Tests sur des animaux: Gaia pointe les manquements de la législation

Le Vif

L’association de défense des droits des animaux Gaia a créé un film d’animation d’environ 6 minutes, mis en ligne mercredi à la veille de la Journée mondiale des animaux dans les laboratoires (le 24 avril).

La vidéo vise à sensibiliser le grand public à la problématique des tests laboratoires sur des animaux, pratiqués en Belgique et en Europe par de nombreuses entreprises (chimiques, pharmaceutiques…) ou institutions de recherche scientifique. Le message est résumé ainsi par la directrice de Gaia: « Il ne faut pas croire tout ce que les scientifiques nous disent. Les tests sur les animaux ne sont pas indispensables à l’avancée de la science ». « Les scientifiques vous font croire que c’est utile, que c’est un moindre mal au bénéfice de la santé humaine », affirme Ann De Greef. « Mais même un petit enfant peut comprendre qu’un lapin ou un rat est différent d’un homme, et que les effets d’une substance sur un animal ou un humain ne sont pas comparables ».

Au niveau belge et européen, l’utilisation d’animaux pour des tests de laboratoire est pourtant réglementée. Le principe stipulant que des méthodes alternatives doivent être privilégiées si elles existent est inscrit dans la loi belge. Un arrêté royal régulièrement mis à jour précise les différentes interdictions, tenant compte des avancées scientifiques alternatives.

Chaque laboratoire utilisant des animaux doit également recevoir un agrément fédéral et constituer une commission éthique locale. « Pour obtenir l’agrément, le responsable doit fournir (…) les informations sur le type d’expériences, les soins aux animaux et le niveau de formation du personnel », note le SPF Santé publique sur son site internet. La « Commission éthique locale » de chaque établissement est quant à elle chargée d’évaluer l’utilité et l’aspect éthique de chaque expérience animale prévue. Le système est complété d’un Comité déontologique national, qui « analyse toute la problématique de l’utilisation des animaux dans les expériences ».

Confrontée à la législation existante, Ann De Greef reconnait que le film créé par Gaia « caricaturise » la situation dans un objectif de clarté et de sensibilisation. Elle pointe toutefois d’importantes failles dans le système belge (et européen). « Les commissions éthiques locales jugent les protocoles proposés, mais elles ne sont composées que de scientifiques, des gens qui sont à la fois juges et parties », tranche la directrice de Gaia. « Il n’y aucune transparence sur ce que décident ces commissions éthiques, et le contrôle fédéral du respect des règles se fait de derrière un bureau ». Impossible donc, selon elle, de vérifier que les obligations inhérentes à l’obtention de l’agrément sont bien respectées.

L’association craint une détérioration de la situation avec le prochain passage du « bien-être animal » dans les compétences des régions. « C’est un combat que l’on a perdu », commente Ann De Greef. « Un rat de laboratoire pourrait donc bientôt être traité différemment en Wallonie, en Flandre et à Bruxelles ».

Selon les derniers chiffres annuels du SPF Santé publique, 600.986 animaux de laboratoire ont été utilisés en Belgique en 2012. Plus de la moitié (53%) des « cobayes » ont servi à développer ou contrôler des produits de santé, comme les médicaments par exemple. Les chercheurs universitaires sont le deuxième grand consommateur de souris, rats et autres, avec près de 40%. Le nombre total d’animaux utilisés était en 2012 en diminution de 9,64 % par rapport à l’année précédente. Il s’agissait du niveau le plus bas atteint depuis l’année 2000. Près de 8 « cobayes » sur 10 sont des souris ou rats. Le reste de la population animalière de laboratoire se partage essentiellement entre poissons et lapins.

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