Thomas Dermine © HATIM KAGHAT

Thomas Dermine: « En échange des moyens européens, nous nous engageons sur des projets et des réformes »

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Les investissements publics que nous faisons nous permettront de diminuer certaines dépenses publiques. C’est le contraire de l’austérité!, d’après Thomas Dermine, secrétaire d’Etat pour la Relance et les Investissements stratégiques.

Que se passe-t-il si ces réformes ne se font pas dans les temps? La Belgique perd-elle les financements pour les projets d’infrastructure?

Il y a en effet une logique contractuelle. L’Europe nous procure des moyens et, en contrepartie, nous nous engageons sur des projets et des réformes. Tout l’art de la rédaction du plan et des infinies discussions avec la Commission a consisté à peser tout ça. Notre situation était très particulière, puisque nous étions en tout début de législature, en cours de négociations gouvernementales, même, au moment où la Facilité pour la reprise et la résilience a été lancée. Le désavantage, c’est que nous étions beaucoup moins avancés sur certaines réformes qui, nécessairement, prendront du temps (la fiscalité, les pensions, etc.). Mais c’était plus intéressant aussi parce qu’en rédigeant l’accord de gouvernement, nous avions bien ces contraintes et ces possibilités en tête. Et une bonne part des discussions avec la Commission, dans ce cadre, a porté et portera sans doute encore, sur le timing.

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Certains des chapitres sur les réformes du système des pensions ou du marché du travail sont de purs copier-coller de l’accord du gouvernement. Est-ce à dire qu’à ce moment les institutions européennes dictaient leur loi aux négociateurs?

Non, le principe de souveraineté s’impose toujours. Mais on gardait ces critères en tête. Et puis, il y a bien sûr les grandes marottes de la Commission: le rééquilibrage de la fiscalité, les voitures de société, les pensions, etc., qui nous correspondent plutôt mais qu’il faut parfois négocier durement. Et il y a aussi beaucoup de réformes purement techniques ou administratives, qui sont neutres politiquement, je pense par exemple au cadre légal pour l’hydrogène. Dans les trente-quatre réformes auxquelles la Belgique s’est engagée, une grosse moitié sont de cet ordre. Donc, non, l’Europe ne nous dicte pas notre loi. On dit oui, on va y travailler, mais non on ne va pas se faire lier pieds et poings.

Mais y a-t-il pour autant un risque de perdre cet argent européen si ces réformes ne sont pas mises en oeuvre?

La Belgique n’est pas le pays le plus compliqué, à cet égard. Par exemple, l’ Allemagne et la France, dont les systèmes de pension arrivent en tête des préoccupations européennes, ont déjà dit que le timing des élections à court terme rendait difficile la mise en oeuvre de réformes… L’approbation du plan est globale, mais les évaluations se feront projet par projet. Et donc, pour éviter les problèmes, nous ne nous sommes pas engagés à réaliser des choses qu’on ne pourrait pas faire aboutir.

Les « frugaux » qui siègent au Conseil européen n’ont-ils pas acquis une forme de contrainte sur ces réformes intérieures?

Le Conseil devra approuver notre plan dans les quatre semaines qui suivent l’évaluation positive de la Commission. Et après? Honnêtement, il faut voir comment ça va se dérouler. La Commission nous dit que le risque est minime mais il faudra considérer l’hypothèse que certains membres du Conseil veuillent peser sur l’évaluation de la mise en oeuvre des mesures. Je ne veux pas préjuger des décisions du Conseil, mais je suis confiant car un travail de qualité a été mené par les Etats membres, et cette Facilité pour la reprise et la résilience est une occasion pour l’Europe de faire un bond en avant.

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