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Une erreur de comptage de deux voix peut faire basculer une majorité en Belgique

Les résultats électoraux en Belgique sont-ils une photographie bien nette des bulletins de vote? Deux chercheurs de l’UCLouvain, Edouard Cuvelier et Olivier Pereira, montrent que la question mérite d’être posée car le système d’attribution des sièges utilisé rend le pays extrêmement sensible aux erreurs de comptage.

Edouard Cuvelier, assistant au pôle de recherche en ingénierie électrique, et Olivier Pereira, cryptographe, se sont penchés en particulier sur les résultats des élections communales d’octobre 2018. D’après leur analyse, pas moins de 64 communes wallonnes ont connu une situation critique, où une erreur d’attribution des votes de moins de 1 % aurait pu conduire à de nouvelles configurations de majorité.

Ainsi, à Beloeil, deux voix auraient suffi à changer la majorité, expliquent les chercheurs sur le blog decryptage.be. Dans une ville comme Wavre, cinq voix à peine auraient pu entraîner un changement de majorité. Les huit autres communes pour lesquelles les plus petites erreurs de comptage auraient un impact sont Gembloux, Tubize, Lessines, Frameries, Liège, Estinne, Braine-le-Comte-Chevigny et Ecaussines.

Lors des élections fédérales aussi, une poignée de voix peuvent faire la différence. Sur les 188.681 votes comptabilisés en province de Luxembourg en mai 2019, une erreur de comptage de 306 votes (soit moins de 0,2%) seulement aurait conduit au transfert d’un siège d’un parti au profit d’un autre, observent les deux membres du « Crypto Group » de l’UCLouvain.

Or « dans tout processus impliquant des humains, l’apparition d’erreurs est inévitable », souligne M. Cuvelier. « A fortiori si les humains en question ne sont pas ou peu formés à la tâche qui leur est confiée »: par pure distraction (un bulletin égaré, compté pour le mauvais parti, etc.) ou en raison d’une interprétation difficile des règles (« par exemple une rature peut disqualifier un bulletin pour certains et pas pour d’autres, de même qu’une case qui ne serait pas coloriée à 100% »).

Pour réduire la marge d’erreur sous un niveau acceptable, « il semble n’y avoir que deux voies possibles », conclut Edouard Cuvelier: « le vote papier avec beaucoup plus de moyens financiers et humains ou le comptage des bulletins assisté par des outils électroniques plus fiables ».

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