Pierre Havaux

Vent du Nord de Pierre Havaux : Zillion, la mythique boîte de nuit des années nonante qui refait fureur au cinéma

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Zillion refait un carton. Comme saisi.e.s par un grain de nostalgie, les Flamand.e.s se pressent dans les salles de cinéma pour (re-)découvrir la flamboyante saga de la célébrissime discothèque anversoise qui a dominé le monde de la nuit dans la Flandre des années nonante. Le film qui affole les compteurs est une plongée dans ce qui fut le temple des excès où sexe, drogue et techno faisaient bon ménage. C’était au temps où beaucoup était encore permis.

Back to the place to be. La Flandre qui s’éclatait et aimait s’ encanailler se souvient. Elle retrouve, la larme à l’œil, les sensations d’un monde de la nuit où était permis, non pas tout mais beaucoup, du moins passionnément et souvent à la folie. Welkom/bienvenue au Zillion par grand écran interposé. La cultissime discothèque anversoise qui a électrisé la Belgique des années 1990 fait un tabac au cinéma. Zillion, en salle depuis quelques jours, y refait tourner les têtes des Flamands, y compris de celles et ceux trop jeunes pour avoir pu fréquenter la boîte mais qui disent a-do-rer ce qu’ils en ont vu au ciné.

Le Zillion ou le haut lieu de la transgression élevé au rang de joyau du patrimoine festif flamand.

17 000 tickets écoulés en prévente par Kinepolis, 132 000 spectateurs en une semaine, le blockbuster US Top Gun: Maverick détrôné: la Zillionmania frappe à nouveau, bercée par un besoin de se prendre une grosse bouffée de nostalgie, celle d’années folles incarnées par ce temple des excès où sexe, drogue et musique électro faisaient bon ménage.

Le Zillion, haut lieu de la transgression élevé au rang de joyau du patrimoine festif flamand, était ouvert voici 25 ans par un certain Frank Verstraeten, un doué de l’informatique qui fait alors fructifier sa fortune vite acquise en ouvrant une mégadiscothèque. 1997-2001, cinq ans à sortir le grand jeu avec pistes tournantes, feux d’artifice, show laser, avant que le rideau ne tombe sur une success story sans happy end puisqu’elle se terminera devant la justice. Exit le Zillion, le lieu est démoli, son fondateur a changé de business. Reste le mythe, l’histoire d’une grandeur et d’une décadence ressuscitée par la magie de la caméra.

L’ avènement du film-événement a été fignolé. La presse populaire s’est chargée de chauffer la salle en faisant revivre en épisodes croustillants la flamboyante saga. Le soir de la «première» a été ponctué par une after party réservée à trois mille invités parmi lesquels le petit monde des BV, les Bekende Vlamingen. Avec, en special guest, Frank Verstraeten lui-même, l’authentique ex-roi de la night que l’on a vu débouler au volant d’une Ferrari rouge immatriculée «Fou 69», son nom de DJ. Pour arroser les retrouvailles, ce fut vin et bière à profusion, danseuses à moitié nues avec serpent autour du cou, tout comme au bon vieux temps. Ce fut ensuite au tour du commun des mortels d’ être de la fête, le temps de deux nuits de reconstitution du Zillion au Waagnatie, port d’attache de l’événementiel anversois, qui a fait salle comble pour l’occasion. Cracheurs de feu, tubes de l’époque assenés par les DJ’s d’alors et ambiance de folie lorsqu’à deux heures du mat’ s’est pointé sur le podium le héros, Frank Verstraeten sapé en costume bleu de fanfare, et que s’abattait une pluie de billets, l’équivalent d’un million d’euros en coupures bidon.

On se calme, tout n’était pas clean, loin de là. L’ épopée du Zillion a eu sa face sombre sous les traits de Dennis «Black Magic» Burkas, alors roi du porno et associé de Frank Verstraeten, organisateur de shows érotiques, les Zundays, et qui tombera pour viols sur mineures. La légèreté avec laquelle le film évoque le personnage est interprétée comme la fausse note. Mais le public ne semble pas lui en tenir rigueur, à voir sa furieuse envie de ne retenir du Zillion que le meilleur.

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