Theo Francken, secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration (N-VA) © BELGA/Eric Lalmand

Theo Francken: « Ras-le-bol que le soutien financier aux pays du tiers-monde soit gratuit! »

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Invité ce mardi midi au Cercle de Wallonie de Namur pour parler de la politique migratoire, le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Theo Francken (N-VA), plaide pour une ceinture sécuritaire autour du pays. « Il faut une politique extérieure musclée. »

Il devait présenter une « analyse économique » du phénomène migratoire. Mais ce mardi, à Namur, Theo Francken a finalement décidé d’aborder la crise de l’asile sous un angle essentiellement sécuritaire. Devant 35 patrons et présidents de CPAS, le secrétaire d’Etat N-VA a fait part de ses craintes face au défi de l’intégration des primo-arrivants, tout en plaidant pour un renforcement des collaborations avec les pays voisins afin d’enrayer la migration clandestine et les risques d’attentats.

Après avoir passé en revue, tel un professeur, les facteurs exogènes de la crise migratoire (divergences de richesse entre l’Europe et sa périphérie, hausse de la population dans les pays arabes et africains, conflits armés et instabilité), il dénonce « trois bêtises européennes ». D’abord la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), qui a selon lui « rendu presque impossible la protection de nos frontières maritimes » et empêche désormais la Belgique de « refouler les demandeurs d’asile vers la Grèce ». Ensuite, « le manque de responsabilité du gouvernement grec Syriza (NDLR: gauche radicale) dans une période-clé de l’histoire européenne, en laissant ses frontières, qui sont aussi les nôtres, ouvertes pendant des mois. » Enfin, un regret vis-à-vis de l’appel d’air que la « Willkommenskultur » allemande a généré, au départ du discours de la chancelière Angela Merkel.

La théorie des murs

Face à la menace de la montée en puissance du discours des partis d’extrême droite en Autriche, au Pays-Bas ou en France, le secrétaire d’Etat en arrive à la conclusion que « la restauration de la frontière externe Schengen est vitale pour la survie de l’Union européenne ». Avant de citer en exemple quelques murs à travers le monde pour « maîtriser l’immigration clandestine »: celui entre les Etats-Unis et le Mexique, la barrière de Melilla, qui sépare l’enclave espagnole du Maroc, ou encore le mur entre la Bulgarie et la Turquie. « Beaucoup de gens de gauche estiment qu’aucun mur ne peut stopper l’immigration clandestine. Je suis désolé, mais ce n’est pas vrai », lance-t-il.

Pour Theo Francken, la seule manière de « sauver les migrants » en Méditerranée passe par une « grande coopération diplomatique anti-noyade » avec les pays du Maghreb, dont la Libye et l’Egypte, à l’image de l’accord scellé avec la Turquie. « Il nous faut une politique extérieure musclée, globale et cohérente », martèle-t-il. « J’en ai vraiment ras-le-bol que le soutien financier aux pays du tiers-monde soit gratuit. Ras-le-bol aussi du droit de visas aux ressortissants de pays qui ne veulent pas coopérer avec le retour forcé de leurs propres citoyens. »

La « vision idéale » du secrétaire d’Etat passe en outre par la concrétisation d’une triple ceinture sécuritaire pour garantir la paix: l’entraînement et le financement de nos forces armées, le contrôle des gardes-frontières et côtières, puis une « ceinture d’Etats voisins pour coopérer avec nous en matière de migration économique et de sécurité ».

Questionné par l’assemblée au sujet de l’intégration des 45.000 demandeurs d’asile de 2015 (dont 25.000 sont reconnus comme réfugiés, d’après les chiffres du secrétaire d’Etat), Theo Francken a pointé le défi que pose le niveau d’éducation de ces primo-arrivants. « Avec la route Turquie-Grèce, payer un passeur pour arriver en Europe ne coûte plus que 1.000 euros. Aujourd’hui, presque tout le monde peut venir en Europe. » Avant de conclure, quelque minutes plus tard, par l’apport du parcours d’intégration, face au « clash culturel » que suscite l’arrivée de ressortissants des pays où la religion passe au premier plan.

Un discours résolument de droite, légitimé par la menace de l’extrême-droite et d’une « désintégration de l’Union européenne »: telle est la voie qu’a choisie Theo Francken pour prôner le durcissement des règles en matière de flux migratoire. L’analyse économique, elle, est clairement restée dans le placard.

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