Pascale Peraita et Yvan Mayeur © BELGA

Samusocial: Les rémunérations de Peraïta et Mayeur encore plus élevées qu’annoncées

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

L’ex-présidente du CPAS, Pascale Peraïta (PS), et le bourgmestre démissionnaire de la Ville de Bruxelles Yvan Mayeur (PS) auraient perçu encore plus d’argent qu’annoncé précédemment au sein de l’asbl Samusocial.

Il ne faisait aucun doute depuis les révélations mettant en cause l’opacité de la gestion de l’asbl Samusocial que les deux représentants du PS, Pascale Peraita et Yvan Mayeur, avaient profité de rémunérations excessives. Le Soir a pu consulter l’ensemble des jetons de présence perçus par les administrateurs de l’asbl. Ces chiffres permettent d’avoir une vue d’ensemble sur leurs rémunérations. Le quotidien révèle des chiffres encore plus précis de ces émoluments. Ainsi, Pascale Peraïta a perçu entre 2008 et 2016 pas moins de 113.400 euros de jetons de présence. La somme est plus ou moins équivalente, 112.980 euros, pour Yvan Mayeur.

Ces sommes sont en réalité encore plus élevées vu que la commission d’enquête mise sur pied pour faire la lumière sur la gestion de l’asbl a révélé que les jetons de présence étaient payés depuis 2006. Pascale Peraïta n’est devenue membre du conseil d’administration qu’en 2014, elle a donc perçu des jetons lorsqu’elle était encore la directrice du Samusocial.

La commission d’enquête chargée de passer à la loupe la gestion du Samusocial et les rémunérations de mandats au sein de celle-ci a commencé ses travaux. Pascale Peraita a déjà fait savoir via son avocat qu’elle ne répondrait à aucune question en provenance des commissaires, et qu’elle réservait toutes ses déclarations pour les autorités judiciaires. Yvan Mayeur, de son côté, n’a plus fait d’apparition publique depuis sa démission du poste de bourgmestre au début de ce mois.

Prime de départ

Par ailleurs, Véronique Jamoulle (PS) a posé une question en commission au sujet de la prime de départ de Pascale Peraïta. En 2013, lorsqu’elle est passée présidente du CPAS de Bruxelles, elle avait pris un congé sans solde au sein du Samusocial. Depuis sa démission du CPAS, elle aurait donc dû réintégrer sa fonction de directrice de l’asbl. Les commissaires n’ont pas été en mesure de clarifier cette situation, mais ont juste annoncé que Pascale Peraïta n’avait plus été vue au Samusocial depuis son départ du CPAS.

La direction du Samusocial confirme de son côté qu’elle n’a plus eu aucun contact avec Pascale Peraïta depuis la démission du Conseil d’Administration le 6 juin. « Depuis cette date, la question de son retour en poste au Samusocial n’a à aucun moment été à l’ordre du jour. » « A l’heure actuelle, son congé sans solde court toujours », a encore laissé entendre le service de communication de l’asbl.

Il semblerait également que l’ex-directricee ait droit à une prime de départ. Si cette dernière ne démissionne pas d’elle-même de l’asbl, elle devrait être réintégrée au sein de la structure ou toucher une prime de départ en cas de licenciement.

« Cette prime de départ pourrait être assez élevée, compte tenu de ses rémunérations de l’époque« , déclare Hannelore Goeman (sp.a) à la commission. « Ce serait revanchard si elle pouvait encore la toucher. J’espère qu’elle aura plus de dignité, mais venant de Peraïta, tout est hélas envisageable ».

Or, selon les dires de Christophe Thielens, responsable communication du Samusocial, « aucun accord n’a été conclu entre Grégory Polus, directeur actuel de l’asbl, et Pascale Peraïta concernant une quelconque prime de départ« . Il nous explique: « Le rôle de Grégory Polus s’est limité à la signature de la convention de congé sans solde, ce qu’il était tenu de faire en tant que Directeur exécutant une décision du Conseil d’Administration. La décision d’octroyer un congé sans solde à Pascale Peraïta ayant été prise uniquement par les membres du Conseil d’Administration. »

L’inspection des Finances entendue ce jeudi

La commission d’enquête entendra l’inspection des Finances ce jeudi matin. Il sera très vraisemblablement question d’un rapport de 2013 dans lequel l’Inspection des Finances avait pointé des manquements dans la comptabilité de cette ASBL en charge de l’hébergement des sans-abri à Bruxelles et un manque de transparence dans la gestion.

L’inspecteur avait notamment pointé un manque de transparence dans les factures. Certaines de celles-ci ne donnaient pas le détail des prestations. Etait par exemple cité, un montant de 4.600 euros, pour le déplacement de 30 personnes à Alicante en Espagne, mais sans précision sur l’objectif et la pertinence.

Le rapport indiquait aussi, toujours en 2013, que l’association, souvent amenée à acheter du matériel ou des services, n’appliquait pas la loi sur les marchés publics. Enfin, l’inspecteur s’interrogeait sur la pertinence de certaines primes au personnel.

Le document mentionnait que la directrice, à l’époque Pascale Peraïta, touchait sur un an 33.000 euros de prime, hors salaire, pour horaires décalés.

Mardi, une des commissaires du gouvernement auditionnées avait indiqué qu’à partir de 2014, on ne trouve plus de trace de dépenses énoncées par le passé telles que des voyages ou frais de bouche. « Depuis 2014, l’opportunité des frais n’est plus douteuse », avait-elle ajouté.

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