Tine Nys (au milieu) et ses soeurs © VRT

Un témoignage glaçant pousse le CD&V à demander une révision de la loi sur l’euthanasie

Le partenaire chrétien-démocrate (CD&V) de la majorité fédérale souhaite une révision de la loi sur l’euthanasie. La législation actuelle ne prévoit pas de barrières suffisantes pour des « cas extrêmes », a réagi le sénateur Steven Vanackere, chef de groupe CD&V, suite à un reportage diffusé dans l’émission flamande Terzake (VRT) à propos de l’amateurisme de l’euthanasie, selon les dires de ses proches.

L’euthanasie de Tine Nys, 38 ans, a été approuvée il y a cinq ans sur base de souffrances psychiques, liées à une séparation. Selon ses soeurs, Tine a pris conseil auprès de trois médecins qui n’ont pas échangé d’informations entre eux. Tine ne bénéficiait plus d’un suivi psychiatrique depuis 15 ans. Les soeurs dénoncent l’amateurisme de l’euthanasie qui a été pratiquée.

Selon elles, Tine ne souffrait pas d’une maladie psychique incurable. Deux mois avant son décès, les médecins avaient posé un diagnostic d’autisme. Les soeurs estiment que les médecins sont passés trop rapidement à l’euthanasie et déplorent qu’ils n’aient pas proposé d’autres traitements.

Interrogées par la VRT, elles qualifient le médecin qui a pratiqué l’euthanasie de « nonchalant ». Ce dernier aurait en effet comparé l’euthanasie de Tine à une « injection létale administrée à un animal domestique favori pour mettre fin à ses souffrances ».

Le médecin aurait également négligé d’apporter le matériel nécessaire et à moment donné la perfusion serait même tombée sur le visage de la mourante. « Tremblant, mon père a dû tenir la seringue, parce que le médecin n’avait pas pensé prendre des pansements » explique une des soeurs de Tine. Et comble de la perversion, estiment les soeurs, après le décès, le médecin a demandé aux parents d’écouter le coeur de leur fille à l’aide de stéthoscope, afin de les assurer qu’elle était bien morte ».

Il est absolument nécessaire d’évaluer la loi

Aussi pour le CD&V, qui n’a pas soutenu la législation, une évaluation de la loi est-elle « absolument » nécessaire. « Il y a beaucoup de manquements dans la loi, ce qui signifie que ceux qui font preuve de négligence connaissent la protection de cette loi », a clarifié M. Vanackere sur Radio 1. La loi prescrit que trois médecins doivent être consultés, mais ne reconnaît pas, selon lui, la nécessité d’un suivi à plus long terme. Le libéral Jean-Jacques De Gucht (Open Vld), partisan de la loi, se dit prêt à ouvrir le débat. « Mais les barrières que nous avons prévues existent », avance-t-il. « Trois médecins professionnels doivent, en leur âme et conscience, poser le diagnostic que le patient n’est plus en mesure d’être traité et c’est toujours le patient lui-même qui décide. »

Le sp.a estime pour sa part que la législation laisse aussi place « à trop d’incertitudes », et souhaite les diminuer autant que possible. Mais « le droit à l’euthanasie pour des souffrances psychiques doit demeurer », souligne la députée Karin Jiroflée. La socialiste pense se tourner vers la commission d’évaluation qui peut enquêter sur des problèmes et transmettre les dossiers problématiques au Parquet.

M. Vanackere s’interroge pour sa part sur la commission d’évaluation. « Je pense que nous avons établi une commission qui est trop juge et partie et n’est pas suffisamment indépendante », estime le chrétien-démocrate dans une antienne chère à son parti. Il insiste sur le fait que la commission d’évaluation doit se pencher sur le suivi des procédures pour une décision, et pas sur l’octroi concret de l’euthanasie.

Belga/CB

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