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Sous le joug d’Avatar, une nouvelle église scientologique ?

Muriel Lefevre

Un mouvement sectaire américain, semblable à la scientologie, gagnerait du terrain dans nos contrées selon De Standaard. Des familles inquiètes ont sonné l’alarme.

Pour ceux d’Avatar il n’est pas question d’une secte, mais bien d’un centre pour trouver le chemin vers la pleine conscience. « Cela n’a rien à voir avec un culte », explique Pieta van der Ham, cadre d’Avatar aux Pays-Bas.

Pourtant, un groupe d’étude sectaire, « Studie en Adviesgroep Sekten », n’est pas de cet avis : « Avatar a des caractéristiques sectaires claires », dit Olivier Faelens son directeur dans De Standaard. « D’abord, il y a un leader autoritaire qui est l’élément central et la force motrice du groupe. Ensuite, on est face à une structure pyramidale, des montants élevés pour assister à des cours ainsi qu’à une pression des membres du groupe pour continuer à suivre les cours. Ce n’est pas pour rien que plusieurs proches de personnes « adeptes » d’Avatar sont venus demander de l’aide à l’association. »

Il y a par exemple cet avocat qui s’est laissé séduire par Avatar. « En deux ans, on lui a lavé le cerveau », dit un de ses amis dans le quotidien flamand. « Il s’est mis à emprunter de l’argent et à faire du prosélytisme. Il insiste à chaque fois pour que l’on participe à des sessions d’information. Et si on refuse, il s’énerve. Il s’est aussi rendu plusieurs fois à Orlando, ou se trouve les bureaux d’Avatar. Récemment, il a même vendu sa voiture pour se payer un billet d’avion. On dirait qu’il n’y a plus qu’avatar dans sa vie » dit encore son ami.

Aux Pays-Bas, le mouvement est beaucoup plus implémenté que chez nous. Le journal NRC Handelsblad a dévoilé il y a quelque temps que le mouvement avait réussi à s’infiltrer dans certaines communes et même auprès de certains enseignants. Des allégations fermement réfutées par Avatar. « C’est ridicule, le cours ne fonctionne que chez les personnes qui le veulent vraiment. » Il n’y aurait, quoi qu’il en soit, pas de preuves de telles tentatives en Belgique, pour le moment, selon Olivier Faelens.

Un ancien de la scientologie

La méthode Avatar a été développée en 1986 par l’américain Harry Palmer et promet d’ouvrir le chemin vers un développement personnel.Elle se présente comme la solution pour la paix mondiale. Le cinquième niveau du cours fournirait les « ressources » nécessaires pour « transformer la civilisation ».

Harry Palmer se présente comme quelqu’un qui a étudié la psychologie, le yoga, le taoïsme, la philosophie religieuse appliquée, le bouddhisme et de nombreux autres systèmes de croyances. Il dit aussi qu’il a une maîtrise en sciences de l’éducation.

Dès les années 1970, il ouvre le Center for Creative Learning, une succursale de l’Église de Scientologie à Elmira, dans l’État de New York. Il le dirige pendant une quinzaine d’années, jusqu’au jour où des différends financiers l’opposent à ses disciples et à l’Église de Scientologie qu’il est alors obligé de quitter. Il va dès lors mûrir une technique particulière basée « sur ses propres expériences ».

Le mouvement fait vite des émules. On dénombre 400 diplômés en 1987 et 4000 en 1989. La même année, les cours sont proposés dans 500 centres, 26 pays et 8 langues. Après quelques soubresauts en interne, la forte progression de la fin des années 1980 va pourtant se ralentir. Sans pour autant mettre fin au mouvement.

Un programme très cher

Il y aurait aujourd’hui plus de 8 000 « maîtres avatars », ceux qui sont autorisés à donner des cours, dans le monde. On n’en connaît par contre pas le nombre exact de personnes qui ont suivi ces cours.

Le programme, qui se donne aujourd’hui partout dans le monde coûte cher. Pour 272 euros, on peut suivre une « formation » de deux jours. Un séminaire qui vous permet d’acquérir les techniques indispensables pour atteindre cette conscience qui est au centre d’Avatar. La deuxième partie du cours Avatar grimpe déjà à 544,50 euros. Il « clarifie et déploie un canal de perception extrasensorielle vers l’univers physique ». Enfin pour acquérir suffisamment de connaissance pour devenir un « magicien », la cinquième et ultime étape, il vous faudra tout de même dépenser 15 000 euros, hors frais d’hôtel et de voyage.

« C’est une formation de développement personnel comme il en existe d’autres sur le marché. Il n’est pas question ici d’un leader manipulateur. » se défend pourtant Pieta van der Ham dans De Standaard. « Selon moi, la motivation d’Harry Palmer n’est pas financière. Si vous voulez gagner de l’argent, je pense que vous choisissez une autre branche. »

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