Marc Van Ranst

« Quatre infos parues en 48 heures impossibles à expliquer au brave contribuable »

Marc Van Ranst Virologue à la KULeuven

Au moment où l’on découvre que 712 Belges sont cités dans les Panama Papers relatifs à des sociétés-écrans installées dans des paradis fiscaux, on apprend que l’année passée les patrons du Bel 20 ont gagné 20% de plus qu’en 2014 alors que le gouvernement appelle à la modération salariale. Pour le virologue Marc Van Ranst, professeur à la KuLeuven, tout cela devient impossible à expliquer au brave contribuable.

1. En 2015, les patrons des entreprises du Bel 20 ont gagné presque 20% de plus qu’en 2014. À l’aide du rapport annuel des entreprises du Bel 20, le quotidien financier De Tijd a calculé que le salaire moyen du CEO d’une société bien cotée en Belgique a augmenté de 20% pour atteindre une moyenne de 2,07 millions d’euros.

Traduction: le pour cent le plus fortuné de Belgique se voit augmenter de 20%.

Le pour cent le plus fortuné préférerait que les 99% restants (qui viennent de subir un saut d’index) gagnent encore moins

2. En réaction aux chiffres d’Eurostat, qui révèlent que les employés belges sont à une exception près, les plus chers d’Europe, le patron d’Unizo Karel Van Eetvelt déclare que le gouvernement doit miser sur la modération salariale et les charges salariales plus basses.

Traduction: le pour cent le plus fortuné préférerait que les 99% restants (qui viennent de subir un saut d’index) gagnent encore moins.

3. Au moins 732 citoyens et habitants de Belgique sont cités dans les Panama Papers: ils ont fondé des sociétés dans onze paradis fiscaux différents par l’intermédiaire du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca.

Traduction: parmi le pour cent le plus fortuné on retrouve plein de « combattants Panama » qui se fichent de nos normes et de valeurs, et installent des constructions compliquées pour s’assurer une évasion fiscale préméditée.

4. Sous pression du VOKA, le ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) va en appel contre la décision de la Commission européenne qui demande que notre pays recouvre 700 millions du régime fiscal de faveur d’exonération des bénéfices excédentaires (excess profit rulings) des multinationales.

Traduction: notre gouvernement ne veut absolument pas percevoir l’argent du pour cent le plus fortuné !

Appliquons ces quatre points au géant de la bière AB InBev:

1) Le CEO d’AB Inbev Carlos Brito caracole en tête des patrons du Bel 20 qui gagnent le plus. En 2015, il a vu son bonus tripler à presque 3 millions d’euros. En tout, sa rémunération s’élève à 4,6 millions d’euros.

2) La famille Spoelberch est l’actionnaire majoritaire d’Ab Inbev, avec une fortune estimée de 14 milliards d’euros. Les Panama Papers – tout comme les LuxLeaks et les SwissLeaks – divulguent les noms de différents membres de la famille Spoelberch.

3) Tout comme Atlas Copco et BP, AB Inbev figure parmi les entreprises belges qui ont le plus profité d’accords belges fiscaux. Ils devraient rembourser 164 millions d’euros, parce qu’ils ont payé 0 euro d’impôts sur 293 millions d’euros de bénéfices.

Voilà qui est impossible à expliquer au brave contribuable.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire