François Brabant

Préaccords ou pas, l’électeur reste souverain

François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Dimanche, le citoyen sera maître du jeu. Libre à lui de chambouler tous les scénarios pré-écrits.

Pronostics. Préaccords. Prévisions. Pressions. En coulisses, les téléphones chauffent, la température monte à mesure que se rapproche l’échéance du 14 octobre. Au-delà de l’enjeu local, le résultat des élections communales et provinciales pourrait influencer de façon décisive la trajectoire politique du pays tout entier. En Flandre, c’est le score de la N-VA qui mobilise, une fois encore, toutes les attentions. En Wallonie et à Bruxelles, les inconnues sont multiples. Quelles seront les conséquences du divorce entre MR et FDF ? Benoît Lutgen réussira-t-il son premier test électoral, un an après avoir succédé à Joëlle Milquet à la tête du CDH ? Les socialistes feront-ils les frais de la crise économique et de leur participation à un gouvernement de rigueur-austérité (biffez la mention inutile) ? Ecolo conquerra-t-il un troisième, voire un quatrième maïorat, l’ambition affichée par ses co-présidents ?

En Belgique, le moment électoral est à la fois un droit et un devoir. L’obligation de participer à la vie de la cité, de s’impliquer dans son devenir s’impose – en théorie – à tous les citoyens. Elle s’accompagne d’un droit inaliénable, celui de douter jusqu’au dernier moment, celui de changer d’avis dans l’isoloir, celui de chambouler tous les scénarios pré-écrits et de rendre caducs tous les préaccords.

Il faut rappeler, et rappeler encore, que le jour des élections correspond à cet instant rare, exceptionnel même, où le citoyen est maître du jeu.

Depuis une semaine, les accords préélectoraux sont au centre des débats. On évoque un rapprochement entre PS et MR à Ixelles, à Schaerbeek, à La Louvière, à Liège, à Charleroi, ailleurs encore. On dit Ecolo ligoté au FDF à Schaerbeek, scotché au CDH à Namur, amarré au PS à Ottignies-Louvain-la-Neuve. On pressent que les centristes et les socialistes ont déjà « topé » en maints endroits de la province du Luxembourg, patrie de Benoît Lutgen. Et on a envie de dire : et alors ?

Les plénipotentiaires rouges, bleus, oranges, verts et amarantes ont beau palabrer à l’infini en coulisses, 100 % de leurs deals devront passer sous les fourches caudines du suffrage universel, juge suprême. Tous les préaccords du monde ont ceci en commun : ils valent peanuts si l’électeur décide de ne pas voter pour les partis qui se sont entendus sans attendre le jour J. La règle vaut partout, à Bruxelles comme en Wallonie, dans les cités ouvrières du Borinage comme dans les quartiers cossus du Brabant wallon : sans majorité au conseil communal, n’importe quel pacte préélectoral se réduit à un petit tas de poussière. Pas de voix, pas de chocolat.

Que l’électeur vote donc en son âme et conscience, pour le candidat ou la liste qui lui semble à même de rendre sa commune plus belle, plus conviviale, plus sûre, plus juste, plus fraternelle, plus prospère. Foin de considérations stratégiques. Dimanche, à l’heure du choix, le citoyen ne devrait se fier qu’à une seule boussole : ses convictions. La stratégie, laissons-la aux états-majors des partis. C’est à ça qu’ils servent.

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