Charles Michel © BELGA

Une fois encore, Michel doit lutter contre son image de paillasson de la N-VA

Stavros Kelepouris
Stavros Kelepouris Journaliste pour Knack.be

Même si la N-VA ne s’est pas opposée au Traité de Marrakech pendant deux ans, Charles Michel doit pour l’instant revenir sur sa promesse de signer le traité.

Notre pays soutiendra-t-il le Pacte des Nations Unies sur les migrations en décembre ? Récemment encore, il n’y avait pratiquement aucun doute à ce sujet. Il y a quelques semaines, le Premier ministre Charles Michel s’est même adressé avec enthousiasme aux Nations Unies au sujet de ce traité : « Ce texte est un grand pas en avant. C’est un levier pour une gestion organisée et maîtrisée de la mobilité internationale. » Le Premier ministre s’est vu renvoyer ses paroles en pleine figure lors d’un débat à la Chambre où aucun parti de la majorité n’a eu envie de prendre la parole.

Le pacte a, en effet, causé de nombreuses dissensions au sein du gouvernement, au motif que la N-VA a une peur bleue d’être présentée comme un parti qui facilite la migration illégale. Le parti craint que les dispositions du traité non contraignant puissent être utilisées par un juge pour l’interprétation des obligations internationales, et deviennent donc juridiquement exécutoires.

Ces deux dernières années, le texte a été poli par des diplomates et à aucun moment la N-VA n’a soulevé d’objections fondamentales, même si des représentants du secrétaire d’État Theo Francken (N-VA) étaient étroitement impliqués dans les discussions au niveau belge. Ce n’est que la semaine dernière, lorsque le flanc droit de la N-VA a commencé à s’agiter, que le parti s’est inquiété de la manière dont sa politique allait être perçue.

C’est ensuite que la situation s’est emballée. D’abord des doutes ont été exprimés ouvertement, puis le porte-parole de Francken a déclaré que le traité sous sa forme actuelle ne serait pas approuvé par notre pays. Mercredi matin, le vice-premier ministre Jan Jambon (N-VA) a rejeté ce point de vue comme n’étant pas la position officielle du parti, avant que chef de groupe la N-VA à la Chambre, Peter De Roover, souligne que le pacte de migration pose de « gros problèmes » à la N-VA. Bien qu’il ait également soulevé une question justifiée : quel est l’intérêt de signer un traité sans rien de contraignant ?

L’objection de la N-VA signifie que Charles Michel doit ravaler ses déclarations exaltées: il avait en effet déjà promis que notre pays signerait le traité. Les experts juridiques doivent maintenant donner plus de clarté au gouvernement sur les conséquences du traité, et des pourparlers sont également en cours au niveau international pour accorder les violons. Cela n’aurait guère de sens de voir l’Europe divisée sur l’interprétation du texte », disait-il. Mais l’Europe est déjà divisée aujourd’hui : des pays comme la Hongrie, l’Autriche et l’Italie se sont déjà opposés au traité de Marrakech. La question cruciale est de savoir si la Belgique veut les rejoindre.

On sait depuis longtemps que Michel mène les discussions au sein de son équipe en secret, et qu’il aime prendre le temps d’arrondir les angles. Mais en attendant, à moins de six mois de nouvelles élections fédérales, le Premier ministre doit une fois de plus contrer les critiques selon lesquelles ce n’est pas lui, mais la N-VA, qui est à la tête du gouvernement. « Y a-t-il encore un Premier ministre de ce pays qui ne devrait pas changer d’avis toutes les semaines parce que la N-VA le mène à la baguette? », s’est demandé le groupe PS. Pour Kristof Calvo (Groen) le Premier ministre plie devant l’extrême droite. Quant à Filip Dewinter (Vlaams Belang), il se déclare « satisfait, car le Premier ministre fait marche arrière ».

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