
Station polaire Princess Elisabeth : manipulations budgétaires ?
Un récent rapport de l’Inspection des Finances accuse de manipulations budgétaires la Fondation polaire internationale (IPF).
Mme Sleurs a réclamé des explications « claires » avant d’accepter de payer quelques factures encore en souffrance. La station de recherche Princess Elisabeth, qui fonctionne depuis 2009, est la première station polaire « zéro émission ». Son financement est assuré à la fois par le gouvernement fédéral, qui lui alloue chaque année une dotation de trois millions d’euros, et par des partenaires du secteur privé, parmi lesquels l’IPF.
Mais les relations sont parfois difficiles entre M. Hubert et l’Etat, à qui il reproche d’être mauvais payeur. Quant à l’ancien directeur de la politique scientifique fédérale, Philippe Mettens, il avait déposé plainte contre le président de l’IPF, accusant l’explorateur polaire de prises illégales d’intérêt et de conflits d’intérêts dans la gestion de la station.
En riposte, M. Hubert avait à son tour déposé plainte contre M. Mettens pour dénonciation calomnieuse et calomnies. « Maintenant qu’il est parti (après avoir vu son mandat non renouvelé début avril, ndlr), j’espère être payé rapidement », a dit M. Hubert au ‘Morgen’.
Mais Mme Sleurs (N-VA) n’entend toutefois pas exécuter les paiements des factures sans contrôle. Car l’Inspection des Finances a rendu un avis défavorable et évoque même des manipulations afin de gonfler les prix au-delà de l’enveloppe fixée. L’Inspection recommande un contrôle préalable plus strict sur l’IPF. « Nous trouvons que la station est importante pour la recherche et le rayonnement international de la Belgique. Nous n’allons pas l’assécher, trois millions d’euros sont à nouveau prévus dans le budget », a affirmé le porte-parole de Mme Sleurs. « Mais nous réclamons une explication claire sur les dépenses avant de payer les factures », a-t-il ajouté.
M. Hubert ne préside pas seulement l’IPF, il est aussi le président du Secrétariat polaire, l’organisme privé-public qui associe les différentes parties à la base scientifique en Antarctique et qui finance l’IPF.L’accord gouvernemental de l’équipe Michel 1er prévoit une réforme du secrétariat, qui devrait devenir une « ASBL internationale ». Au ‘Morgen’, M. Hubert affirme que l’on ne peut rien lui reprocher et qu’il attend la mise en oeuvre de la réforme ». « Je ne peux qu’espérer que la nouvelle structure apportera quelque réconfort. Mais c’est très lent et nous sommes pressés. C’est pourquoi je m’adresse à Charles Michel », le Premier ministre, ajoute-t-il.
Alain Hubert parle d’un « montage » contre la Fondation
L’explorateur Alain Hubert dénonce vendredi un énième « rebondissement malheureux » et un nouveau « montage de l’administration » à l’encontre de la Fondation polaire internationale (IPF). A peine rentré de mission en Antarctique, il a appris qu’un récent rapport de l’Inspection des Finances accuse l’IPF, qu’il préside, de manipulations budgétaires. « Je n’ai jamais pu consulter ce rapport », dit-il. Il regrette une nouvelle « perte de temps et de crédibilité ».
« C’est une vieille affaire, je n’ai rien à dire là-dessus », réagit d’abord le célèbre aventurier belge lorsqu’on l’interroge sur les griefs qui lui sont adressés par l’Inspection des Finances. « C’est une affaire politique. De notre côté, nous n’avons rien à nous reprocher », assure-t-il. « Nos factures sont claires. Nos dépenses sont budgétisées et, lorsque nous dépassons le budget, c’est nous qui devons payer. On fait tout pour que la Belgique soit gagnante. »
Créée en 2002, l’IPF soutient la recherche scientifique dans les régions polaires. On lui doit notamment la création de la station polaire Princesse Elisabeth, la première station « zéro émission ». Son financement est assuré à la fois par le gouvernement fédéral, qui lui alloue chaque année une dotation de trois millions d’euros, et par des partenaires du secteur privé, parmi lesquels l’IPF.
Pour Alain Hubert, l’administration lui met des bâtons dans les roues dans l’espoir de transformer sa Fondation en organisme entièrement public. Pourtant, « nous sommes un projet qui tourne » et le partenariat public-privé est la meilleure solution, estime-t-il. Dans son avis, l’Inspection des Finances dénonce des factures artificiellement gonflées et accuse la Fondation de favoriser des entreprises liées à Alain Hubert.
« Il y a une incompréhension des pouvoirs publics par rapport aux réalités économiques du privé », répond M. Hubert. « Nous ne sommes pas soumis aux marchés publics », insiste-t-il également.