Joachim Pohlmann © Belga

Qui est Joachim Pohlmann, le porte-parole de la N-VA et probable fossoyeur du gouvernement ?

Muriel Lefevre

Bras droit de Bart De Wever depuis longtemps, le porte-parole de la N-VA a beaucoup fait parler de lui hier. Mais qui est-il ?

Cet ami proche de Theo Francken et Sander Loones est aussi le bras droit de Bart De Wever depuis longtemps. Il est aussi la plume derrière les discours enflammés du leader de la N-VA. Bart De Wever a rencontré ce romancier campinois dans les cafés de Louvain lorsqu’il était étudiant en sciences politiques.

Perspicace et fin stratège, il est surprenant qu’il ait donné son accord pour une telle campagne. L’homme peut néanmoins se montrer cassant. « Je manque d’une sorte de sensibilité sociale. Parfois, je peux blesser des gens sans le vouloir », a-t-il admis récemment. Peut-être, mais il y a une différence entre se montrer parfois piquant et lancer une campagne dont Filip Dewinter (Vlaams Belang) revendique la paternité. Jusqu’à présent, Pohlmann veillait rigoureusement à ne jamais dépasser cette frontière, car le porte-parole de la N-VA a une aversion viscérale pour le Vlaams Belang. Il a qualifié les déclarations racistes du mouvement de jeunesse d’extrême droite Schild en Vrienden, dévoilées par Pano, de « dégoûtantes et trop sinistres ». Dans le débat sur la migration, il insiste également sur la  » nette différence  » entre la N-VA et la VB. Ils sont contre la migration. Nous ne le faisons pas, mais cela doit être organisé et conditionnel.

Penseur maudit

Il se voit comme un penseur maudit du monde occidental et s’élève contre le  » relativisme culturel dominant parmi l’élite intellectuelle, artistique et académique ». Nulle part ailleurs, selon lui, celui-ci ne s’exprime avec autant de force que dans le débat sur la migration. « L’impact culturel et les perturbations sociales qui en résultent sont abstraits. C’est à la classe moyenne d’en subir les conséquences alors que sa résistance est affaiblie par l’afflux de ces nouveaux électeurs qui ne participent pas, mais sont tout de même déterminants. »

Devant ce constat, il n’y a, toujours pour Pohlmann, que l’abandon ou la lutte. Or l’homme ne craint pas la bagarre, dit-il. Sa formation militaire n’y est peut-être pas étrangère dit De Standaard. Cet été, il s’est d’ailleurs engagé comme réserviste, car après les attentats terroristes de Paris et de Bruxelles, il ne voulait plus rester sur le banc. « Depuis l’enfance, c’était mon rêve de devenir soldat. Mais les circonstances en ont décidé autrement, puisque dans les années 90, la menace extérieure n’existait plus, la guerre contre le communisme était gagnée. Mais, ces dernières années, une menace très concrète pèse à nouveau sur l’Europe. Et je veux faire quelque chose, agir pour la sécurité de mes concitoyens. À ce titre, la Réserve était une opportunité. Je ne suis pas un nationaliste flamand romantique. Mon problème avec la Belgique n’a rien à voir avec le peuple belge ou la culture, c’est politique, parce que je trouve que les structures de l’Etat belge sont complexes, inutiles et inefficaces. Entrerdansl’armée, pour moi, c’est un geste apolitique. » », expliquait en juillet le porte-parole des nationalistes flamands dans le journal Le Soir.

Toujours selon lui, la Flandre a besoin d’une révolution mentale qui doit se faire via une guérilla gramscienne, soit mener la bataille des idées pour soustraire les classes populaires à l’idéologie dominante afin de conquérir le pouvoir. « Quiconque veut le pouvoir doit d’abord imposer ses idées », selon le communiste italien Antonio Gramsci. C’est devenu l’obsession de Pohlmann. C’est dans ce cadre que s’inscrit la campagne d’hier.

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