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Remplacement des F-16 : un faux suspense

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Le gouvernement choisira le successeur du chasseur F-16 à la mi-2018. Officiellement, il n’est pas encore question d’exclure certaines offres. En réalité, tout est déjà joué.

Le renouvellement des avions de chasse de l’armée belge commencera en 2023. Ainsi en a décidé le gouvernement Michel Ier, sans réel débat politique préalable. L’achat de nouveaux appareils aura pourtant de lourdes conséquences sur le budget de l’Etat. Mais la commande ferme ne sera pas passée avant la mi-2018. Le règlement de la facture incombera donc aux prochains gouvernements, pas à la coalition actuellement en place au fédéral. Objectif affiché dans l’accord conclu: « Permettre à la Belgique de conserver, pour le long terme, une capacité de chasse et de bombardement », mise en évidence lors des interventions belges en Libye, en Afghanistan et aujourd’hui en Irak contre le groupe terroriste Etat islamique.

En principe, nos F-16 doivent être retirés du service après avoir accompli 8 000 heures de vols, donc progressivement entre 2023 et 2028, au terme d’une vie opérationnelle de plus de quarante ans. « Au rythme où les Belges utilisent leurs 54 F-16, c’est un maximum », estime un expert. Si la Belgique veut être rééquipée à partir de 2023, le conseil des ministres doit faire son choix au plus tard dans trois ans et demi, ce qui laisse un délai de livraison de cinq ans à peine.

Officiellement, il n’est pas encore question d’exclure certaines offres. Mais, selon plusieurs sources, les jeux sont faits. L’état-major de l’armée a une nette préférence pour le F-35 et la demande d’informations envoyée par la Défense aurait été taillée sur mesure pour l’avion américain. « Chasseur-bombardier de la 5e génération, le F-35 est considéré comme la  »Rolls » des avions de chasse, assure un spécialiste. Il n’est donc pas surprenant que les pilotes belges le plébiscitent. D’autant que l’appareil choisi est appelé à rester en service dans nos forces pendant trente ou quarante ans. Toutefois, le F-35, toujours en développement, peut réserver encore quelques surprises, alors que ses concurrents ont fait leurs preuves depuis plusieurs années. »

Les déboires techniques et technologiques du F-35 ont défrayé la chronique. Par ailleurs, son prix, non encore maîtrisé, s’annonce pharaonique : 110 à 130 millions d’euro pièce, selon les estimations, soit un budget total, pour 40 exemplaires équipés, plus proche des 6 milliards que des 4 milliards annoncés. L’addition sera donc salée, « même si un plan de paiement permettra d’étaler la dépense, pour mieux faire passer la pilule », relève l’une de nos sources. Le coût d’entretien, pour une petite quarantaine d’appareils, est à la mesure : il atteint les 283 millions par an, d’après les chiffres néerlandais (les Pays-Bas ont commandé 37 F-35, pour un montant de 4,6 milliards d’euros). Une telle dépense risque de contraindre la Défense belge, déjà soumise aux coupes claires, à sabrer plus radicalement encore dans ses effectifs et ses équipements.

Le dossier dans le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

– quelles retombées économiques pour l’industrie belge ?

– la N-VA est devenue très atlantiste

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