Meryame Kitir. © Belga

« Retourne au Maroc si tu n’es pas contente! »: un député VLD dérape puis s’excuse à la Chambre

La Chambre fédérale faisait sa rentrée ce jeudi. Et les élus de la Nation ont fait honneur à la majesté du moment. Une salve de questions sur Caterpillar a inauguré la première séance plénière de l’année au Palais de la Nation.

Le Premier ministre, Charles Michel , a eu à subir une double pression, de l’opposition, qui lui demande d’offrir aux travailleurs de Caterpillar les mêmes conditions de départ qu’à ceux de Ford Genk, mais aussi des autres partis de la majorité, (Open Vld et N-VA en particulier), qui refusent de les faire accéder à 52 ans à la prépension. La cheffe de groupe SP.A, Meryame Kitir, s’est montrée particulièrement critique à l’égard de la très prudente réponse du Premier ministre. Ce qui lui a valu, des rangs de l’Open VLD, une remarque qui a mis les bancs parlementaires sens dessus-dessous. « Retourne au Maroc, si tu n’es pas contente », a en effet lancé le Brabançon Luc Van Biesen à sa consoeur limbourgeoise, elle-même ancienne travailleuse de Ford Genk. Il a ensuite, face à l’indignation générale, présenté des excuses peu applaudies…tout en démentant avoir tenu les propos pour lesquels il s’excusait. « Quiconque me connaît un peu sait que je n’utiliserais jamais ces termes-là », a-t-il expliqué. Sans convaincre.

Réactions de Meryame Kitir et Gwendolyn Rutten

Interrogé pas nos confrères de Knack.be, Meryame Kitir a réagi à l’incident: « Je retourne à ma place, et j’entends dire Van Biesen: « Alors, retourne au Maroc. » Je sursaute, je me retourne et je demande: « À quoi cela rime-t-il? » Mon collègue Kristof Calvo l’a entendu aussi, et nous réagissons tous les deux. Je lui ai d’ailleurs dit que cela ne me faisait pas rire et que je n’en resterai pas là. »

D’après Kitir, Van Biesen a probablement été mis sous pression après l’incident pour faire une déclaration. « Il dit qu’il a été mal compris, mais cela ne fait que confirmer mon histoire, car il utilise les mots ‘peu importe leur origine’, mais je n’ai pas parlé du tout de l’origine des employés de Caterpillar. »

Les propos sont graves, conclut Kitir, mais « d’autant plus qu’il dément. Que ce genre d’incident ait lieu au parlement ou en dehors, il prouve que le racisme est toujours présent. C’est inacceptable. »

La présidente de l’Open VLD Gwendolyn Rutten et le chef de fraction Patrick Dewael disent déplorer l’incident. « Les mots d’un député comptent toujours et partout. Peu importe ce que voulait dire Van Biesen, son intervention était déplacée. Nous regrettons cet incident inacceptable, quel que soit le moment ou le lieu. Il est positif que Van Biesen ait présenté ses excuses. » (SD)

Le président de l’assemblée condamne des propos « indécents » et « déplacés »

Le président de la Chambre Siegfried Bracke a qualifié d' »indécents » et de « déplacés » les propos prêtés au député Open Vld Luk Van Biesen. « Ce sont des propos qu’on ne doit pas entendre en dehors d’une enceinte parlementaire, et encore moins dans l’hémicycle », a réagi M. Bracke dans un entretien avec l’agence Belga.

Le président de la Chambre avait déjà indiqué durant les débats que s’ils étaient avérés, les propos rapportés par les députés siégeant aux côtés de Luk Van Biesen dans l’assemblée étaient inappropriés. Le cas échéant, il avait invité le député libéral flamand à présenter des excuses à Mme Kitir. Comme la majorité des députés, Sigfried Bracke, pas plus que la greffière et son adjoint, n’ont pu entendre la remarque de Luk Van Biesen.

Ce dernier a nié avoir tenu de tels propos entendus notamment par Meryame Kitir et le député de Groen Kristof Calvo. Luk Van Biesen a toutefois fini par présenter des excuses au cas où sa remarque avait pu avoir été sujette à une mauvaise interprétation. Meryame Kitir n’a pas goûté à ce qu’elle ne considère pas comme des excuses et exigé un entretien avec le président de la Chambre à l’issue d’un incident qualifié de « très grave ».

Ce dernier a indiqué que plusieurs députés lui avaient confirmé avoir entendu l’appel à « retourner au Maroc ». Condamnant ce type de propos, Siegfried Bracke a toutefois indiqué qu’il se trouvait dans l’impossibilité d’envisager des sanctions à l’endroit d’un député, au nom de la liberté d’expression totale et l’immunité dont jouissent les parlementaires dans l’exercice de leur fonction.

« On continuera donc à dire ce qu’on veut au parlement, ce qui ne m’empêchera pas de persister à marquer mon désaccord avec ce type de propos », a conclu M. Bracke. (Belga)

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