Gérald Papy

UE et crise de la dette : ce n’est pas le dernier « sommet de la dernière chance »

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le sommet de Bruxelles de ces jeudi et vendredi ne pourra pas répondre à tous les défis de la crise. Apaiser les incertitudes autour des banques espagnoles et lancer l’union bancaire sont les conditions minimales pour espérer éviter une aggravation de la crise.

Le sommet européen de ces 28 et 29 juin à Bruxelles ne sera pas le dernier « sommet de la dernière chance », cette formule galvaudée au gré de la triple crise que connaît l’Europe depuis 2008, financière, économique et de la dette. Il est vrai qu’aujourd’hui et demain, la réunion des 27 (en ce compris le rendez-vous des 17, les membres de la zone euro), sera d’autant plus importante et délicate qu’elle devra répondre à un double défi, l’un sur le très court terme et l’autre sur le long terme. D’une part, parer à l’urgence des derniers soubresauts de la crise de la dette souveraine, à savoir l’hypothèque que fait peser le sauvetage incertain du secteur bancaire espagnol et la demande d’aide d’un nouvel Etat, Chypre. D’autre part, jeter les bases d’une solution plus structurelle à cette crise en lançant le chantier de l’union bancaire, prélude à une union budgétaire qui constituerait un vrai saut fédéraliste mais qui effraye encore nombre de dirigeants.
Pour ajouter à la complexité du débat, figure de surcroît, en filigrane des réponses à ces deux défis, la satisfaction de requêtes particulières et conjoncturelles. L’Italien Mario Monti ne veut pas revenir de Bruxelles les mains vides au risque de s’exposer à une manoeuvre de déstabilisation de Silvio Berlusconi et de ses amis. Le Français François Hollande exige un « pacte de croissance », fût-il à portée réduite, pour convaincre ses socialistes les plus rabiques de voter le pacte budgétaire. L’Allemande Angela Merkel refuse de déroger de façon fondamentale à une politique d’austérité qui fait l’unanimité à l’intérieur de ses frontières.

Bref, ce sommet européen, serait-il considéré comme réussi, ne résoudra pas toutes les questions que pose la crise actuelle. Mais s’il n’est pas encore le « sommet de la dernière chance », il ne doit pas pour autant être le « sommet de la dernière dérobade ». Calmer la crise espagnole et s’engager dans une union bancaire sont les conditions minimales de réussite de la réunion de cette fin de semaine. Au risque d’aggraver la crise et de précipiter la tenue du véritable « sommet de la dernière chance ».

Gérald Papy

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