B. Joachim

Question à Monsieur Prévot pour tous les « èwarés » de Wallonie et d’ailleurs

B. Joachim AESS philologie romane, Directeur d’école secondaire

A en croire les propos tenus par Monsieur Prévot au Cercle de Wallonie sur le thème  » De quoi la politique est-elle malade ? « , le problème de Publifin peut se résumer aux excès d’une dizaine d’hommes politiques (liégeois) et cela ne mérite ni l’excès d’indignité exprimé çà et là par les citoyens  » tot èwarés[1]  » par ce qu’ils découvrent, ni la perfidie d’une presse qui sombrerait dans le populisme le plus clair. Face aux « [2] « , il ne peut y avoir que des  » èwarés « …

Le problème, c’est quand les « èwarés » posent des questions, expriment leur stupéfaction et leur désarroi et découvrent que ce ne sont pas une « dizaine de personnes » qui sont concernées, mais tout un système de détournement de finalités du service public au profit d’une caste politique bien installée dans ses pouvoirs et prête à toutes les alliances pour s’y maintenir. Et ce n’est pas neuf : les pratiques douteuses des dessous de table, le clientélisme, le populisme clownesque d’un Daerden érigé au niveau des Beaux-Arts, cela concerne bien plus qu’une dizaine d’individus qui ont été les figures de proue de notre chère Wallonie. C’est du reste l’intelligence du PS d’avoir pu s’allier tous les partis à divers niveaux de pouvoir pour les rendre tous complices des égarements des uns et des autres… Après les parvenus de Charleroi, il fallait bien que Liège ne soit pas en reste…

Le courage en politique existe, et dénoncer les dérives de certains implique que l’on soit mû autrement que par l’attractivité de l’argent

Rappeler aussi à Monsieur Prévot que c’est grâce à une élue MR en rupture avec les compromissions de son propre parti que le CDH a pu se maintenir à la gouvernance de la ville de Namur et être débarrassé du PS, ce PS désavoué à Namur par un électorat déjà fatigué des dérives dans la gestion !PS auquel Monsieur Prévot s’est allié à la région… Cette même élue MR que l’on a sans doute prise pour une èwarée a disparu du champ politique… Tot èwaré aussi était ce conseiller communal CDH qui a dénoncé le scandale Publifin au risque d’éclabousser son propre parti. Le courage en politique, cela existe.

Le problème que pose Mr Prévot est bien celui du rapport à l’argent et de l’attractivité du pouvoir. Il a déclaré en décembre que « la majorité du personnel politique a « un vrai souci du service public et il déplore le harcèlement contre le politique« . Mais il est le premier à déclarer que fixer des jetons de présence à 150 euros, entraînera une gestion èwarée de nos outils économiques. Le citoyen ne s’y retrouve plus, service public avant tout ou priorité au service privé ? Ce souci du service public est au centre, en effet, ainsi que la notion d’homme d’Etat, de personnalité d’envergure… Ceux qui ont des responsabilités et des engagements de service doivent être rémunérés en proportion, cela ne choque personne.

Ce qui choque, c’est de dire que pour trouver ces personnes engagées au service de l’Etat, il faut qu’il y ait un salaire nécessairement très élevé… Ce qui choque, c’est de faire croire que l’on peut cumuler des mandats à l’infini, rémunérés de préférence alors que la rémunération est censée impliquer une exigence de résultats, sans jamais faillir à son travail. Et au vu de l’état de la Wallonie, on peut se poser des questions sur les résultats engrangés. Ce qui choque, c’est la collusion entre service public et service privé : que l’Etat veuille des entreprises publiques performantes, et en équilibre financier, c’est légitime mais que ses dirigeants – tous partis confondus – se servent au passage, c’est « ahurissant » ! Ce qui choque, c’est la déliquescence du service public. Service public avez-vous dit ? Le public ? Il est floué, volé, quand il paie son gaz et son électricité trop cher, plus qu’ailleurs. Service ? Quel service rend-on aux Liégeois quand on s’accapare de journaux ? Pour bien comprendre l’enjeu, c’est comme si Monsieur Prévot envisageait de racheter le Vif pour le faire taire… Et comment demander aux agents des services publics un sens exemplaire du service au public quand les dirigeants gèrent les affaires à leurs profits ? Ce qui choque, c’est la multiplication des sphères de pouvoir – de comités de secteur à la multiplication des institutions essentiellement francophones, tout cela pour satisfaire les appétits de pouvoir de tous. Au besoin, on recrée un Janus moderne pour gouverner la francophonie[3], on multiple les assemblées. Ce qui choque, c’est le mépris pour Arthur de Namur et Gisèle de Marcinelle, ces probables gagne-petit qui sont des électeurs…

Monsieur Prévot n’a-t-il pas vu que ses concitoyens ne peuvent plus supporter tout cela et qu’il ne s’agit pas d’un « ressenti primaire« , mais d’une interrogation profonde, voire une lame de fond, à laquelle le monde politique doit donner une réponse claire : non seulement des sanctions doivent tomber -remboursement des salaires indus, démission d’entreprises publiques, inéligibilité,… mais des modifications institutionnelles doivent être imposées.

Oui, monsieur Prévot, il faut redonner vie à la démocratie et ce n’est pas par l’arrogance et le mépris que le monde politique y arrivera ! Une démocratie plus participative et mieux contrôlée, des niveaux de pouvoirs plus cohérents et moins disparates ! Notre démocratie en a besoin, car les combats à mener pour la défendre sont aussi ailleurs. Et les ennemis de la démocratie sont aux aguets. Vous avez une responsabilité.

[1]Tout ahuris

[2] https://wa.wikipedia.org/wiki/Mot%C3%AE:toursiveus hypocrite, rusé, escroc, filou, sournois, fourbe

[3]Allusion à la recréation d’un poste de ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

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