Alors que le rock et le jazz font un malheur dans la jeunesse occidentale des années 1950, les stilyagi, version russe des zazous parisiens, se procurent leur musique sous le manteau. Notamment sous la forme d'enregistrements pirate gravés sur... d'anciennes radios médicales. © DR

« Restless Youth », cette expo qui retrace les actes de rébellion de la jeunesse de 45 à nos jours

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Des barricades de Mai 68 à celles de Kiev. Tour d’horizon.

Voilà une exposition qui ne manquera pas de résonner avec l’air du temps. Non pas que Restless Youth, le nouveau parcours proposé par la Maison de l’histoire européenne pour les douze prochains mois, ait vraiment eu besoin d’un coup de pouce de l’actualité : en proposant de jeter un oeil sur la contestation jeune depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle devrait en effet parler à un large public.

Depuis la chute de l'empire soviétique, l'Europe de l'Est expérimente, certes, une nouvelle liberté. Elle ne manque cependant pas d'occasion de contester certains conservatismes. Comme cette association gay ukrainienne, qui a détourné le logo d'un célèbre magasin de meubles pour parader dans les rues de Kiev.
Depuis la chute de l’empire soviétique, l’Europe de l’Est expérimente, certes, une nouvelle liberté. Elle ne manque cependant pas d’occasion de contester certains conservatismes. Comme cette association gay ukrainienne, qui a détourné le logo d’un célèbre magasin de meubles pour parader dans les rues de Kiev.© DR

Mais à l’heure où les élèves de secondaire battent le pavé tous les jeudis pour imposer l’urgence climatique dans l’agenda politique, sa remise en perspective n’en a que plus de pertinence.

Si le régime soviétique a passé son temps à cracher sur le grand capital, il n'est pas toujours resté tout à fait insensible à certains de ses artefacts. Quitte à les mettre à sa sauce. Comme ce scooter Vyatka, singeant la célèbre Vespa, remplaçant le logo de la marque italienne par le marteau et la faucille.
Si le régime soviétique a passé son temps à cracher sur le grand capital, il n’est pas toujours resté tout à fait insensible à certains de ses artefacts. Quitte à les mettre à sa sauce. Comme ce scooter Vyatka, singeant la célèbre Vespa, remplaçant le logo de la marque italienne par le marteau et la faucille.© DR

C’est peu dire que la contestation, et son récit, ont le vent en poupe. Ces derniers mois, à la faveur des 50 ans des événements de Mai 68, à Bruxelles, les expos sur le sujet n’ont d’ailleurs pas manqué – de Resist ! à Bozar à Get Up Stand Up ! au Mima, en passant par Records & Rebels à l’ING Art Center. Restless Youth a ses propres atouts. Installée dans le parc Léopold – squatté notamment en semaine par les… élèves du célèbre lycée voisin -, la Maison de l’histoire européenne a découpé son parcours en quatre séquences : l’après-Seconde Guerre mondiale, la rébellion des années 1960-1970, les désillusions des années 1980-1990, et une dernière salle qui s’essaie à une radioscopie de ceux qu’on a baptisé les millenials. Volontiers ludique, tirant sur la ficelle de la nostalgie (sans la déchirer), la mise en scène du propos ne peut évidemment éviter certaines évidences, largement rabâchées, veffleurant les sujets plutôt que les creusant.

Portée par l'idéologie communiste qui en faisait le coeur de son projet révolutionnaire, la jeunesse d'Europe de l'Est n'est jamais restée insensible pour autant à la nouvelle donne pop, pratiquée à l'Ouest. Perméable, le rideau de fer n'a pas pu retenir la vague Beatles, comme en témoigne ce poster hongrois, daté de 1969.
Portée par l’idéologie communiste qui en faisait le coeur de son projet révolutionnaire, la jeunesse d’Europe de l’Est n’est jamais restée insensible pour autant à la nouvelle donne pop, pratiquée à l’Ouest. Perméable, le rideau de fer n’a pas pu retenir la vague Beatles, comme en témoigne ce poster hongrois, daté de 1969.© EUROPEAN UNION 2018 – EP

C’est de bonne guerre, dira- t-on, surtout quand il s’agit de traiter un thème aussi tentaculaire. Restless Youth possède toutefois une arme secrète. En se penchant notamment sur la façon dont la jeunesse s’est également transformée en Europe de l’Est, l’exposition dévoile une lecture des événements beaucoup moins connue de ce côté-ci de l’ancien rideau de fer. Pour preuve, ces quelques éléments picorés le long du parcours, et qui racontent une tout autre histoire…

Restless Youth : à la Maison de l’histoire européenne, à Bruxelles, jusqu’au 29 février 2020. www.historia-europa.ep.eu.

Comment repérer les séditieux ? Certains indices étaient scrutés avec beaucoup d'attention. Ainsi, les cheveux longs, censés révéler chez les garçons un caractère contestataire. En Roumanie, au début des années 1970, les comédiens devaient ainsi demander une autorisation spéciale quand un rôle exigeait qu'ils se laissent pousser les tifs...
Comment repérer les séditieux ? Certains indices étaient scrutés avec beaucoup d’attention. Ainsi, les cheveux longs, censés révéler chez les garçons un caractère contestataire. En Roumanie, au début des années 1970, les comédiens devaient ainsi demander une autorisation spéciale quand un rôle exigeait qu’ils se laissent pousser les tifs…© DR

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