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Une demande d’asile en Belgique de l’ex-président équatorien pour échapper à la justice ?

Successivement confirmée puis démentie, la demande d’asile de l’ex-président équatorien en Belgique laisse planer le doute sur les intentions de celui qui se dit victime de « persécution politique ». Rafael Correa est soupçonné d’avoir commandité l’enlèvement d’un ancien député de l’opposition, Fernando Balda, alors qu’il exerçait son mandat présidentiel. Il a été sommé jeudi de comparaître devant la justice de son pays.

Malgré les démentis, dont celui apporté par Rafael Correa lui-même, l’agence Belga a appris à bonne source qu’il avait bien introduit une demande d’asile en Belgique. La demande serait actuellement en cours de traitement au Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA), lequel se refuse à tout commentaire. « Un principe est appliqué de manière très stricte au sein du CGRA: la confidentialité en ce qui concerne les procédures d’asile. Il est strictement interdit de donner la moindre information à l’extérieur et ce, peu importe qu’il s’agisse d’une personne connue ou d’un citoyen lambda », souligne le porte-parole du CGRA, Damien Dermaux.

L’avocat de M. Correa, Christophe Marchand, se refuse également à tout commentaire.

Soupçonné d’avoir commandité, en 2012, l’enlèvement raté d’un opposant, l’homme fort de l’Équateur de 2007-2017 est réclamé par la justice équatorienne. Il fait l’objet depuis le mois de juillet d’un mandat d’arrêt international.

Droit de séjour dans le pays

Sommé à comparaître hier/jeudi devant la justice équatorienne, le principal intéressé a écrit sur Twitter: « Je n’attends rien d’une ‘justice’ qui reçoit des ordres au lieu de se baser sur des arguments. Ils veulent me maintenir en exil plusieurs années. Sur la scène internationale, ils n’arriveront à rien. Mais ils vont réussir à empêcher que je participe à la campagne de 2019. »

Époux d’une Belge et père de trois enfants, Rafael Correa, qui vit en Belgique depuis la fin de son mandat en mai 2017, a, au titre du regroupement familial, un droit de séjour dans le pays.

En demandant l’asile en Belgique, le ressortissant équatorien cherche sans doute à être protégé contre des persécutions ou mauvais traitements éventuels dans son pays d’origine. Comme l’affirme la convention de Genève de 1951, toute personne qui craint avec raison peut être protégée. Il existe en Belgique deux types de protection internationale: le statut de réfugié et celui dit de protection subsidiaire.

« Il faut peut-être également y voir un argument pénal », avance Céline Verbrouck, avocate spécialisée en droit des étrangers. « S’il est poursuivi par la justice équatorienne, il est ‘non-renvoyable’ le temps de l’examen de sa demande d’asile. C’est donc peut-être un moyen pour lui d’éviter une extradition et de la sorte, échapper à la justice équatorienne. »

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