Une rue commerçante à Dortmund, e Allemagne, le 20 avril. © AFP

Tour d’Europe des déconfinements, pour inspirer la Belgique

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Courrons-nous après les pays voisins pour notre stratégie de déconfinement, comme le prétend la N-VA? Ce n’est que partiellement vrai.

« Nous courrons après les pays voisins. Des pays intelligents comme l’Allemagne sont en train de gagner le pari sur l’avenir. » Voilà ce que Bart De Wever, président de la N-VA, exprimait lundi matin en mettant la pression sur le Conseil national de sécurité, qui doit décider vendredi de la stratégie progressive de déconfinement de notre pays, à partir du 3 mai. Notre pays est-il en retard sur ses voisins ? Dans l’annonce du plan, c’est une certitude et, dans plusieurs cas, au niveau de son application également. La Première ministre, Sophie Wilmès (MR), a toutefois insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de tenir compte des spécificités belges.

Petit tour d’horizon de l’état des déconfinements annoncés en Europe, dont les exemples nourriront sans aucun doute le débat belgo-belge.

Luxembourg. Moins touché, notre petit voisin gère rondement son déconfinement. Les chantiers ont repris lundi 20 avril, de même que les jardineries et les magasins de bricolage comme chez nous. Les écoliers retrouveront le chemin de leurs établissements : les premières et les terminales le 4 mai, les autres de secondaire le 11 mai et l’enseignement fondamental et maternel le 25 mai. Une différence notable par rapport à chez nous : le port du masque sera obligatoire et, surtout, les équipements sont dès à présent fournis à toute la population.

Allemagne. Moins touché que notre pays, notamment grâce à une stratégie de testing massive, notre autre grand voisin a également entamé son déconfinement le lundi 20 avril. Tous les commerces d’une surface inférieure à 800 mètres carrés ont pu rouvrir leurs portes. L’autorisation vaut aussi pour les concessionnaires automobiles, les magasins de vélos et les librairies, et ce quelle que soit leur taille. Les salons de coiffure suivront le 4 mai, ainsi que les écoles pour les élèves de terminale. La chancelier Angela Merkel insiste : « aller trop vite serait une erreur' ». Les restaurants, bars, lieux culturels et centres sportifs restent fermés jusqu’à nouvel ordre et les grands rassemblements interdits jusqu’à la fin de l’été. La stratégie allemande comporte des nuances en fonction des différentes régions qui composent le pays : le port du masque est ainsi vivement recommandé à l’échelon fédéral, mais il sera obligatoire dans cinq Etats dont la Bavière, région la plus touchée.

France. Notre Première ministre s’est quelque peu énervée, la semaine passée, à l’idée que l’on comparait sans cesse la stratégie de notre pays à celle de notre grand voisin. Le confinement, là, y est prolongé jusqu’au 11 mai et est légèrement plus strict que chez nous. Mais la clarté y a déjà été faite sur la date de sortie du confinement et sur l’ouverture des écoles dans un premier temps. Le duo composé du Premier ministre Edouard Philippe et du ministre de la Santé Olivier Véran a longuement esquissé, lundi soir à la télévision, les balises de la stratégie : ouverture par phases des établissements scolaires, réouverture des commerces avec maintien des gestes barrière, testing massif… Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education, a précisé ce mardi les phases de réouverture des écoles: les élèves de CP et CM2 reprendront dès le 11 mai, les 6e et les 3e le 18 mai, les autres à partir du 25 mai. Des critiques ont toutefois été exprimées au sujet du caractère toujours flou de certains points ou du caractère évasif des recommandations sur le port du masque (obligatoire, oui ou non dans les transports publics ?). Le plan précis sera présenté fin avril.

Autriche. Ce pays d’Europe centrale fut le premierà annoncer son déconfinement. Les commerces non-essentiels de moins de 400 mètres carrés, ainsi que les enseignes de bricolage et jardinage, ont pu rouvrir. Les autres boutiques suivront le 1er mai, à l’exception du secteur de l’hôtellerie-restauration, dont la reprise d’activité se fera « par étapes », à partir du 15 mai. Le port du masque est désormais obligatoire, notamment dans les transports, et son usage fut l’une des explications au faible taux de mortalité dans le pays, selon certains experts. Notons encore cette spécificité : l’Autriche n’exclut pas d’ouvrir ses frontières aux touristes cet été.

Suisse. Un plan de déconfinement progressif a été annoncé par le Conseil fédéral, jeudi 16 avril. La première phase de réouvertures aura lieu le 27 avril pour les coiffeurs et autres services de soin à la personne, jardineries, magasins de bricolage). Suivront, le 11 mai : les écoles obligatoires, les autres commerces et les installations sportives. Enfin, le 8 juin : écoles secondaires et supérieures, lieux de divertissement comme les musées et les bibliothèques. Aucun date n’a encore été donnée pour l’horeca, mais le débat est vif sur la nécessité d’agir pour éviter une catastrophe économique.

Danemark et Norvège. Ce sont les crèches qui ont rouverts en premier dans ces pays scandinaves. Les écoles suivent dans un deuxième temps. Avec distanciation sociale et non sans provoquer des craintes parentales et enseignantes. Depuis le 20 avril, les salons de coiffure, les instituts de beauté, les tatoueurs, ou encore les auto-écoles ont également pu reprendre leur activité au Danemark. Comme partout, l’horeca reste clos et les rassemblements de plus de dix personnes sont interdits.

Italie et Espagne. Lourdement touchés par l’épidémie, ces deux pays du Sud sont plus lents que les autres dans leur déconfinement – et pour cause. En Italie, les premières mesures d’allègement ne sont pas prévues avant le 4 mai, même si certains commerces reprennent prudemment les livraisons, notamment. Le Premier ministre Giuseppe Conte a annoncé via Facebook, ce mardi, qu’un plan de déconfinement progressif serait présenté dans le courant de la semaine, comme chez nous. En Espagne, le déconfinement se fait aussi à pas de loups : les industries et les chantiers de construction ont repris, mais les commerces restent fermés et les enfants ont tout juste le droit de sortir pour prendre l’air.

Royaume-Uni. Touché durement et plus tard, après de coupables atermoiements de ses autorités, le pays ne songe pas encore au déconfinement, loin de là. Le confinement a été prolongé de trois semaines le 16 avril et certains experts évoquent une durée des mesures de restriction pour six mois.

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