plus terrible de tous… », écrit son fils.

Les peines pour viol alourdies

Le 18 mars dernier, le Chambre a approuvé en séance plénière la réforme du droit pénal sexuel. Jusqu’à présent, les délits sexuels étaient considérés comme crimes et délits contre l’ordre des familles et la moralité publique, comme le prévoyait la législation datant de 1867. Les infractions sexuelles appartiendront désormais aux infractions contre les personnes. Ainsi, la notion d’attentat à la pudeur disparait tandis que les notions de viol et voyeurisme sont élargies. L’inceste est également enfin mentionné dans la loi.

Les peines sont adaptées, le viol étant ainsi puni d’une peine de 15 à 20 ans de prison, au lieu de 5 à 10 ans. A l’inverse, dans un souci de proportionnalité, les peines pour voyeurisme sont allégées. Dans certaines circonstances, le juge aura la possibilité de prononcer des peines alternatives à la prison pour les auteurs d’infractions sexuelles.

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