Une marche de soutien à Jürgen Conings © Belga

Soutien à Jürgen Conings : « Les opinions sont libres »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Jürgen Conings bénéficie d’énormément de soutien sur les réseaux sociaux, y compris de la part de militaires qui n’hésitent pas afficher publiquement leur soutien.

Les marques de soutien au militaire en fuite se sont multipliés, ces derniers jours : sur les réseaux sociaux, les messages d’admiration et d’extrême droite abondent. Certains vont jusqu’à proposer une douche, un bain ou encore un refuge au caporal-chef , fiché par l’OCAM, qui a menacé de s’en prendre aux structures de l’État et à plusieurs personnalités, dont le virologue Marc Van Ranst. Face à ce soutien, Facebook a retiré le profil de Conings ainsi qu’un groupe de soutien. « Tous les éloges à l’égard de Jürgen Conings seront supprimés dès que Facebook en aura pris connaissance », affirme une porte-parole du réseau social. Le groupe « Als 1 achter Jürgen » (Comme un seul homme derrière Jürgen) comptait plus de 45 000 membres.

« Nous avons retiré ce groupe parce qu’il violait nos politiques concernant les personnes et les organisations dangereuses », déclare la porte-parole. « Les contenus, groupes et pages qui font l’éloge ou soutiennent les terroristes, comme Jürgen Conings, ne sont pas autorisés sur Facebook ou Instagram. »

Facebook devrait fournir plus d’explications

Interrogé par le quotidien Het Laatste Nieuws, le professeur Ike Picone, spécialisé en nouveaux médias, confirme que Facebook a le droit de retirer les pages qui enfreignent les règles imposées par le réseau social. Il estime toutefois que Facebook devrait expliquer sur les pages supprimées qu’il s’agit d’un terroriste présumé au lieu d’afficher simplement ‘non disponible. « Aujourd’hui, on risque d’éloigner encore plus les followers de ce genre de groupe de tout ce qui est mainstream. Ils risquent de se dire : ‘Vous voyez, bien, le système est contre nous. »

Il y a également des militaires y soutiennent publiquement Jürgen Conings. Selon le journal Le Soir, il y a parmi eux le premier caporal-chef à l’Ecole royale militaire, un autre du même grade en poste au champ de tir à Beverlo, ou encore, un chauffeur gradé à Evere.

Sur Twitter, le général-major Marc Thys, numéro deux de l’armée belge, condamne fermement les militaires qui soutiennent Conings. « Je suis attristé de voir que certains militaires se joignent aux campagnes de soutien à JC. Quels que soient ses états de service, il a brisé son serment militaire par son comportement et ses actions. Il a jeté les valeurs de l’organisation par-dessus bord », tweete-t-il.

https://twitter.com/general_thys/status/1396157584500006912General Marc Thyshttps://twitter.com/general_thys

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L’amiral Michel Hofman, chef de la Défense, regrette également « profondément » qu’au sein d’une partie du département de la défense et de la population en général, Conings soit dépeint comme une victime, un résistant ou un héros.

La ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS) estime quant à elle que les militaires qui soutiennent le caporal-chef « nuisent à la réputation et à l’honneur des 25 000 personnes qui composent la Défense. Il n’y a pas de place pour les idéologies violentes et extrémistes au sein de la défense. Nous répéterons tant qu’il le faudra que l’extrémisme, le sexisme et le racisme n’ont pas leur place au sein de l’armée », martèle-t-elle.

Les opinions sont libres

« On va étudier de près le profil de ces militaires, mais les choses ne sont pas faciles, car on touche vraiment à la vie privée et aux opinions qui sont libres. Pour l’instant, nous sommes en plein dans l’affaire, on ne va donc stigmatiser personne. Par la suite, ces personnes vont probablement être appelées par leur hiérarchie pour expliquer jusqu’où elles sont prêtes à soutenir Jürgen Conings », déclare une source anonyme au Soir.

Le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD) plaide pour que les messages haineux soient passibles d’une peine. En révisant l’article 150 de la Constitution, les délits politiques et de presse ne doivent plus passer devant la cour d’assises – ce qui n’arrive pratiquement jamais – mais peuvent passer le tribunal correctionnel.

« Il est incongru que les délits de presse incitant à la haine, à la violence et à la discrimination en raison de l’origine, de la religion, de la race, du sexe et des convictions ne puissent pas être poursuivis devant un tribunal pénal », déclarait-il au quotidien De Tijd en janvier dernier.

Selon Jogchum Vrielink, professeur de droit à l’Université Saint-Louis à Bruxelles, plusieurs propositions de révision sont sur la table, « mais il n’est pas certain que l’on trouve une majorité des deux tiers pour le moment », déclare-t-il au Tijd. « Si vous rendez les discours de haine passibles de poursuites, vous menacez également la liberté d’expression. Il ne semble pas très logique d’avoir un régime constitutionnel différent pour les discours de haine que pour les autres expressions d’opinion punissables. »

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