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« Si le roi n’invite pas le Vlaams Belang, il fait une erreur »

Muriel Lefevre

Le Vlaams Belang n’a encore jamais pris le café avec le roi. Est-ce que c’est sur le point de changer ? « Le roi n’a pas d’autre choix que d’inviter le Vlaams Belang », dit Mark Van den Wijngaert, spécialiste de la famille royale dans De Standaard. Sinon, il viole sa neutralité.

En ce moment, le roi reçoit un président de parti après l’autre. Selon le porte-parole du Vlaams Belang, son parti n’aurait pas encore reçu d’invitation et doute d’en recevoir une. « Comme d’habitude, le roi va ignorer le choix d’une grande partie des Flamands »

Une affirmation qui n’est pas tout à fait vraie, précise le quotidien. Le roi Baudouin avait déjà envoyé une invitation en 1978 au parti qui s’appelait à l’époque encore le Vlaams Blok. Sauf que le président d’alors, Karel Dillen, l’a déclinée. Lui, comme beaucoup de président du Vlaams Belang, ne peut tout simplement pas accepter une invitation de la cour sans se renier. Sur le site du parti on pouvait encore lire en 2008 que « la monarchie belge est un instrument pour perpétuer le pouvoir des francophones et assurer la survie de l’Etat belge en tant que tel. »

Pour l’instant, le palais se refuse à tout commentaire, se bornant à dire « qu’il ne communique que sur les consultations que lorsqu’elles ont été enregistrées ». Selon le professeur d’histoire contemporaine et spécialiste de la monarchie Mark Van den Wijngaert (KU Leuven), le roi ferait une erreur s’il ne reçoit pas Tom Van Grieken. Il ne peut pas ignorer les résultats des élections. En n’invitant pas le Vlaams Belang, il fait un geste politique. Ce qui lui fait perdre sa neutralité et surtout sa crédibilité en tant que médiateur. Ensuite cela passerait vraiment très mal du côté flamand du pays, de quoi aussi raviver les doutes sur son utilité.

Van den Wijngaert pense au  » cauchemar  » qu’était le roi Albert II. Ce dernier n’accordait pas trop d’importance à afficher la neutralité de rigueur et n’a jamais caché son antipathie pour la fédéralisation de la Belgique et les réformes étatiques de plus en plus profondes. Il a aussi servi quelques camouflets à la N-VA. Par exemple quand en 2010 il ne donne que dix jours au clarificateur Bart De Wever pour former un gouvernement.

Ce scénario ne risque cependant pas de se reproduire puisque Philippe est mieux entouré. Vincent Houssiau, son chef de cabinet est un diplomate aguerri qui a fait ses armes dans de nombreux cabinets CD&V. Il aurait aussi la patience et la créativité nécessaire pour naviguer dans les eaux troubles de nombreux vetos déjà prononcés par les différents partis.

Selon le Soir « il a été envisagé que le roi Philippe ne le consulte que de manière indirecte, à travers un intermédiaire qui l’informerait ensuite. Il pourrait faire de même avec le PTB. Le roi avait déjà reçu le PTB à la chute du gouvernement Michel.

Par ailleurs, tant que le cordon sanitaire reste d’application et que les autres présidents de parti informent le Roi de leur refus de collaborer avec le VB, cela n’a que peu de sens de l’impliquer dans la formation du gouvernement.

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