Les avocats Jean-Philippe Mayence, et Tom Bauwens, encadrant Bernard Wesphael © Belga Image

Procès Wesphael : Le récit minute par minute du 31 octobre, plein de rebondissements

Après une interruption mardi en milieu d’après-midi, les enquêteurs sont revenus dans la salle d’audience pour détailler à l’aide d’une ligne du temps schématique le déroulement des événements le jour des faits, depuis le petit-déjeuner jusqu’à l’arrivée des secours. L’exposé a donné suite à plusieurs questions des parties.

D’après les images des caméras de l’hôtel et le système d’enregistrement des badges des clients, le couple est remonté dans la chambre 602 à 11h07 le matin du 31 octobre 2013.

Selon l’accusé, ils ont alors une relation sexuelle, après qu’elle lui avait dit qu’elle voulait un enfant de lui. Ils sont ensuite restés au lit jusqu’en début d’après-midi.

Le président de la cour d’assises a interpellé mardi Bernard Wesphael au sujet de nombreux échanges téléphoniques répertoriés durant cette « période romantique », notamment un appel de l’accusé à un notaire ou un message à une agence immobilière.

L’ex-parlementaire a répondu en disant que le couple avait aussi bu du vin rouge dans la chambre pour fêter les retrouvailles, et que ces échanges téléphoniques ont eu lieu à ce moment-là. « Je me souviens que nous avons utilisé notre GSM. » Les enquêteurs sont encore revenus sur les différents SMS ou appels notés entre la victime et son amant ce jour-là, que l’accusé indique ne pas avoir remarqués, ainsi que sur le message vocal laissé par Bernard Wesphael à Oswald D. à 17h47, qui avait déjà été évoqué lundi. « J’ai voulu dire à cet homme qu’il était lâche, avec l’intention d’aller à la police moi-même pour porter plainte contre lui pour harcèlement après être rentré de la mer ».

Me Moureau, avocat des parties civiles, s’est aussi demandé comment il se faisait que Véronique Pirotton adoptait une démarche chancelante avant d’entrer dans le snack pitta d’Ostende à 17h08, alors que, selon les dires de l’accusé, elle n’avait bu qu’un cava, deux verres de vin rouge et un verre de vin blanc en apéritif dans un café. « Sauf erreur de ma part, personne dans ce café n’a pu identifier Véronique Pirotton et Bernard Wesphael », a demandé l’avocat général aux enquêteurs, qui confirment. « Il n’est donc pas exclu qu’ils soient allés ailleurs? « , poursuit le ministère public. « C’est exact », confirme un policier.

L’avocat général s’est aussi interrogé sur un appel émis vers la boîte vocale de M. Wesphael le 31 octobre à 21h28, heure à laquelle il faisait une sieste après une crise de son épouse. Me Moureau s’est ensuite attardé sur une griffe constatée par le réceptionniste au poignet de Bernard Wesphael à 23h00, juste après que l’accusé était venu prévenir d’une tentative de suicide de son épouse. « Ca saigne toujours, alors que selon ses dires elle remonte à 21h00. A-t-on investigué là-dessus? « , a-t-il demandé aux enquêteurs. « Non, nous n’avons pas examiné cela. »

La défense a enchaîné avec plusieurs questions à l’équipe d’enquête, entre autres pourquoi l’arrivée des pompiers n’était pas renseignée sur la ligne du temps. « On a deux pompiers, dont l’un qui explique qu’il a peut-être cassé une côte à la victime. Vous filtrez les informations à mettre sur votre ligne du temps? « , questionne Me Mayence. Les policiers précisent que cette information se trouve bien dans le dossier.

Le président a par ailleurs demandé aux enquêteurs s’il avait été demandé à Oswald D. pendant l’instruction s’il avait effacé une partie de la conversation enregistrée entre Véronique Pirotton et lui le 30 octobre, ou s’il avait démarré l’enregistrement au milieu de celle-ci. « Nous ne lui avons pas demandé de manière explicite », déclarent-ils.

Me Mayence a profité de la présence de l’équipe d’enquête pour poser une autre question à la juge d’instruction. « Le docteur Cordonnier nous a expliqué qu’il n’avait pas étudié dans son analyse l’effet des médicaments avec l’alcool mais bien chaque point séparément, sans faire de potentialisation, car le juge d’instruction lui a demandé de ne pas le faire, c’est exact?  » « Il n’y a que le médecin qui peut déterminer la cause de la mort, ce n’est pas au pharmacien de déterminer cela », explique-t-elle. « Tout ce qu’on dit on doit le vérifier à la seconde! « , s’est exaspéré Me Mayence.

Enfin, alors que l’audition du juge d’instruction et des policiers chargés de l’enquête sur la mort de Véronique Pirotton se terminait mardi soir, l’accusé Bernard Wesphael en a profité pour envoyer un message au juge d’instruction en lui rappelant qu’il lui avait envoyé une longue lettre et qu’il lui avait demandé de faire une analyse sur le mélange alcool-médicaments. Selon l’accusé, le magistrat instructeur ne lui a jamais répondu.

« J’ai envoyé une longue lettre à Mme le juge d’instruction pour être entendu sur le contexte et le fond de l’affaire, c’était une demande argumentée et structurée mais je n’ai jamais eu de réponse. Après mon audition qui a abouti sur le mandat d’arrêt, je l’ai vue une seule fois devant la chambre du conseil et je lui ai demandé, les yeux dans les yeux, pourquoi elle n’avait pas exigé des analyses sur le mélange alcool-médicaments. Elle s’est levée et elle est sortie sans me répondre », a commenté l’accusé.

Plus tôt, le magistrat instructeur avait indiqué à la cour qu’elle avait demandé au toxicologue d’analyser tous les produits découverts dans la chambre 602 de l’hôtel Mondo et de transmettre ses constatations au médecin légiste, le seul qui est habilité à déterminer la cause de la mort. Le médecin légiste avait conclu à une mort violente avec intervention d’un tiers. Or, plus tard, des conseillers techniques mandatés par la défense (deux médecins légistes et un professeur en toxicologie) avaient conclu que Véronique Pirotton avait été victime d’une intoxication alcoolo-médicamenteuse.

L’audience s’est terminée mardi peu avant 20h et les enquêteurs, qui ont présenté leurs travaux durant cinq jours, ont pu être libérés de leurs obligations. L’audience reprendra mercredi à 9h avec l’audition du personnel de l’hôtel Mondo. La cour entendra ensuite les témoins de moralité de Véronique Pirotton et notamment son ancien amant Oswald D., qui sera auditionné durant l’après-midi, après 14h. « Son audition risque de durer plus de dix minutes », a ironisé le président de la cour, Philippe Morandini. Me Mayence, avocat de la défense, a demandé la diffusion de l’audition vidéo filmée du fils de Véronique Pirotton qui a refusé de témoigner en personne. L’avocat des parties civiles, Me Philippe Moureau, ne s’y est pas opposé à condition de pouvoir voir cette audition avant la diffusion, en compagnie du papa du mineur. Le président de la cour d’assises a annoncé qu’il avait enfin trouvé du matériel de diffusion.

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