Yves Coppieters © Belga

Un million de cas de covid en Belgique : « C’est une sous-estimation de la réalité »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Ce jeudi, Sciensano a annoncé que la Belgique avait franchi le camp du million de contaminations, après le premier cas positif confirmé le 4 février 2020. Que signifie cette nouvelle pour l’immunité collective ? Explications avec l’épidémiologiste Yves Coppieters (ULB).

Selon les spécialistes, pour retrouver une vie sociale et économique normale, il faut atteindre une immunité collective de 70%, et certains suggèrent même de viser 90%. La vaccination doit permettre d’atteindre cette immunité, mais de nombreuses personnes ont eu le coronavirus et sont donc immunisées naturellement.

Yves Coppieters ne considère pas que le cap d’un million de cas confirmés soit une bonne nouvelle. « Le principe de base d’une épidémie c’est de limiter les contaminations. C’est pour cette raison qu’on isole les malades, pour éviter de contaminer d’autres personnes. Parmi celles-ci, il y a des personnes à risque de mourir », rappelle-t-il. Il estime que 20 à 25% de la population, soit plus d’un million de personnes, ont rencontré le virus. « Ces personnes ont potentiellement développé une immunité naturelle. C’est une information nécessaire, car elle s’additionne à l’immunité acquise par la vaccination », explique-t-il.

On ignore toutefois la part totale de personnes immunisées, c’est-à-dire naturellement et par la vaccination. « On n’intègre pas le fait que la personne ait été malade ou pas. Ou qu’elle a fait des anticorps ou pas par rapport à la vaccination. Certains pays disent aux personnes qui ont fait le Covid avec des symptômes d’attendre six mois avant de se faire vacciner pour des raisons immunologiques d’abord, et puis aussi pour donner la priorité aux personnes qui n’ont pas encore développé une immunité naturelle. La Belgique n’a pas intégré cette stratégie ». L’épidémiologiste estime toutefois que, vu qu’à ce jour 9,5% de la population adulte a été vaccinée complètement, cette immunité totale doit approximativement tourner autour des 25-30%.

Une sous-estimation de la réalité

Pour Yves Coppieters, il ne fait cependant pas de doute que ce million de cas est une sous-estimation de la réalité. « Les tests ne reflètent pas la réalité de la situation du virus et des personnes malades. Je rappelle que durant la première vague seules les personnes symptomatiques étaient testées. Il y a toute une partie de la population pour laquelle on n’a jamais mesuré la vraie fréquence de la contamination, mais dans l’ensemble des pays européens, on estime cette immunité collective hors vaccination à 20-25% », déclare-t-il.

« Une fois qu’on arrivera à une couverture vaccinale de plus de 70% pour les personnes à risque, plus une immunité vaccinale dans le reste de la population, je pense que l’épidémie sera presque sous contrôle », conclut-il.

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