Suite de notre enquête sur les étranges affaires de l’Eglise: la directrice de l’asbl Rafaël licenciée pour conflit d’intérêts

David Leloup
David Leloup Journaliste

L’assureur funéraire Dela annonce avoir licencié sa courtière Anne Idago. Cette dernière, également directrice de l’asbl Rafaël au centre d’une enquête du Vif, Knack et la RTBF, aurait abusé de sa position d’autorité pour faire signer des contrats à des sans-papiers et empocher des commissions.

Conséquence directe de notre enquête sur l’asbl Rafaël, publiée mercredi par Le Vif, Knack et la RTBF, la compagnie d’assurances funéraires Dela annonce avoir licencié aujourd’hui sa courtière Anne Idago, également directrice de l’association d’aide aux plus démunis. « Nous l’avons licenciée pour cause de conflit d’intérêts et de pratiques de vente inappropriées », déclare Marysia Kluppels, porte-parole de Dela.

Nos investigations ont montré qu’en tant que directrice de Rafaël, Idago a fait signer 20 contrats d’assurances obsèques à des résidents démunis, dont des sans-papiers qui n’avaient aucun revenu. Six de ces polices d’assurance ont été payées en cash à un guichet de la banque de la Poste. Les preneurs d’assurance n’étaient pas au courant de ces paiements, qu’ils affirment ne pas avoir effectués. L’origine des fonds reste actuellement un mystère.

Ce qui est sûr, par contre, c’est qu' »au total, Anne Idago aura perçu entre 5.683 et 7.418 euros de commissions sur ces vingt polices », nous a précisé la porte-parole de Dela. La directrice de Rafaël est enregistrée depuis août 2017en tant que « sous-agent d’assurances » auprès de l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA).

« Nous pensons qu’il est éthiquement incorrect pour Idago de jouer le rôle de courtière en assurances pour ces personnes qui sont dans une situation de pauvreté. Il est clair qu’une assurance funéraire n’est pas le premier besoin pour eux », déclare encore la porte-parole. Selon Idago, les résidents eux-mêmes auraient demandé une assurance suite à un décès dans le centre d’accueil, l’ancienne clinique Sainte-Anne à Anderlecht.

Ce mercredi, Le Vif, Knack et la RTBF ont révélé que sous la gestion d’Idago, plusieurs résidents du centre ont été victimes d’exploitation et que l’actif le plus important de l’association, un bâtiment estimé à plus de 3 millions d’euros, a été cédé gratuitement par l’asbl à l’archevêché de Malines-Bruxelles. L’asbl Rafael a également accordé à sa directrice un « prêt de soudure » de plus de 125.000 euros pour financer son divorce. Ce prêt a été financé par un emprunt de l’asbl à l’archevêché de Malines-Bruxelles, selon le président de Rafaël, Mgr Herman Cosijns, par ailleurs secrétaire général de la Conférence épiscopale.

Pas d’action en justice… pour l’instant

Pour l’instant, Dela n’envisage pas d’action en justice. « Techniquement, les dossiers sont en ordre », déclare la porte-parole. « Notre décision est purement motivée par l’éthique. Il s’agit d’une mise en demeure fondée sur un conflit d’intérêts. »

Le documentaire « Dons aux pauvres, l’étrange disparition » sera diffusé ce mercredi soir à 20h20 sur la Une (RTBF) dans le magazine #Investigation et sera disponible sur Auvio via ce lien.

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