Mélanie Geelkens

Une sacrée paire de trompes par Mélanie Geelkens (chronique)

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

La science s’en serait peut-être moins foutue si l’endométriose avait été exclusivement masculine et que, chaque mois, 10% des mecs se pliaient en deux de douleur.

30 900 euros. Allez savoir ce que l’asbl Toi mon endo pourra bien faire, avec ça. Imprimer quelques brochures, peut-être? Certainement pas embaucher quelqu’un pour « organiser des animations de sensibilisation, orienter les femmes vers les structures adaptées, attirer l’attention des futurs professionnels de la santé et collecter des données statistiques ». Mais bon, c’ est l’intention qui compte. Donc: la ministre (Ecolo) des Droits des femmes, Bénédicte Linard, a octroyé le 15 septembre cet ébouriffant subside pour concrétiser ce projet pilote de sensibilisation à l’endométriose.

C’est l’intention qui compte d’autant que la cause est nécessaire: une femme qui souffre de cette maladie attend, en moyenne, sept ans avant d’être correctement diagnostiquée. Pourtant, c’est pas, genre, une polyarthrite rhumatoïde dont les symptômes sont partagés par tellement d’autres pathologies que les toubibs passent facilement à côté. Elles ont mal, qu’elles répètent, les madames. Au ventre, au dos, dans le haut des jambes… Tellement qu’elles ne marchent parfois plus droit, qu’ elles passent la journée au lit, recroquevillées, et qu’il leur arrive même de s’évanouir. Dans certains cas, aussi, de devenir infertiles, accessoirement.

L’endométriose, c’est pas non plus le syndrome de Guillain-Barré qui ne touche chaque année que deux ou trois personnes sur cent mille. Deux cent millions de femmes dans le monde en souffriraient. Une femme sur dix en Belgique ; soit tout de même potentiellement plus de 580 000 personnes. Trois fois l’équivalent des habitants de la ville de Liège, juste pour mieux réaliser.

Rien à voir avec la Covid qui vient de débarquer pour foutre le bazar à la surface de la Terre, enfin. Les premières descriptions de cette souffrance féminine remontent à 1860. Depuis tout ce temps, elle reste une « maladie gynécologique globalement incomprise », selon sa notice Wikipédia. Même son mécanisme, personne ne le capte bien. Ce serait la faute au « reflux menstruel »: plutôt que de s’écouler tranquille, une partie du sang et ses fragments d’endomètre remonteraient dans les trompes pour se greffer à des endroits où ils n’auraient rien à faire.

Mais bon, nul n’en est vraiment certain. La recherche scientifique en la matière est loin d’être pléthorique. Comme si peu de chercheurs avaient envie de fourrer leur nez là-dedans. Du coup, aucun traitement. Juste des médicaments et des méthodes chirurgicales, sans garantie d’efficacité. « Pourquoi c’est tabou? Parce que tout ce qui touche au vagin, aux règles, on considère que c’est un peu cradingue, alors on n’en parle pas », soupirait, en 2019, l’animatrice française Enora Malagré, devenue porte-parole de ce sujet qu’elle connaît bien, elle qui se tord le bide vingt jours par mois. Et qui doit tout de même encore être confrontée à des gens qui ne voient pas où est le problème parce que bon, les ragnagnas, c’est douloureux, non?

La science s’en serait peut-être moins foutue si cette pathologie avait été exclusivement masculine et que, chaque mois, 10% des mecs se pliaient en deux de douleur. Les laboratoires ont d’ailleurs jugé plus urgent de mettre au point une petite pilule bleue pour régler les problèmes de mollesse… C’est comme pour la contraception, tiens: le monde serait déjà doté de méthodes efficaces non invasives. Ou comme l’avortement: ‘tracasse qu’ils pourraient avoir recours à l’IVG au-delà de douze semaines sans que personne ne moufte. Les combats féminins sont malheureusement condamnés à la lenteur. Mais, heureusement, de moins en moins à l’indifférence ou à l’échec.

Beurk

C’est l’histoire d’un Sud-Coréen qui avait invité une fille à un rencard. Comme elle avait refusé, il s’était vengé en assaisonnant son café de… sperme. Et enduit son maquillage de la même substance, tandis que sa brosse à dents avait eu droit à du mucus. Ce n’ est malheureusement pas une histoire isolée. En Corée du Sud, cela s’appelle même le « terrorisme du sperme ». Plusieurs affaires similaires (éjaculer dans le mug d’une collègue, ou sur la couette d’une étudiante de la même université, ou sur les baskets d’une camarade de classe…) ont été jugées par les tribunaux ces dernières années, aboutissant généralement à des amendes. Certains députés viennent donc de déposer une proposition de loi pour qualifier ces faits de crimes sexuels, réellement punissables.

750

femmes travaillent au Vatican, puisqu’on parle de lui (lire ci-dessous). Soit 16,6% du personnel, qui compte 4 500 membres. La première salariée avait été embauchée en 1916 seulement, comme couturière.

Des gardes suissesses?

Les gardes suisses, qui assurent la sécurité des appartements du pape au Vatican, sont la plus petite armée au monde et aussi la plus masculine: les femmes en sont exclues depuis cinq cents ans. Mais cela pourrait changer dès 2027, date à laquelle le bâtiment qui abrite la garde doit être inauguré après rénovation. Les plans, dévoilés récemment, prévoient 126 chambres individuelles (à la place des douze dortoirs actuels). Ce qui pourrait ouvrir la voie à l’embauche de femmes. Ce sera au pape de trancher.

Une sacrée paire de trompes par Mélanie Geelkens (chronique)
© GETTY IMAGES

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