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Un « oui » à l’indépendance écossaise tomberait mal pour la N-VA

Wided Bouchrika
Wided Bouchrika Journaliste free-lance

Le référendum écossais est sans précédent en Europe. De quoi donner des idées à la Flandre ? Pas vraiment selon le politologue Bart Maddens. Car en réalité la situation écossaise est plus proche de ce qui se passe en Wallonie. Avec quelques nuances tout de même.

Si, ce jeudi 18 septembre, le « oui » l’emporte et que l’écosse gagne son indépendance cela risque de changer la donne pour les autres régions séparatistes d’Europe. Mais pas nécessairement celles que l’on croit.

Est-ce que la victoire du « oui » aura un impact sur les séparatistes flamands ?

Bart Maddens : Cela peut redonner un certain engouement à l’idée d’une Flandre indépendante. Une idée qui avait été quelque délaissée ces derniers temps. Ceci dit la force mobilisatrice du mouvement radical flamand s’est quelque peu essoufflée. Dans un souci de ne pas effrayer ses partenaires au fédéral, ce n’est plus la première priorité de la N-VA. Le seul qui se profile comme tel est le Vlaams Belang, mais il a perdu pratiquement toutes ses plumes lors des dernières élections. Même si la N-VA espère que le oui l’emporte, elle ne peut donc le montrer trop ouvertement puisqu’elle a mis officiellement, et pour 5 ans, ses velléités communautaires au frigo.

Dans quelle mesure peut-on comparer la Flandre à l’Écosse ?

En réalité l’Écosse ressemble beaucoup plus à la Wallonie qu’à la Flandre. Dans les deux cas, on a une région située à gauche sur l’échiquier politique qui doit se « battre » contre une autre région plus à droite. Les Écossais sont frustrés par cette politique de droite qu’on leur impose. Les Wallons peuvent aussi ressentir cette impression face à la coalition suédoise qui est droite et principalement flamande.

La Wallonie voudrait plus l’indépendance que la Flandre?

Pas mal de membres de la N-VA espèrent effectivement que la Wallonie demande plus d’autonomie si elle ne peut plus appliquer son « modèle PS » et doit se plier à une politique plus à droite et flamande. La question reste pourtant de savoir si l’on ira aussi loin. Rien n’est moins sûr, puisque même dans la coalition suédoise les Wallons ont toujours plus d’impact que les Écossais à Westminster. Et ce parce que les Wallons sont numériquement plus nombreux que les Écossais qui ne représentent que 8,4% de la population anglaise. En plus la parité en Belgique donne un pouvoir disproportionné aux francophones de ce gouvernement. De peur de froisser l’électorat wallon, le MR n’ose pas trop virer trop à droite. Par ailleurs, la Wallonie grâce au mécanisme des transferts à tout intérêt à garder une Belgique unie. Le PS ne lâchera rien et la coalition suédoise n’a, à ma connaissance, pas l’intention de fermer le robinet aux Wallons. Et surtout les Wallons n’ont pas ce même sentiment d’identité nationale qu’ont les Écossais. Mais cet argument vaut aussi pour la Flandre et la Belgique.

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