Pierre Havaux

Vent du Nord de Pierre Havaux: Zuhal Demir (N-VA), ministre de l’Environnement et boycotteuse de sommets climatiques

Pierre Havaux Journaliste au Vif

La Flandre se passera de la présence de sa ministre de l’Environnement à deux sommets climatiques d’affilée. Après avoir boudé la COP 27 en Egypte, Zuhal Demir (N-VA) annonce qu’elle passera aussi son tour à la COP 28 programmée en 2023 aux Emirats Arabes Unis. Par sensibilité aux droits humains bafoués dans ces pays hôtes, non par indifférence pour la survie de la planète, assure-t-elle à celles et ceux qui doutent depuis longtemps de son engagement pour le climat.

Elle a tenu à briller par son absence à la dernière COP en Egypte, et se sera ainsi épargné d’avoir à partager sur place la déception ambiante. Elle ne fait pas mystère de son intention de récidiver l’an prochain à l’occasion de la grand-messe programmée aux Emirats arabes unis. Pas plus que Charm el-Cheikh en novembre 2022, Dubaï en novembre 2023 n’aura donc le privilège de recevoir en chair et en os une ministre flamande de l’Environnement, sous les traits de Zuhal Demir (N-VA). Il lui répugne à ce point d’avoir à fouler des sols où sont bafoués les droits humains, en particulier quand ils se conjuguent au féminin, qu’un déplacement pour la cause du climat ne fait pas le poids.

Il lui répugne à ce point d’avoir à fouler des sols où sont bafoués les droits humains qu’un déplacement pour la cause du climat ne fait pas le poids.

Elle assume sans fard ce qui peut passer pour une dérobade un peu facile. Non, elle ne regrette rien, pas même le mal qu’on peut dire d’elle, tout ça lui est bien égal. C’est à l’invitation d’un Vlaams Belang acquis à sa posture que Zuhal Demir est revenue au parlement flamand sur les raisons d’un boycott tout personnel qui n’ était d’ailleurs pas inscrit dans les astres. Une participation à la COP27 était au départ acquise, sinon requise, pour celle qui exerce la présidence de la commission nationale du climat et qui, à ce titre, faisait office de porte-parole de la Belgique au sein du Conseil européen environnement. Mais, aubaine, un accord de principe sur la question des quotas d’émission de gaz à effet de serre, arraché à la mi-septembre par ce que la Belgique compte de ministres du Climat, de l’Energie et de l’Environnement, rendait moins nécessaire une présence physique à la COP et facilitait grandement la décision de déclarer forfait. A aucun moment, assure d’ailleurs Zuhal Demir, son absence n’aura déforcé la délégation belge au sein de laquelle, et la ministre lui en est fort reconnaissante, son alter ego wallon, Philippe Henry (Ecolo), aura dignement comblé le vide.

L’ ancienne militante d’Amnesty International qui sommeille toujours en Zuhal Demir a donc pu aisément prendre le dessus sur un activisme climatique qu’elle cultiverait à doses fort modérées, s’il faut en croire une rumeur tenace. Que la Flandre se soit récemment jointe à une mission commerciale en Egypte, que le ministre-président Jan Jambon (N-VA) ait poussé il y a un an une pointe jusqu’ à l’Expo universelle de Dubaï, n’ont pas ébranlé la détermination de l’ex-secrétaire d’Etat fédérale à l’Egalité des chances qui aime rappeler sa lutte contre les mutilations génitales pratiquées, notamment, au pays des Pyramides.

Tout bien considéré, confesse encore Zuhal Demir, mieux valait éviter tout contact direct avec les autorités égyptiennes et épargner ainsi à la délégation belge un esclandre, incapable qu’elle aurait été de ne pas leur dire sa façon de penser. Et puis, franchement, s’est encore convaincue la ministre, il y avait nettement mieux à faire en Flandre, comme faire œuvre de transition énergétique en bouclant l’épineux dossier Ventilus, que d’aller parader sous le soleil et apporter sa pierre au greenwashing ambiant. C’est que «la vigueur d’une politique climatique ne se mesure heureusement pas au nombre de poignées de main serrées dans un désert mais à la politique que l’on mène soi-même.»

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