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Retour des mesures sanitaires : comment en est-on arrivé là ?

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Les contaminations flambent et les hospitalisations repartent à la hausse au point que les ministres compétents ont décidé d’avancer le Comité de concertation. Comment en est-on arrivé là alors que 74% de la population belge est vaccinée ?

Entre le 17 et le 22 octobre, le nombre de contaminations a augmenté de 75% pour atteindre une moyenne de 5.300 cas par jour. Et le nombre d’hospitalisations augmente de 56% par rapport à la période de référence précédente. Chaque jour, plus de 13,3 personnes décèdent des suites du coronavirus.

Face à cette quatrième vague du virus, le Comité de concertation, qui se réunit en virtuel ce mardi à 16h30, prendra une série de mesures pour tenter de diminuer la circulation du virus. Il devrait élargir l’exigence du port du masque à l’intérieur (abrogé par la Flandre depuis le 1er octobre) – notamment dans les magasins – ainsi que l’application du Covid Safe Ticket (CST). Il encouragera probablement aussi la poursuite du télétravail et maintiendra la phase fédérale de la gestion de la crise sanitaire.

Il semble loin le temps où les experts affirmaient qu’un taux de vaccination de 70% signifierait un retour à la liberté. Aujourd’hui, alors que plus de 8,5 millions de Belges sont complètement vaccinés (soit 74% de la population, et 86% de la population adulte), le gouvernement se voit contraint de réinstaurer une série de mesures sanitaires.

Un taux de vaccination de 85 à 90%

Interrogé par la VRT, Pierre Van Damme, épidémiologiste à l’Université d’Anvers, et membre de la taskforce vaccination, explique que le variant delta est plus contagieux que le virus d’origine et que l’immunité de 70% ne suffit donc plus. Pour atteindre une immunité de base, il faut un taux de vaccination de 85 à 90%, un chiffre qui ne suffira pas à contenir la circulation du virus, selon Van Damme, mais qui devrait suffire à contrôler le nombre d’hospitalisations.

Il souligne toutefois que si aujourd’hui il y a bien moins de personnes à l’hôpital que lors des trois premières vagues, c’est grâce à la vaccination. Sans le vaccin, ces chiffres seraient multipliés. À ce jour, il y a 1275 personnes hospitalisées, dont 264 en soins intensifs. Rappelons que lors de la première vague (en avril 2020), il y avait plus de 5700 patients à l’hôpital, lors de la deuxième vague (en novembre 2020) plus de 7000 et lors de la troisième vague (en avril 2021) plus de 3000.

Comme un parapluie

Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) recourt à une jolie métaphore pour expliquer le problème. « C’est comme un parapluie. Le vaccin est un excellent parapluie contre la pluie. Mais s’il pleut très fort, qu’il continue à pleuvoir et qu’en plus le vent se lève, il arrive que certaines personnes soient mouillées malgré le parapluie« , explique-t-il à la VRT. Il souligne toutefois qu’il n’est pas question de sacrifier des libertés et de fermer des secteurs, mais appelle à la prudence et plaide pour le port du masque.

A ce jour, 55% des personnes hospitalisées sont vaccinées, un chiffre normal étant donné que la grande majorité de la population adulte est vaccinée. « Près de la moitié des patients ne seraient pas hospitalisés, s’ils avaient été vaccinés », rappelle le biostatisticien Tom Wenseleers dans les colonnes du quotidien De Morgen.

Quelles mesures sommes-nous encore prêts à prendre ?

Selon lui, la vaccination et les troisièmes doses injectées aux personnes vulnérables permettent de faire baisser la mortalité du coronavirus au niveau de la grippe saisonnière. Il rappelle que le covid entraîne une mortalité 25 fois supérieure à celle de la grippe saisonnière. Pour Wenseleers, une fois la population vaccinée et les troisièmes doses injectées aux personnes vulnérables, il faudra se poser la question sur les mesures que nous sommes prêts à prendre pour réduire davantage le risque. « Surtout lorsque les personnes les plus durement touchées sont des personnes non vaccinées qui ont voulu prendre le risque malgré tout », conclut-il.

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