Pierre Havaux

Vent du Nord de Pierre Havaux: l’Open VLD cherche des talents désespérément

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Un jury indépendant aura pour mission de sélectionner de potentiels talents susceptibles d’enthousiasmer l’électeur à l’idée de voter Open VLD.

Ça ne va pas fort en ce moment chez les bleus flamands. Des sondages bof-bof qu’il vaudrait mieux démentir, une perte d’audience électorale qu’il importe de juguler mais dans l’immédiat un gros bobo à soigner. Un naufrage appelé Sihame El Kaouakibi est encore dans toutes les mémoires: le parti avait tellement misé sur cette jeune entrepreneuse à succès d’origine marocaine engagée contre l’inégalité culturelle, jusqu’à débourser plusieurs dizaines de milliers d’euros pour l’embaucher sous le pavillon libéral. Hélas, la députée régionale anversoise très médiatisée a cruellement déçu les attentes, empêtrée qu’elle est dans des soupçons d’usage frauduleux de subsides au profit de son association Lets’ Go Urban. Bye bye, la « Beyoncé » de l’Open VLD. Très mauvais placement, retour sur investissement catastrophique.

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Pas de quoi pour autant renoncer à la filière des witte konijnen, ces attrape-voix à haut potentiel qui se dénichent ou s’arrachent hors du biotope politique. Le tout est de professionnaliser la chasse aux perles rares afin d’éviter des mésaventures. D’où cette opération baptisée Gangmakers (meneurs de jeu), un programme d’injection de sang neuf dans les artères souffreteuses d’un parti libéral pas peu fier d’innover ainsi dans le paysage politique flamand. On n’arrête décidément pas le progrès.

Chaque année, un jury indépendant de six membres aura pour mission de détecter de potentiels talents susceptibles de séduire, voire d’enthousiasmer l’électeur à l’idée de voter Open VLD. Nul besoin pour postuler de posséder la carte du parti: il suffit d’avoir 20 ans, d’habiter à Bruxelles ou en Flandre, d’être intègre, d’avoir le sens de l’initiative, de faire preuve d’authenticité, de dégager une grande force de conviction, en un mot de « respirer la politique et l’engagement« . Etre libéral dans la vie est plus qu’un atout, c’est la moindre des choses. Enfin, il faut être prêt à débourser 300 euros et à sacrifier un samedi par mois, de septembre à juin, pour participer à l’aventure façon « la France a un incroyable talent ».

Triés sur le volet, les heureux élus seront confiés aux mains expertes des six top coaches, parmi lesquels un politologue et expert en fiscalité et en droit social, une spécialiste en psychologie cognitive, une experte human ressources ou encore le CEO de Child Focus. « Les participants à Gangmakers pourront ainsi apprendre des meilleurs », se félicite le président du parti, Egbert Lachaert. Apprendre à se comporter correctement en libéral, à se construire des réseaux, à se mouvoir avec dextérité dans l’univers parfois impitoyable des médias, à faire campagne, à se familiariser avec les techniques de négociation, à découvrir les multiples facettes de la politique, ce beau métier qui fait pourtant de moins en moins rêver. Au bout de la formation, c’est « un certificat de compétences » que décrocheront les lauréats ainsi que le privilège d’intégrer une réserve de talents activable pour doper une liste électorale.

Egbert Lachaert espère bien que Gangmakers accouchera chaque année de dix promesses prêtes à tout donner pour un parti pressé de de quitter son pénible statut d’entreprise en difficulté.

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