Mélanie Geelkens

Une sacrée paire d’anses par Mélanie Geelkens (chronique)

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Mais une fille, habituée à trimballer sa besace, se sent forcément un peu dégarnie sans elle. Syndrome de Stockholm vestimentaire.

Alors ça fait cet effet-là, d’être un homme. Une agréable – mais étrange – sensation de légèreté. Tellement étrange qu’on ne savait plus trop quoi faire de ces mains vides, cet été, lors d’un city-trip dans une ville européenne où, le masque accroché au coude, le téléphone et la carte bancaire dans la poche, il avait été décidé que cette journée se déroulerait sans sac à main.

Quel pied! Point de mal de dos, ni d’épaule sciée en fin de journée. Plus besoin de vérifier trois fois d’affilée que le paquetage est bien fermé, ni de garder la paume sur la fermeture Eclair, histoire de rebuter les pickpockets. Mais une fille, habituée à trimballer sa besace depuis ses 14 ans, se sent forcément un peu dégarnie sans elle. Syndrome de Stockholm vestimentaire. Les femmes devraient toutes le détester, ce geôlier à anses. Lourd, onéreux, gênant, encombrant, déformant (coucou, scolioses! )… Pourtant, elles continuent à le transbahuter, comme si souffrir leur plaisait. Dépensant en sus de petites fortunes pour l’assortir à leurs tenues. Tout ça pour afficher leur « féminité« . Le sac est un marqueur genré. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils refusent de l’adopter, les hommes, alors que depuis un bout de temps, des créateurs en quête de nouveaux profits, tentent de leur en refourguer. Sans succès: trop peur de sembler manquer de sacro-sainte virilité.

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Il paraît, pourtant, que l’objet est fort pratique. Toutefois, des poches pourraient tout autant faire l’affaire, comme chez les messieurs. Mais voilà: dans les vêtements féminins, elles n’existent pas. Ou alors juste décoratives, ou bien minuscules, ou même parfois tout simplement fausses. Nulle ne les remplit d’ailleurs jamais, comme si deviner un portefeuille glissé dans un slim représentait une dérangeante disgrâce. Faudrait pas avoir l’air grosse. Ni que les fringues servent à autre chose qu’à mouler les courbes. Leur but premier n’est-il pas de contenter les regards masculins?

Refuser une poche à une femme, c’est, in fine, la priver d’un peu de liberté. De se mouvoir aisément, d’abord: cabas et talons restent autant de restrictions à la motricité. Essayez donc de détaler en cas d’urgence avec trois kilos à l’épaule et huit centimètres aux pieds! Pas question de se sentir insouciantes, non plus: porter une sacoche, c’est se tracasser sans cesse pour son contenant, c’est s’exposer davantage au vol, c’est redouter un arrachage. Au fond, sous couvert de commodité, le sac infériorise. « Il joue un rôle, même si mineur, dans la conservation de l’ordre social: il empêche les femmes de se déplacer sans se préoccuper de leur apparence (style, mode) et de leurs dépendances (support logistique) », écrivait en 2015 le Français Cédric Calvignac, chercheur à l’université Champollion d’ Albi, dans son analyse « A leur sac défendant ».

Le sociologue avait, par ailleurs, noté que les rares passants à arborer une bourse (9%, contre 84% des piétonnes) privilégiaient très largement la bandoulière, option plus fonctionnelle et sécurisante. « La domination, note-t-il, est ici perceptible par la sexuation d’un porté exclusivement féminin [à l’épaule ou à la main] qui se singularise en partie par sa restriction d’usage. »

Bien sûr, si toutes abandonnaient leur sacoche du jour au lendemain comme d’autres appellent à brûler les soutifs, le monde n’en deviendrait pas plus égalitaire. Mais que cela n’empêche pas de constater que la domination du corps des femmes s’immisce, décidément, dans les moindres détails.

Zennah, la guerrière

Certains traquent les personnes disparues, d’autres les cadavres… Son truc à elle, c’est le sperme. Zennah est capable d’en détecter des traces, même infimes. Elle y a été entraînée pendant cinq mois, et vient d’intégrer la brigade canine de la police fédérale. Il s’agit du premier « chien moeurs » belge, alors que les forces de l’ordre, notamment en Norvège et aux Pays-Bas, utilisent déjà cette méthode. Méthode qui permet, sur une scène d’agression sexuelle, de repérer le liquide biologique, par exemple lorsque la victime ne se souvient pas exactement de l’endroit où les faits ont eu lieu, afin de prélever de l’ ADN en vue d’une identification. Plus de 4 000 faits de moeurs sont signalés annuellement à la police, et dans un tiers des cas, l’auteur est inconnu.

116,4

kilomètres: telle est la distance que devront parcourir les coureuses cyclistes de la première édition féminine de la mythique course Paris-Roubaix. Un événement sportif qui sera retransmis sur France Télévisions, les 2 et 3 octobre prochains.

Fais comme l’oiseau

Fin août, des chercheurs américains révélaient dans la revue scientifique Current Biology que certaines femelles colibri ont développé un plumage coloré semblable à celui des mâles non pas dans le but d’attirer un partenaire sexuel (comme longtemps on le pensa), mais pour se protéger des… harceleurs. Les mâles auraient, en effet, tendance à chasser les femelles « pâles » des sources de nourriture et à les importuner lors de la construction du nid. Par conséquent, celles-ci se seraient mises à leur ressembler pour pouvoir manger et couver tranquilles. Malignes, les bêtes.

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