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Revue de presse : « La mort ne s’accommode pas du bonheur »

Au lendemain de l’annonce de l’accident du car belge ayant causé la mort de 28 personnes, dont 22 enfants, les quotidiens du pays y font largement écho. Revue de presse.

« Etat de choc », titre Le Soir. Relevant les messages joyeux laissés par les élèves sur le blog de leurs aventures, Béatrice Delvaux souligne que « ces messages, nous les avons tous un jour attendus, anxieusement, après avoir vu nos enfants monter dans un car ou un train pour leur beau voyage ». « Nous l’avons tellement crainte, cette annonce faite au coeur de la nuit aux parents des 22 enfants morts, que leur détresse est devenue la nôtre hier instantanément », écrit-elle.

« Un jour tragique pour la Belgique »: le quotidien économique L’Echo reprend en manchette les termes employés par le Premier ministre Elio Di Rupo en réaction à l’accident et son lourd bilan. Dans l’édito, Christophe De Caevel souligne que les 100 premiers jours d’Elio Di Rupo à la tête du pays n’auront rien eu d’un état de grâce. « Son agenda ministériel affiche un plan d’austérité sans précédent, une tuerie à Liège, la première grève générale en vingt ans, des sondages toujours plus flamboyants pour l’opposition nationaliste et, maintenant, la plus inimaginable des catastrophes », détaille le journaliste.

« La Belgique pleure ses enfants », clame la Dernière Heure en arborant le noir du deuil. Le quotidien consacre quatorze pages à la catastrophe.

« Une » en noir aussi pour L’Avenir qui titre « Deuil National » et « Les mots nous manquent… ». « Les visages en pleurs devant les écoles nous ont renvoyés à nos propres appréhensions d’une façon crue et violente. Hier, nous étions tous parents de ces petites victimes dont la vie a été brisée dans un tunnel suisse », commente Thierry Dupiéreux, rédacteur en chef.

« Deuil national », c’est également le titre retenu par La Libre Belgique. Jean-Claude Matgen parle lui aussi, dans son édito, des angoisses des parents d’enfants partant en classes de neige et du soulagement de les voir revenir sains et saufs. « Mardi, dans un tunnel valaisan, le destin a frappé de jeunes écoliers qui venaient de passer ensemble un séjour sans nuages et des parents tout attendris à l’idée de les revoir mercredi. »

Enfin, les quotidiens du groupe Sud Presse titrent « 21h15: le bonheur fracassé » et consacrent le premier cahier du journal à la catastrophe. Les éditorialistes s’accordent sur le fait qu’il faudra trouver des réponses aux questions, mais plus tard, à tête reposée.

L’incrédulité domine dans la presse flamande

De Morgen s’ouvre sur une page planche avec une chronique de Hugo Camps. « La mort ne s’accommode pas du bonheur », constate Hugo Camps. « L’extrême impuissance de l’ignorance. Il n’y a effectivement pas de mots pour ça. En ce mercredi noir, plus rien n’avait d’importance. Des rêves et des ambitions rangés dans 22 petits cercueils. On préférerait ne pas y être. Ne plus savoir et parler. » Dans l’éditorial du Morgen, An Goovaerts, chef Nieuws, constate qu’il « n’existe pas de réponse satisfaisante pour répondre à cette question: pourquoi mon enfant?  »

Het Nieuwsblad ouvre son journal par « un chagrin incommensurable » et publie les photos des 28 morts et 24 blessés en première page. « Les classes de neige ne sont pas censées se terminer comme cela. Le monde n’est pas soudainement devenu un endroit moins sûr. Mais parfois le destin frappe. Parfois il n’y a plus personne sur qui rejeter la faute, parfois il ne reste plus que l’impuissance », souligne la rédactrice en chef de la cellule politique Liesbeth Van Impe dans son éditorial.

Le quotidien frère De Standaard propose une « une » sobre: « Sierre, 13 mars 2012 – 28 morts, 24 blessés », légende-t-il sous une photo de l’entrée du tunnel où s’est produit l’accident. Le rédacteur en chef, Bart Sturtewagen, parle en page 2 du « pire cauchemar » car « touchés où nous sommes les plus vulnérables: nos enfants ». « Une tragédie nationale arrête le cours normal des choses. Nous savons tous que ces moments sont brefs. Mais tout de même assez longs pour ressentir ce qui est important, dans la vie. Et pour nous rappeler que nous n’en prenons la mesure que quand cela nous est froidement repris. »

La Gazet van Antwerpen publie en « une » un dessin d’enfant souhaitant « un prompt rétablissement ». Paul Geudens, l’éditorialiste, constate que tout le pays est sous le choc. « Ce sont des moments de tristesse immense, mais également de solidarité, de réflexion et des moments où l’on relativise. »

Het Belang van Limburg publie un message de condoléances aux familles des victimes en première page. Le journal ne contient pas de publicité, par respect pour les familles. Dans l’éditorial, le journaliste politique du Belang van Limburg, Eric Donckier, se demande comment cela a pu se produire. Il est trop tôt pour analyser la communication, car on dispose de trop peu d’infos. « Cet accident doit cependant être l’occasion de tirer des leçons pour l’avenir. »

« 22 enfants ne reviendront plus jamais », titre Het Laatste Nieuws, qui publie également en « une » quelques photos des victimes. Le journal publie également sur les pages suivantes des photos du séjour au ski. Le quotidien ne contient pas d’éditorial mais se referme avec des réactions de lecteurs.

Enfin, le quotidien économique De Tijd met également le drame en manchette. « Le pays en deuil après la catastrophe », peut-on lire en « une ». « Une des ambitions principales pour les êtres humains est de laisser un monde meilleurs pour leurs enfants. Hier, le monde ne s’est pas amélioré. Pour 28 familles, il s’est même écroulé », commente Bart Haeck, journaliste politique.

Levif.be, avec Belga

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