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Quand l’inflation retombera-t-elle à 2 %?

En janvier 2022, le taux d’inflation était de 8,5 % par rapport à l’année précédente. Mais, a souligné Pierre Wunsch lors de la présentation du rapport annuel de la Banque Nationale, c’est dû principalement à la forte hausse des prix de l’énergie.

Ces dernières semaines et ces derniers mois, on a parfois parlé d’hystérie inflationniste : les gens jettent de hauts cris pour dénoncer la hausse du coût de la vie. La Banque Nationale garde la tête froide, même si le gouverneur Pierre Wunsch estime nécessaire de mettre en garde contre un dangereux cocktail d’inflation : « L’inflation en Belgique est plus élevée que dans nos pays voisins. En même temps, nous sommes l’un des rares pays à connaître une indexation automatique des salaires. Les salaires en Belgique augmentent donc rapidement en fonction de l’inflation. La combinaison de notre taux d’inflation plus élevé et de l’adaptation plus rapide des salaires pose problème. Nous risquons de perdre notre compétitivité. »

Les chiffres restent impressionnants : en janvier 2022, l’inflation a atteint 8,5 % par rapport à l’année précédente. Mais, comme l’a souligné Wunsch lors de la présentation du rapport annuel de la Banque Nationale, c’est principalement dû à la forte augmentation des prix de l’énergie. En moyenne, ils ont augmenté de 22 % l’année dernière, soit deux fois plus que la moyenne en Allemagne, aux Pays-Bas et en France. C’est dû en partie à nos taxes et au fait que nous avons des contrats plus variables, de sorte qu’une augmentation des prix peut être répercutée plus rapidement. Mais nous devons également examiner l’inflation sans ces prix de l’énergie, ce qu’on appelle l’inflation de base. Et c’est une autre histoire, car elle s’élève à 1,2% en Belgique et à 1,9% dans nos pays voisins.

Le taux d’inflation total pour notre pays est de 3,2 %, et pour nos pays voisins, il est de 2,8 %. Selon la quasi-totalité des économistes, un taux d’inflation de 2 % est idéal, car il garantit une croissance saine. Si l’inflation est beaucoup plus élevée, l’économie est en surchauffe. Si l’inflation est beaucoup plus faible, l’économie risque de stagner. La question clé est maintenant : l’inflation retombera-t-elle au niveau idéal de 2 % ?

A la Banque Nationale, on part du principe que les prix de l’énergie resteront élevés pendant un certain temps, mais qu’ils n’augmenteront plus (fortement). Par conséquent, ils ne feront pas augmenter l’inflation comme ils l’ont fait l’année dernière. L’essentiel est donc de stabiliser l’inflation sous-jacente à environ 2 %, « et alors tout ira bien », affirme Wunsch. L’inflation de base peut rester autour de 2 % s’il n’y a pas de spirale salaires-prix : des prix plus élevés, avec notre indexation automatique des salaires, créent rapidement des coûts salariaux plus élevés, que les employeurs répercutent sur leurs prix, qui à leur tour créent des coûts salariaux plus élevés et ainsi de suite. L’inflation sous-jacente augmenterait alors rapidement. Si nous pouvons éviter cela, la Banque Nationale estime que l’inflation se situera autour de l’objectif de 2 % à la fin de l’année prochaine.

Mais nous perdons en compétitivité, car, suite à l’indexation automatique, les salaires horaires augmenteront de 4,2 % cette année chez nous et de seulement 1,8 % dans nos pays voisins. L’année prochaine, ils augmenteraient au même rythme de 2,8 % et en 2024 de 3,4 % dans les pays voisins et de 1,9 % dans le nôtre. En d’autres termes, il faudra plus de deux ans pour que nos pays voisins rattrapent l’augmentation des salaires en Belgique.

Les chiffres du rapport annuel de la Banque Nationale révèlent que notre économie a bien digéré la crise du coronavirus. Wunsch appelle les gouvernements à réduire les mesures financières d’urgence. Cet argent sera bien nécessaire, comme l’exige l’Europe, pour assainir nos finances publiques. Ces dernières n’étaient déjà pas bonnes avant la crise du coronavirus et se sont encore enfoncées davantage ces deux dernières années. La Banque Nationale souligne la « dynamique inquiétante » de l’endettement « dans certaines régions ». Pour être clair, cela concerne principalement les régions de Bruxelles et de Wallonie.

Pour assainir les finances de l’État, nos politiciens devront faire des choix difficiles. Ils ne pourront plus emprunter de l’argent gratuitement et devront trouver une solution crédible au mécontentement des « gilets jaunes », des personnes qui protestent parce qu’elles ne peuvent plus payer leurs factures. Quoi qu’il en soit, pendant longtemps, les hommes politiques ont prétendu que les finances publiques n’étaient pas importantes, mais rien ne semble plus éloigné de la vérité.

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