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Stéphane Roberti, ex-bourgmestre de Forest: la vague verte et les emmerdes (portrait)

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Le bourgmestre écologiste de Forest, absent depuis un an et demi pour cause de burnout, a annoncé sa démission. Il sera remplacé par Mariam El Hamidine. Mais son départ n’éteint pas toutes les polémiques.

Il se sentait porté par une vague verte, il a fini emporté par les emmerdes. Le 14 octobre 2018, jour des élections communales, Stéphane Roberti avait tout gagné. La liste Ecolo-Groen qu’il menait, en tant que président du CPAS depuis 2006, profitait de l’effondrement des socialistes et du bourgmestre sortant, Marc-Jean Ghyssels, pour prendre la main. Avec leurs onze sièges sur 37, les verts devenaient le premier parti de cette commune mixte de 56 000 habitants, symétriquement coincée entre Uccle et Anderlecht, et Stéphane Roberti pouvait se croire sorti des emmerdes. Il en avait traversé de solides ces dernières années, au sein d’une majorité PS – Ecolo – DéFI dont il avait concentré, sur son seul nom ou presque, toutes les tensions. Une procédure de recrutement dont on lui reproche la chaotique organisation a d’ailleurs valu une infamante condamnation au CPAS de Forest par le tribunal du travail, et plusieurs polémiques ravageuses ont entaché la fin de son deuxième mandat présidentiel.

Lui, l’écolo de toujours, militant dès avant ses 20 ans, dans la commune bruxelloise de Boitsfort, dont son frère Tristan, aujourd’hui député régional, sera échevin, lui le cycliste du quotidien, avec ses cheveux longs et son éternelle marinière, le travailleur social éveillé à l’action collective chez les louveteaux et les scouts, le jeune père de famille installé dans un habitat groupé, tenait sa revanche.

Stéphane Roberti, dont on dit pourtant que c’est plutôt l’engagement social que la question environnementale qui l’a mobilisé, allait s’allier avec le MR et le CDH, et ensuite avec DéFI, pour jeter les socialistes hors du collège. Les discussions avec les deux autres partis avaient commencé bien avant le scrutin. Avec DéFI, les quatre partenaires signent l’acte de candidature de Stéphane Roberti au maïorat. Ses emmerdes avaient l’air derrière lui.

Elles ne faisaient que commencer.

Rameuté par le Parti socialiste, poussé par la base de sa locale et par le sommet de sa régionale, Stéphane Roberti se ravisait. Il deviendrait bourgmestre, certes, mais à la tête d’une coalition verte-rouge. Un arrangement juridique un peu piteux permettait à cette miraculeuse majorité de s’installer malgré les signatures d’un autre pacte de majorité, quelques jours plus tôt. Enfin bourgmestre, Stéphane Roberti n’échapperait pas aux conflits et aux tensions qu’il pensait avoir laissés dans son bureau du CPAS. Fin 2020, il annonçait vouloir « prendre du temps pour sa famille », se déclarait empêché, et l’échevine écologiste Mariam El Hamidine devenait bourgmestre faisant fonction. Les emmerdes l’avaient rattrapé. Il pensait qu’une pause les écarterait, elles allaient au contraire en profiter: fort justement soulignées par l’opposition forestoise, dont celle de DéFI, qui a pourtant, par le ministre Bernard Clerfayt, la tutelle sur les communes, et celle du MR dont le chef de groupe, Cédric Pierre, est l’héritier d’une députée-bourgmestre absente pour maladie pendant des années, les ambiguïtés du statut du bourgmestre de Forest allaient devenir une affaire: d’abord simplement empêché, puis en congé maladie pour burnout, Stéphane Roberti était toujours payé. L’administration communale lui coupa un moment les vivres. La tutelle n’était pas sûre qu’il serait indemnisé par la mutuelle s’il démissionnait. Aujourd’hui qu’il l’a fait, il n’est pas tiré d’affaire pour autant: il pourrait devoir rembourser une partie des émoluments perçus. La vague verte est derrière lui, mais il n’en a pas fini avec les emmerdes.

Dates clés

  • 1974 Naissance à Uccle.
  • 1993 Adhère à Ecolo.
  • 1994 Candidat aux communales à Watermael-Boitsfort.
  • 2006 Président du CPAS de Forest.
  • 2018 Bourgmestre de Forest.

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