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Tram de Liège (encore) retardé: le flou, partout

Stagiaire Le Vif

À Liège, la mise en circulation du tram ligne 1 reliant Sclessin à Coronmeuse n’a cessé d’être reportée depuis quelques années. Le bourgmestre Willy Demeyer s’étonnait lundi d’un possible nouveau retard dans les travaux.

Ceux qui habitent ou se promènent à Liège n’ont pas pu les rater: les travaux du tram ont envahi la ville depuis mai 2019. Que ce soit pour les piétons, les vélos, les voitures ou les bus, tous éprouvent des difficultés à se déplacer dans le centre. Les travaux ne risquent pas de se terminer de sitôt et la mise en circulation pour les usagers serait en 2024, plutôt qu’en 2023.

Des retards, des retards et encore des retards

Dimanche, Willy Demeyer, bourgmestre de Liège, s’étonnait dans un communiqué avoir appris « avec un vif étonnement » un probable « report au printemps 2024 de la mise en service du tram de Liège. Tram’Ardent ayant formellement démenti, le 29 novembre dernier, un report en 2024. La situation liée au Covid était alors évoquée par le constructeur. » Mais le bourgmestre de Liège compte suivre ce dossier de près: « Face à l’accumulation des retards, et s’agissant d’un projet régional, le Bourgmestre de Liège a multiplié depuis plusieurs mois les démarches auprès de l’OTW (donneur d’ordre) et du Ministre régional de la Mobilité, Philippe Henry, afin d’obtenir des éclaircissements précis sur les intentions de Tram’Ardent en matière de délai.« 

Car il faut se souvenir qu’en janvier 2019, le projet était de terminer les travaux d’infrastructure en juin 2021 et la mise en service commerciale était prévue pour octobre 2022. Ce plan n’est aujourd’hui qu’un lointain souvenir. « Le visage de Liège en 2022 sera, sur près de 50 hectares, entièrement réaménagé autour du tram. Les objectifs du tram à Liège sont multiples : répondre aux problèmes de mobilité, transporter deux fois plus de citoyens, mettre en place un réseau structurant et une offre de service adaptée. » Malheureusement, le visage de Liège est toujours complètement en travaux avec des problèmes de mobilité conséquents.

Conseil communal, des nouvelles du tram

Ce lundi, en fin de journée, le Conseil communal s’est réuni et n’a pas pu éviter le sujet qui fait mal. Le bourgmestre a détaillé les différentes étapes auxquelles il a assisté, presque impuissant, et qui ont mené petit à petit au retard des travaux qui lui ont été annoncés: « Le planning et le respect des délais ont toujours été une préoccupation permanente depuis le démarrage du chantier. Ainsi dès les premières rumeurs de retard en décembre 2020, j’ai écrit au donneur d’ordre afin d’obtenir des clarifications. C’est ainsi que j’ai été informé d’un report de la date de mise en service prévisionnel au 9 mai 2023.  » Car, en effet, ce n’est pas la première fois qu’un retard est annoncé dans sa construction. La date du projet a été reportée plusieurs fois. « Ce projet s’est développé à la demande de la ville. Mais la responsabilité de la mobilité est régionale et s’exerce au travers de l’OTW. », continuait-il. Car l’avancement des travaux du tram ne dépendent en effet pas du bon vouloir de la ville de Liège, plusieurs acteurs ont leur mot à dire dans cette histoire.

Les autres partis crient au scandale

Les autres partis ont également fait part de leur mécontentement lors de cette discussion, notamment la cheffe de groupe des élus Vert Ardent, Caroline Saal: « Nous déplorons que les travaux du tram aient l’allure d’une série B particulièrement agaçante. Le tram devrait être une love story et nous sommes loin d’y être. C’est plus de 20 ans de retard que la région liégeoise accuse en mobilité durable. […] Ce sont les usagers de notre ville qui en subissent les conséquences. Leur patience est mise à rude épreuve, leur qualité de déplacement également mais aussi leurs poumons. Ce manque de sérieux auquel nous faisons face nous paraît irrespectueux de la chose publique. »

Sophie Lecron s’exprimant au nom du PTB s’est également insurgée face à la situation : « Ce chantier crée de plus en plus de colère, à tous les niveaux que ce soit n’importe quel usager : voiture, piéton ou vélo, c’est dangereux. Il y a des travaux partout. Ce chantier devient juste invivable, les commerçants n’en peuvent plus non plus. Le fait que ce soit reporté sans arrêt, qu’on ne sache pas comment ça se fasse et qu’on voit que M. le bourgmestre a peu les rênes en main ça donne un peu plus la colère. » Car le bourgmestre n’est pas seul décideur dans cette affaire, faute notamment aux différentes compétences des sociétés du projet. « Dans toutes les solutions que vous proposez, je n’en vois aucune qui garantit que ce tram sera à temps dans les retards. Comment pouvez-vous garantir maintenant qu’au printemps 2024, il y aura un tram ? Vous ne le pouvez pas. Car vous n’avez énoncé encore aucun moyen concret. Vous allez être présent dans différentes structures et organiser une commission. Très bien, mais en quoi ça va garantir aux Liégeois le tram en 2024?« , continue-t-elle.

Tous les partis présents ont fait part de leur indignation. Les choses ne vont donc pas en rester là, comme l’a affirmé Willy Demeyer : « Je vais aussi informer le Ministre Henry que j’ai l’intention d’organiser dans la première quinzaine de janvier une commission communale où je l’inviterai personnellement ainsi que l’OTW et Tram’Ardent. »

Pour l’instant, Tram’Ardent n’a pas annoncé publiquement le retard de la construction du tram.

Pour rappel, le Conseil d’Administration de l’Opérateur de Transport de Wallonie (OTW, connue sous le nom commercial de la Tec) avait décidé d’attribuer le marché du tram de Liège au Consortium Tram’Ardent. Il est défini comme tel dans un communiqué de 2019: « Tram’Ardent est ainsi composé du Groupe COLAS qui réalisera l’infrastructure, de CAF, constructeur de tram espagnol et de DIF, société de gestion de fonds d’investissement spécialisés dans le secteur des infrastructures. »

Ariane Kandilaptis

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