Comme d'autres musées, celui du Doudou a profité d'une hausse de la fréquentation touristique depuis Mons 2015. © Hatim Kaghat

Quatre ans après Mons 2015, quelles retombées pour la ville ?

Le Vif

En devenant Capitale européenne de la culture en 2015, Mons a bénéficié d’un vrai coup de projecteur. Quatre ans plus tard, il reste difficile de quantifier exactement les retombées de l’événement, mais une dynamique s’est installée entre les acteurs culturels de la ville. Elle ne profite pas qu’au secteur de la culture.

Sans être une grande ville, Mons rassemble un nombre relativement important de lieux et d’organismes culturels sur son territoire. On y trouve plusieurs musées, un Théâtre royal, un centre dédié aux arts vivants (le Mars – Mons arts de la scène), l’Orchestre royal de chambre de Wallonie, des groupes de chorales, des troupes de théâtre amateur… Ce paysage n’a fait que se développer et s’étoffer en perspective d’une apothéose en 2015, l’année de Mons capitale européenne de la culture. Ces douze mois ont été remplis par plus de 300 projets artistiques, des milliers d’initiatives et la venue de plus de deux millions de visiteurs. Et depuis ?

Certains n’ont pas manqué de remettre en cause l’ampleur des retombées économiques de Mons 2015, en les mettant en balance avec les importants investissements publics nécessaires pour l’événement. Beaucoup ont surtout déploré le calme qui a suivi cette année très dense en animations, ce que les grands acteurs culturels de la ville reconnaissent… mais nuancent.  » Mons 2015 a créé une attente et un certain appétit culturel auprès du public, notamment parce qu’il y avait toujours quelque chose à voir ou à faire, observe Caroline Kadziola, secrétaire générale de la Fondation Mons 2025, chargée de coordonner l’héritage de Mons 2015. En 2016, la programmation s’est poursuivie mais à un rythme évidemment moins soutenu, ce qui a donné cet aspect de creux.  »

Pour autant, il n’a jamais été question que Mons 2015 reste un événement sans suite. Bien avant que l’année prenne fin, des pistes ont été imaginées afin que le projet culturel de la Ville devienne pérenne et serve de levier au redéploiement socio-économique de Mons – comme le veut d’ailleurs le cahier des charges des villes européennes de la culture.  » Après 2015, notre Fondation s’est reconstruite et a été chargée de coordonner la suite avec les autres acteurs comme le Pôle muséal de la ville et Mons arts de la scène (Mars), souligne Caroline Kadziola. Le dynamisme culturel n’a jamais cessé ; il a juste fallu accorder un peu de repos aux équipes, prendre du recul et du temps pour reconstruire les projets.  »

Par son aspect rassembleur, la Biennale s'est inscrite comme l'héritage de Mons 2015.
Par son aspect rassembleur, la Biennale s’est inscrite comme l’héritage de Mons 2015.© Mara De Sario

Plus forts après Mons 2015

Certaines initiatives ont ainsi survécu à Mons 2015, par exemple les nouveaux musées créés, le Grand Huit (plusieurs semaines de festivités diverses sur huit territoires du Grand Mons) ou encore le Jardin suspendu et ses animations dans le centre-ville. D’autres événements ont aussi émergé, comme la Biennale qui s’est étendue de septembre 2018 à fin juin 2019 et s’inscrit un peu comme l’héritage de Mons 2015 par sa densité, son aspect rassembleur et son ampleur.

Mené conjointement par le Pôle muséal de la ville, Mars et la Fondation Mons 2025, l’événement incluait notamment une exposition Niki de Saint Phalle, un festival Food Truck, un spectacle Theater Tol sur la Grand-Place… La Biennale a surtout démontré la volonté et la capacité des différents acteurs culturels de la ville de travailler ensemble.  » Chacun continue à exister de manière indépendante mais nous nous rassemblons à l’occasion de temps forts comme la biennale, précise Caroline Kadziola. Mons 2015 nous a appris qu’il y avait des bénéfices à collaborer, entre autres en mutualisant la communication, les moyens humains et les budgets. Ça nous a rendus plus forts.  »

Le statut de capitale européenne de la culture a ainsi apporté à Mons des retombées parfois difficiles à quantifier (surtout au niveau économique) mais qui restent pour certaines observables. Caroline Kadziola remarque par exemple que  » de plus en plus de structures amateures ou semi-professionnelles s’émancipent sur le territoire de Mons ; 2015 a aussi redonné de la fierté aux locaux en valorisant leur patrimoine et leurs talents.  »

L’effet Mons 2015 se ressent également au sein de structures gérées par la Ville :  » Autrefois, le Pôle muséal rassemblait 35 collaborateurs, alors qu’ils sont aujourd’hui 84 – notamment parce que cinq nouveaux musées ont été créés pour Mons 2015, illustre Catherine Houdart (PS), échevine de la culture. L’événement a véritablement servi de levier, puisqu’en 2010 on comptait 20 000 visiteurs par an sur l’ensemble du Pôle muséal, alors qu’en 2018 les onze sites ont été fréquentés par plus de 165 000 personnes.  »

Une culture qui se veut accessible

En parallèle, Mons a aussi enregistré une année record au niveau du tourisme en 2018 avec une augmentation de 3 % du nombre de nuitées – soit un nombre total de 194 454 nuitées. Le tourisme d’affaire représente pas moins de 75 % de ce chiffre (du moins hors des périodes de vacances scolaires), alors que le loisir pur compte pour 10 % et le tourisme événementiel pour environ 15 %.

Pour attirer davantage de touristes, la Ville et la plupart des acteurs culturels misent sur quelques événements de plus grande envergure, dont la Biennale.  » Nous avons planifié une exposition de prestige chaque année jusqu’en 2024, ajoute Catherine Houdart. Il faut des grands noms pour faire venir des visiteurs extérieurs, mais à côté de cela nous souhaitons aussi valoriser nos artistes locaux comme nous le faisons par exemple via l’espace d’exposition du Magasin de papier.  »

D’autres projets sont aussi envisagés, comme la mise en place d’un petit festival mettant à l’honneur les chorales locales, ou encore le déplacement d’événements dans d’autres territoires montois. La politique de la Ville n’est en effet pas seulement de faire de la culture une vitrine pour Mons, mais aussi de la déplacer vers le public et de la rendre accessible à un grand nombre.  » C’est pour ça que je tiens beaucoup au Dynamusée, un service éducatif qui travaille en collaboration avec les écoles pour proposer des visites et ateliers adaptés, explique Catherine Houdart. C’est une porte d’entrée très importante vers la culture, tout comme les différents activités qui permettent à la culture d’aller à la rencontre du public. Nous pouvons compter sur beaucoup de personnes compétentes et de bonne volonté à Mons, c’est pourquoi la Ville essaie de les mettre en relation pour faire émerger des collaborations. « 

Par Marie-Eve Rebts.

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