Soraya Ghali

Redoublement scolaire : les raisons de se réjouir

Soraya Ghali Journaliste au Vif

A force de taper dessus, le clou a-t-il fini par rentrer ? Le redoublement – dont l’inefficacité est démontrée depuis… vingt-cinq ans – recule en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Pour appuyer cette bonne nouvelle (et c’en est une, une vraie !), rien ne vaut mieux que les chiffres. C’est ce que vient de prouver le ministère de l’Enseignement en publiant, dans Le Soir, les dernières statistiques sur le redoublement. Lisez bien ceci : la baisse est générale ! Tant en primaire qu’en secondaire, les taux de redoublement baissent, particulièrement depuis 2011. La tendance est donc bien engagée, notamment en 1ere primaire et en 3e secondaire, qui restent des « noeuds ». Ainsi en 2011, 6,2% des enfants redoublaient leur 1ere primaire, trois ans plus tard, ils sont 5,7%. En 3e secondaire, qui agit comme une gare de triage, en 2009, ils étaient près de 23 % à redoubler. Là aussi, le chiffre baisse : 20,1%.

Pour autant, oui, notre école reste fragile et cette bonne nouvelle ne doit pas occulter d’autres chiffres, ceux du retard scolaire (soit les redoublements accumulés sur le parcours scolaire). A ce propos, le nombre d’élèves en retard scolaire reste impressionnant : en primaire, 2 élèves sur dix ont pris un an de retard, voire deux. Au final, en six secondaires, deux tiers des élèves ont redoublé au moins une fois : c’est un triste record mondial. Précisons-le ici, la baisse des taux de redoublement observée depuis trois ans, s’imprime plus lentement sur le retard scolaire, puisque celui-ci s’étudie sur des cohortes d’élèves.

Mais il faut se réjouir de cette nouvelle – inédite – et saluer le travail accompli ces dernières années, notamment par le milieu scolaire. C’est un résultat encourageant, prometteur. Pas un accident statistique. Parce que même fut-il dérisoire, le progrès enregistré signale que les mesures prises par les deux dernières législatures produisent des effets (retenons les renforts de personnel au primaire et les expériences pédagogiques en début de primaire). Ces statistiques signalent que nous sommes engagés dans une bonne voie. Ce n’est pas plus. Ce n’est pas moins.

De ceci, il y a trois déductions à faire:

pour faire reculer le redoublement, c’est d’abord la mentalité des enseignants qu’il faut changer. Une tâche qui réclame patience et subtilité. Il faut leur donner les moyens de faire autrement (des outils pour détecter les difficultés des élèves et l’enseignement de techniques de remédiation qu’ils n’ont jusqu’ici pas acquises). Si d’aucuns voient dans cette volonté de limiter le redoublement, une simple manière déguisée de réduire sa charge financière exorbitante (421 millions par an, soit 10 % du budget consacré à l’enseignement), qu’ils sachent que les comparaisons internationales sont sans appel : les pays les mieux classés sont ceux où le redoublement est banni.

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